ROYAUME-UNI

"Je suis dans la queue de deux kilomètres pour prendre l’Eurostar"

 La neige a imposé une limitation de vitesse sur les réseaux ferrés français et britanniques et contraint la compagnie Eurostar à ralentir au maximum le trafic à la veille des vacances de Noël. Une gigantesque queue s’est formée dans le quartier de la gare Saint-Pancras.

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Sapin de Noël au bout de l'interminable file d'attente de la gare Saint-Pancras. Photo publiée sur le fil Twitter de @jbnew.

 

La neige a imposé une limitation de vitesse sur les réseaux ferrés français et britanniques et contraint la compagnie Eurostar à ralentir au maximum le trafic à la veille des vacances de Noël. Une gigantesque queue s’est formée dans le quartier de la gare Saint-Pancras.

 

La file d’attente aurait atteint deux kilomètres et compté près de 9000 personnes, selon les plus hautes estimations. Les passagers cherchant à prendre le train pour Paris ou Bruxelles par le tunnel sous la Manche n’y parviennent qu’au compte-goutte. Les conditions climatiques, et le principe de précaution, ont conduit Eurostar à demander à tous les passagers qui souhaitaient voyager entre aujourd’hui et le jour de Noël (25 décembre inclus) de reporter leur voyage. La Commission européenne a jugé "inacceptable" le chaos dans lequel se sont retrouvés les aéroports européens, la gare du Nord en France ainsi que la gare Saint-Pancras à Londres ces derniers jours.

Pour suivre la pagaille de l'Eurostar sur Twitter

 

Billet écrit en collaboration avec Paul Larrouturou, journaliste.

Vidéo amateur de la file d'attente

 

Kenny Doughty est acteur à Londres. Il avait rendez-vous à Paris pour la préparation du film "Incident at Sans Asylum" d'Alexandre Courtes. Il a du reporter son voyage après les fêtes. Les images qu’il a filmées en remontant la file d’attente ont fait le tour de la Toile.

"C’était très ennuyeux, très long et très monotone"

Thomas Hermine, un étudiant belge, devait prendre l’Eurostar pour Bruxelles hier soir.

 

Je suis arrivé à la gare à 6h30 ce matin. Il est 14h30 et j’attends toujours. Un employé d’Eurostar m’a dit que, selon lui, la queue avait compté jusqu'à 9000 personnes hier après-midi. Ce qui m’a surpris, c’est que l’ambiance est restée très calme. En Belgique ou en France, les gens auraient hurlé. Ici, on s’est relayé pour surveiller les valises de ceux qui allaient aux toilettes. C’était très ennuyeux, très long et très monotone, mais personne n’a crié ! ça doit être le légendaire flegme britannique. J’espère juste que mes parents seront vite remboursés de la nuit d’hôtel supplémentaire qu’ils m’ont payé.

 

 

 

Photo publiée sur le profil Twitter de notre Observateur avec la mention "ON EST DANS LE TERMINAL. Mais c'est loin d'être fini."

 

 

 

 

Photo publiée avec la légende "On a un train dans 30mn! Et en 1ère classe :D" Fausse joie : deux heures plus tard, notre Observateur n'est toujours pas parti. 

"C’était le système de 'premiers arrivés, premiers servis'"

Manon Bruguière, 25 ans devait rentrer à Paris lundi après-midi.

 

Je n’étais pas inquiète, bien qu'arrivée à Londres avec un peu de retard vendredi. Toute la ville était hyper enneigée, c’était beau. Lundi, j’ai reçu un SMS d’Eurostar disant que la compagnie rencontrait des problèmes sur les rails dans le nord de la France et qu’il était fortement conseillé d’arriver à la gare une heure à l’avance.

 

Je devais repartir à 14h15. Nous sommes arrivés quasiment deux heures avant le départ du train. Une queue interminable nous attendait. Nous avons parlé à des gens qui étaient là depuis 9h du matin et qui venaient à peine de rentrer dans le hall de la gare, c’est-à-dire qu’ils en avaient encore pour quatre heures de queue : huit heures d’attente dans un froid glacial ! Un employé de la gare nous a dit que ce n’était même pas la peine de penser à commencer à faire la queue et nous a conseillé de revenir tôt le lendemain matin.

 

La gare ouvrant à 4h30, nous pensions arriver les premiers à 3h30. Nous avons pourtant fait deux heures de queue même si cela avançait vite. Derrière nous, la file s’est allongée comme la veille. C’était le système de 'premiers arrivés, premiers servis'. Toutes les réservations ont sauté. Les gens montaient dans les trains selon leur position dans la file d’attente. J’ai réussi à monter dans le train de 6h53 et suis arrivée à Paris avec une bonne heure et demie de retard, à 12h30.

 

Je tiens quand même à dire que, certes, la queue était incroyable. Mais ils ont fait un effort financier pour réparer les dégâts. Les nuits d’hôtel étaient remboursées jusqu’à 150 euros. Ils se sont même engagés à nous rembourser le taxi et le restaurant. Et je suis arrivée à Paris beaucoup plus tard que prévu mais après avoir voyagé en première classe."

"S’il n’y a aucune amélioration demain, je prendrai le bateau à Douvres"

Mario Subires est en vacances à Londres avec sa femme et son fils de 10 ans. Partis dimanche, ils ne savent pas s’ils vont pouvoir rentrer mercredi.

 

S’ils m’avaient dit qu’ils ne pouvaient pas assurer le retour, je ne serai pas parti. Je trouve un peu cavalier de ne pas nous avoir prévenus. Avec nos technologies modernes, on peut désormais annoncer la météo suffisamment à l’avance. Maintenant, ils ont annoncé des conditions compliquées toute la semaine et j’ai peur de ne pas arriver à temps pour le réveillon.

 

S’il n’y a aucune amélioration demain, je vais louer une voiture et nous irons jusqu’à Douvres pour prendre le bateau. Mais là encore, seul 75 % des bateaux circulent car, après une tempête l’année dernière, ils appliquent le principe de précaution et sont extrêmement vigilants avec les bateaux.