Les manifestants libyens font la chasse aux mercenaires africains
Plusieurs de nos Observateurs libyens rapportent que des mercenaires d’Afrique subsaharienne ont été appelés en renfort par le régime de Mouammar Kadhafi pour mater les manifestants. Des vidéos circulant sur Internet montrent que plusieurs de ces mercenaires supposés ont été capturés et lynchés par la foule.
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Un présumé mercenaire africain lynché par une foule en furie. Image extraite de la vidéo postée sur YouTube.
Plusieurs de nos Observateurs libyens rapportent que des mercenaires d’Afrique subsaharienne ont été appelés en renfort par le régime de Mouammar Kadhafi pour mater les manifestants. Des vidéos circulant sur Internet montrent que plusieurs de ces mercenaires supposés ont été capturés et lynchés par la foule.
"L’envoi de mercenaires africains est une erreur stratégique de Kadhafi, car cela a poussé de nombreux policiers et soldats à retourner leurs armes contre le régime"
Omar est un opposant libyen exilé à Londres. Il coordonne le mouvement Libyan Youth Movement, composé de jeunes vivant en Libye et à l'étranger, qui organise la contestation grâce aux réseaux sociaux.
Les manifestants ont filmé ces vidéos, non par sadisme, mais pour montrer au monde entier que Mouammar Kadhafi a recruté des mercenaires africains pour s’assurer que la répression soit radicale. Il y a une rumeur selon laquelle ils seraient payés 9 000 euros par Libyen tué [Certains sites libyens parlent de 30 000 dollars (22 000 euros) pour la mission, d’autres de 500 dollars par jour (370 euros). Ces rumeurs ne sont pas vérifiées]. Ce qui est sûr, c’est qu’ils ne parlent pas l'arabe dialectal local. Ils parlent souvent anglais ou français.
ATTENTION, CES IMAGES SONT CHOQUANTES.
Deux cadavres de supposés mercenaires africains sur le capot d’une voiture, à Al-Baïda. Vidéo postée sur YouTube le 20 février.
Dans l’est du pays, ces mercenaires ont été chassés des villes par les manifestants avec le soutien de la police. Kadhafi a fait une erreur stratégique en les envoyant dans cette région. À Al-Baïda, à Derna ou à Benghazi, les policiers locaux ont des membres de leurs familles qui participent aux manifestations. Même au sein de l’armée, cela aurait causé de nombreuses désertions de soldats, notamment à Benghazi et à Syrte [La Fédération internationale des droits de l’Homme a confirmé lundi à l’AFP que plusieurs villes sont "tombées" aux mains des manifestants].
Aujourd’hui, bien qu’indépendantes et contrôlées par la population, ces trois villes sont encerclées par les mercenaires. L'une de mes sources à Benghazi m’a dit que certains ont été capturés par les manifestants. C’est comme ça qu’on sait qu’ils viennent du Tchad ou de Mauritanie, qu’ils portent un uniforme militaire et, parfois, un casque jaune. Ils sont habillés comme les soldats de Kadhafi, mais ils sont noirs."
Un Africain présenté comme un mercenaire pris à partie par les manifestants, dans l’est de la Libye. Vidéo postée sur YouTube le 21 février.
Sur la vidéo, on entend l’homme encerclé par la foule répondre en arabe à des questions.
Un manifestant : "Qui donne les ordres ?"
- L’homme : "Des gradés. Je jure, je jure… des ordres, ordres."
- Un manifestant : "Ils vous ont dit de tirer à balles réelles ?"
- L’homme : "Oui, oui."
La foule commence à le battre. On entend de nombreuses personnes dire : "Non, ne faites pas ça… Faisons le parler. Nous ne pouvons pas faire comme eux."
Billet rédigé en collaboration avec Peggy Bruguière, journaliste à France 24.