Polémique autour d’une croix
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Une croix en bois placée devant le palais présidentiel à la mémoire du défunt président Lech Kaczynski déchaîne les passions, opposant des intégristes catholiques aux autorités et aux défenseurs d’un État laïc.
Photo publiée sur Flickr le 3 août 2010 par Down Under Photography.
Une croix en bois placée devant le palais présidentiel à la mémoire du défunt président Lech Kaczynski déchaîne les passions, opposant des intégristes catholiques aux autorités et aux défenseurs d’un État laïc.
Des scouts ont installé une croix en bois devant le palais présidentiel, à Varsovie, le 10 avril, après que le président Lech Kaczynski et 95 autres personnes ont trouvé la mort dans l’accident d’avion de Smolensk. Depuis, un petit groupe de sympathisants de Jaroslaw Kaczynski - le frère de l'ancien chef de l'État - et de son parti Droit et Justice (PiS) gardent jalousement la croix. Le porte-parole du gouvernement a eu beau expliquer que le Palais est un bâtiment public et non un lieu de culte et qu'il conviendrait donc de la transférer dans un endroit plus approprié comme une église ou un cimetière, rien n’y fait : le 3 août, les tentatives des autorités pour retirer la croix ont échoué.
Dans la nuit du 9 août, des anti-croix ont organisé une manifestation pour tenter de déloger les pro-croix. Une foule de 8 000 à 10 000 Polonais s’est ainsi rassemblée, notamment à la suite d’appels sur Internet.
Le 12 août, une plaque a été apposée sur le mur du palais présidentiel, mais ce geste des autorités n’a pas suffi à apaiser la colère des extrémistes catholiques. Ils ont immédiatement rétorqué qu’ils ne bougeraient pas jusqu’à ce qu’on installe un véritable monument en l’honneur de Lech Kaczynski. Ils ont fini par être délogés samedi dernier, mais la croix, elle, demeure en place.
Manifestation anti-défenseurs de la croix le 9 août
"Attention ! Défenseurs de la croix." Photo publiée sur Flickr le 10 août 2010 par Robert Danieluk.
Photo publiée sur Flickr le 10 août 2010 par Robert Danieluk.
Les policiers ne parviennent pas à déloger les défenseurs de la croix, le 3 août
Photo publiée sur Flickr le 3 août 2010 par Down Under Photography.
Photo postée sur Facebook le 12 août par Piotr Ka.
Photo postée sur Facebook le 3 août par Fotomateria.
Photo postée sur Facebook le 3 août par Fotomateria.
Photo postée sur Facebook le 3 août par Fotomateria.
"Les jeunes ne veulent pas rester dans ces conditions moyenâgeuses"
Dominik Taras a 22 ans. Il est l’initiateur du groupe Facebook Akcja Krzyż ["Action contre la croix"] qui a réuni plus de 8 000 personnes à la manifestation du 9 août.Les défenseurs de la croix étaient entre 50 et 80. Ce sont des partisans de Jaroslaw Kaczynski et du père Rydzyk [prêtre nationaliste connu pour sa position pro-créationniste et ses propos antisémites, NDLR]. Ce sont des personnes âgées fanatiques et dérangées. Ils se montrent haineux et antisémites. Ils attaquent les touristes et ceux qui demandent le retrait de leur croix.
Si nous avons organisé cette manifestation, c’est parce que le gouvernement, qui a peur de l’Église, ne fait rien pour que ce symbole catholique soit retiré. Nous, les jeunes, nous voulons nous battre pour que l’État soit soustrait à l’influence de l’Église, pour que nous ne vivions plus dans ces conditions moyenâgeuses. L’Église fait partie de la culture polonaise. Elle ne paie pas d’impôts, on trouve des crucifix dans les écoles, une chapelle à la Diète et dans le palais présidentiel. Il y a même une épreuve sur la religion au bac. Pour moi, l’Église, en Pologne, empêche l’État d’avancer.
La manifestation s’est déroulée comme une grande fête, les gens avaient apporté des gadgets et des costumes. Nous avons fait passer notre message aux défenseurs de la croix et nous nous sommes amusés. Mais, au final, devant des personnes aussi agressives, on ne peut que sourire."