PAKISTAN

Inondations au Pakistan : "L’absence du président est une opportunité pour les intégristes"

Une de nos Observatrices au Pakistan dénonce la tournée du président Ali Zardari en Europe. L'absence du chef de l'Etat et l'incapacité des autorités à gérer la catastrophe humanitaire permet, selon elle, aux organisations islamistes d’infiltrer la région.

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Une distribution d'aide au Pakistan. Photo publiée sur flickr par le Disasters Emergency Committee, une organisation humanitaire britannique (sans lien avec des organisations islamistes).

Une de nos Observatrices au Pakistan dénonce la tournée du président Ali Zardari en Europe. L'absence du chef de l'Etat et l'incapacité des autorités à gérer la catastrophe humanitaire permet, selon elle, aux organisations islamistes d’infiltrer la région.

Les inondations dans le nord du Pakistan ont tué 15 000 personnes et ont laissé plusieurs millions de personnes sans-abri. Le président pakistanais est quant à lui aujourd'hui en Grande-Bretagne dans le cadre d'une tournée diplomatique en Europe. Des associations caritatives connues pour leurs connivences avec des groupes intégristes, notamment le Lashkar-e-Taiba et la Fondation Falah-i-Insaniat, sont souvent les premières à secourir les victimes des inondations, profitant de cette opportunité pour recruter de nouveaux membres.

Sana Saleem est blogueuse. Elle vit à Karachi.

L’absence du président est particulièrement symbolique – les gens de la région se sentent abandonnés. La gestion de la catastrophe par les autorités est désastreuse et donne l’opportunité aux groupes fondamentalistes d’infiltrer la région. Si les ONG sont toujours les premières arrivées, c'est parce que le gouvernement agit trop lentement. Il donne ainsi l'opportunité aux intégristes de recruter dans la région touchée par les inondations.

Je n’en veux pas à ces gens de se rapprocher des fondamentalistes – ils sont désespérés. Ils ont été touchés par le tremblement de terre en 2005 (alors que les secours et les médias se concentraient sur les tensions au Cachemire...), puis ils ont été victimes des affrontements entre l’armée et les Taliban. A chaque fois, les extrémistes en ont profité pour infiltrer la population civile. Dans cette région, les gens se sentent déjà négligés. Il y a très peu d’infrastructures, notamment pour les enfants qui ne peuvent recevoir une éducation que dans des madrasas [écoles islamiques ndlr]. Quel choix ont les gens si le gouvernement les abandonne ? La façon de gouverner de Zadari est idiote et les gens ici sont en colère.

Le fait que le président soit à l’étranger, que les fondamentalistes s’occupent des secours et que le gouvernement se repose uniquement sur l'armée pour organiser l'aide, tout cela en dit long sur l’état de notre pays, qui, techniquement, est pourtant une démocratie. Qui dirige le pays ? Zadari devrait rentrer et sa priorité devrait être d’aider les gens qui en ont besoin. Si on ne prend pas la situation en main rapidement, on pourrait vite être confrontés à un énorme problème de sécurité."