Les étudiants se révoltent : "S’ils saccagent nos services publics, ils auront affaire à nous !"
Une manifestation étudiante a brièvement dégénéré hier, à Londres, lorsque des manifestants sont entrés par effraction dans le QG du Parti conservateur, brisant des vitres, saccageant le hall d’entrée et montant sur le toit de l’immeuble. Notre Observateur était parmi eux.
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Photo postée sur Flickr par Semisara.
Une manifestation étudiante a brièvement dégénéré hier, à Londres, lorsque des manifestants sont entrés par effraction dans le QG du Parti conservateur, brisant des vitres, saccageant le hall d’entrée et montant sur le toit de l’immeuble. Notre Observateur était parmi eux.
Quelque 52 000 étudiants ont manifesté dans le centre de Londres contre le projet du nouveau gouvernement de relever la limite maximale des frais d’inscription universitaires à 9 000 livres, contre 3 290 livres (3 777 euros) actuellement. Les slogans des manifestants visaient directement David Cameron, le Premier ministre conservateur, mais surtout Nick Clegg, son allié libéral-démocrate qui, durant la campagne électorale, s’était engagé à ne pas augmenter les frais de scolarité.
Lorsque le cortège est passé devant l’immeuble Millbank Tower qui abrite le siège du Parti conservateur, environ 2 000 personnes se sont regroupées devant et s’en sont pris aux vitres de l'entrée. La poignée de policiers sur place, débordés, n’ont pas réussi à les empêcher de pénétrer dans l’immeuble.
La manifestation étudiante en images
Photos de Rob Dyson, postées sur son Blog.
Photos postées sur Twitpic par @BMAstudents.
Billet écrit en collaboration avec Lorena Galliot.
"S’ils saccagent nos services publics, ils auront affaire à nous !"
Ed, qui préfère ne pas révéler son nom complet, a fait des études de mécanique à l’université Kings College de Londres. Il est actuellement serveur. Nous l’avons joint sur son téléphone portable au moment où il quittait le QG du Parti conservateur.
Il y avait une foule immense rassemblée devant l’immeuble Millbank quand je suis arrivé. Je me suis joint à elle et me suis retrouvé propulsé dans l’immeuble par un mouvement de foule quand les portes ont été forcées.
Pendant qu’une poignée de gars essayaient de briser les vitres, d’autres ont réussi à forcer une porte d’entrée sur le côté. Les policiers ont essayé de les arrêter, mais ont était trop nombreux pour qu’ils puissent intervenir. Une fois les portes ouvertes, les manifestants on commencé à entrer dans le bâtiment. Quelques-uns cassaient des trucs : j’ai vu un écran plasma fracassé, d’autres ont tagué les murs. Mais la plupart des gens ont simplement traversé l’immeuble en criant des slogans. Je suis monté sur le toit, on avait une belle vue d’ensemble des manifestations. En bas, dans la cour de l’immeuble, des manifestants ont commencé à brûler des pancartes.
L’ambiance était chaotique mais pas vraiment violente : les gens n’étaient pas là pour casser mais pour marquer le coup et faire un peu les fous. La seule violence que j’ai vu venait des policiers : ils distribuaient des coups de matraque à tout va pour essayer d’empêcher les manifestants d’entrer dans l’immeuble, et quand les renforts sont arrivés, ils ont évacué les lieux de façon très agressive et brutale.
Je pense que les actes de vandalisme étaient justifiés par le fait que les conservateurs à la tête de notre pays vandalisent nos services publics ! S’ils les saccagent, ils auront affaire à nous ! On est entré dans l’immeuble parce qu’on s’est dit qu’aller crier un peu devant le Parlement ne suffirait pas à se faire entendre. Il faut des actions directes contre les criminels dans notre gouvernement qui n’hésitent pas à dépenser des millions dans des guerres sans fin et qui disent ensuite qu’il n’y a pas assez d’argent pour nos écoles. Les quelques dégâts matériels qu’on a provoqués hier ne sont rien par rapport à ceux que le gouvernement se prépare à infliger au pays."
Les manifestants brisant les vitres de l'immeuble Millbank Tower. Postée sur Flickr par Asif Khan.