Vidéo : un militant pro-Ouattara tué pendant une perquisition des forces de sécurité

Image extraite d'une vidéo postée sur YouTube par Lebanconet. 

Une perquisition des forces de police au siège abidjanais du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), la formation de l’ex-président Henri Konan Bédié, qui soutient Alassane Ouattara, a tourné au drame, mardi matin. Un militant a été tué et des dizaines d’autres ont été blessés.

Un communiqué du ministère de l’Intérieur de Laurent Gbagbo, lu à la Radio-télévision ivoirienne (RTI), rapporte qu’un "militant est décédé des suites de ses blessures" alors que, armé d’un couteau, il aurait tenté d’agresser des policiers. Mardi matin, vers 5 heures 30 (heure locale), la maison du PDCI-RDA, le parti d’Henri Konan Bédié rallié à la coalition du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP) qui soutient Alassane Ouattara, a fait l’objet d’une descente des Forces de défense et de sécurité (FDS), majoritairement pro-Gbagbo. Selon le site de la RTI, cette opération visait à "déloger des bandits retranchés au siège du PDCI".

Après le premier tour de l’élection présidentielle ivoirienne, le siège du PDCI est devenu le quartier général de campagne d’Alassane Ouattara. Depuis la mi-novembre, plusieurs jeunes militants de la coalition RHDP ont élu domicile dans cette maison. Elle est située à Cocody, une commune d’Abidjan qui abrite le siège de la RTI ainsi que l’hôtel du Golf, où s’est retranché le gouvernement Ouattara. Selon les médias ivoiriens, les policiers avaient reçu l’ordre du ministère de l’Intérieur d’investir cette maison parce que les habitants y cachaient des armes lourdes. Selon le site de la RTI, les policiers évoquent des "kalachnikov et autres armes d’assaut avec des munitions". Pourtant dans son communiqué, le ministère affirme que seuls "des machettes, des couteaux et des poignards" ont été saisis.

Attention, le contenu de ces images peut choquer

Un militant d’une trentaine d’années a été tué. Cette vidéo postée sur YouTube montre un corps sans vie malmené par des policiers, qui cherchent à l’approcher du coffre d’un 4x4 noir. Des photos circulent sur la Toile ivoirienne. Nous n’avons pas pu établir qui étaient les auteurs de ces images. Selon plusieurs sources, la vidéo et les photos ont été prises par des policiers présents sur les lieux, à l’aide de leur téléphone portable. Plusieurs dizaines de militants (entre 30 et 70, selon nos sources) ont été interpellés. Ils devaient être déferrés au Parquet aujourd’hui, d'après le général Gaston Ouassénan Koné, responsable de la sécurité au RHDP.

Billet rédigé en collaboration avec Peggy Bruguière, journaliste à France24. 

"La maison était retournée. Par terre, il y avait du sang et une grenade qui n’a pas explosé"

IsmaCIV est un militant actif du RHDP. Il s’est rendu dans la maison mardi matin et a pu constater les faits.

La veille au soir, vers 22 heures, un ami à moi qui est policier m’a appelé. Il m’a prévenu que la zone devenait dangereuse, et que les forces de sécurité avaient reçu l’ordre d’intervenir.

 

Un véhicule de police devant le siège du PDCI-RDA. Photo prise par un Observateur, mardi matin. 

Vers 5 heures mardi matin, des jeunes de la maison m’ont appelé pour me dire que des véhicules de police et des voitures blindées encerclaient le périmètre. Je suis arrivé sur place un peu avant 6 heures. De l’extérieur, j’entendais des coups de feu et j’ai vu des convois partir avec des jeunes militants RHDP.

Le général Gaston Ouassénan Koné est arrivé tôt dans la matinée pour constater l’ampleur des dégâts. C’est grâce à lui que j’ai pu entrer dans la maison aussi. À l’intérieur, tout était retourné. Chaque pièce avait été fouillée, les bureaux cassés et plusieurs policiers étaient encore dans la maison. Je n’ai pas vu le corps de Karim, qui a été tué dans la cour. Un convoi avait emmené sa dépouille avant que je n’arrive. Beaucoup de nos camarades ont été blessés par balles, il y avait du sang par terre. Il y avait aussi une grenade qui n’a pas explosé.

Une grenade dans la cour, au siège du RHDP. Photo publiée par Abidjan.net. 

"J’ai compris qu’on était surveillés de très près"

La maison est située dans le quartier étudiant de Cocody, non loin de la cité universitaire Mermoz et de la cité Rouge. Après le premier tour de l’élection, les tensions entre étudiants devenaient trop fortes et les jeunes RHDP ont décidé de se réfugier ensemble, au siège. Moi-même j’y passe la plupart de mon temps. Quand mon ami policier m’a appelé lundi soir, j’ai compris qu’on était surveillés de très près."