CAMEROUN

Le propriétaire d’une cité universitaire sort de ses gonds

Les résidents d’une cité universitaire de la capitale camerounaise, Yaoundé, ont été expulsés "manu militari" par le propriétaire de leur logement, excédé par les loyers impayés. Pour les forcer à partir, il a purement et simplement démonté toutes les portes des chambres. Lire la suite et voir les images…

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Photo publiée sur Mboa Blog le 6 septembre 2010.

Les résidents d’une cité universitaire de la capitale camerounaise, Yaoundé, ont été expulsés "manu militari" par le propriétaire de leur logement, excédé par les loyers impayés. Pour les forcer à partir, il a purement et simplement démonté toutes les portes des chambres.

Tôt dans la matinée du 4 septembre, le propriétaire de la résidence universitaire Oasis Mini Cité, à Yaoundé, a débarqué, flanqués d’hommes de main armés, et a fait retirer une à une les portes des chambres d’étudiants. Certains étaient absents, d’autres dormaient encore. Le propriétaire a exigé des résidents qu’ils quittent les lieux avant le lendemain, et ce malgré la période d’examens.

L'intervention du propriétaire

Toutes les photos ont été publiées sur Mboa Blog, le 6 septembre 2010.

"Je suis la dernière dans la cité universitaire parce que je n'ai nulle part où aller"

Helen (pseudonyme) est camerounaise et étudiante en biochimie à Yaoundé. Elle vit dans la cité universitaire Oasis.

Le 4 septembre, je me préparais à aller à l’université quand j’ai entendu du vacarme sur mon palier. Quand j’ai essayé d’ouvrir ma porte, je me suis rendu compte qu’un groupe de personnes étant en train de la démonter. Ce jour-là, j’étais trop choquée pour me rendre à mes examens de rattrapage. J’ai donc été absente pour deux matières. Résultat : j’ai raté mon année universitaire.

Le propriétaire a fait enlever les portes à cause des gens qui n’avaient pas payé leur loyer. Certains n’ont pas versé d’argent depuis un an mais pour ma part, j’avais payé 20 mois d’avance. Il n’a fait aucune distinction. Les résidents ont été sommés de quitter la cité universitaire le lendemain. Le propriétaire dit aussi que la cité universitaire doit fermer pour être rénovée : ils doivent repeindre, changer les sols et installer des douches individuelles. Il nous avait envoyé un avertissement il y a un mois, mais personne n’était parti avant cet incident.

J’ai finalement réussi à négocier pour pouvoir rester jusqu’au vendredi 18 et passer mes derniers examens. Je suis la dernière personne à habiter dans la résidence, parce que je n’ai nulle part où aller. C’est effrayant d’être seule au milieu d’une quarantaine de chambres vides. Le pire, c’est qu’il n’y a plus d’électricité depuis deux semaines et plus d’eau courante non plus. Pour l’instant, je passe mon temps à l’extérieur et je rentre uniquement pour dormir. Je ne sais pas où je vais vivre. Mes parents n’habitent pas dans la même ville que moi et ils n’ont pas d’argent pour m’aider. Je n’ai pas le temps de chercher un autre logement car je suis en période d’examens. Les autres sont partis vivre chez des amis ou des connaissances.

Le problème c’est qu’à Yaoundé, toutes les cités universitaires qui dépendent de l’État, sont pleines. On est donc obligés d’aller vivre dans des logements loués par des particuliers. Mais, évidemment, ces propriétaires font ce qu’ils veulent.

L’Association pour la défense des droits des étudiants du Cameroun m’a suggéré d’écrire une lettre au doyen de la faculté pour défendre mes droits et ceux de tous les étudiants. J’espère que justice sera faite."