PALESTINE

Interdire le narguilé aux femmes de Gaza : une décision injuste ou sans importance ?

Dans la bande de Gaza, les autorités du Hamas ont décidé, le 18 juillet dernier, d’interdire la consommation du narguilé à la gente féminine dans les lieux publics, au nom du respect des bonnes mœurs. Les commentaires de nos Observateurs sur place. Lire la suite…

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Des hommes fumant le narguilé. Cette photo a été prise à Ramallah, et non à Gaza, puis publiée sur Flickr par Bruno L’Hoste le 8 avril 2009.

Dans la bande de Gaza, les autorités du Hamas ont décidé, le 18 juillet dernier, d’interdire la consommation du narguilé à la gente féminine dans les lieux publics, au nom du respect des bonnes mœurs.

Le Hamas contrôle Gaza depuis juin 2007, mais le durcissement des réglementations concernant les espaces de loisirs avait commencé dès la seconde Intifada, en 2000, notamment avec la fermeture de la plupart des salles de cinéma et de la stricte interdiction de l’alcool, entre autres choses. Fumer un narguilé – ou une "chicha" - est une habitude profondément ancrée dans la culture palestinienne.

"Ce n’est qu’une injustice de plus contre les femmes"

Asma Shaker est journaliste à Gaza.

Personnellement, je ne suis pas une fan de narguilé, je n’en fume pas. Mais, je trouve cette loi injuste et discriminante. Ce n’est pas la première fois que le Hamas nous fait le coup. À Gaza, les femmes sont régulièrement soumises à des contrôles lors de leurs déplacements. Si un garçon et une fille se promènent ensemble, il y aura toujours quelqu’un de la police pour venir les questionner sur la nature de leur relation. Beaucoup se sont retrouvés au commissariat de police et ont dû faire appel à leurs parents pour prouver qu’ils étaient fiancés. Même pour filmer avec une simple caméra amateur, et j’en sais quelque chose en tant que journaliste, il vous faut une autorisation. Bref, ces législations n’ont aucune logique, sauf celle d’être oppressives à l’égard des femmes."

"Au final, ce texte de loi ne concerne qu’une minorité de femmes ‘émancipées’"

Hakeem Bashir est un étudiant gazaoui.

Cette loi ne date pas d’il y a seulement une semaine. En fait, elle a été promulguée il y a 5 mois et devait au départ concerner tous les habitants. Mais, beaucoup se sont plaints de cette décision, notamment les étrangers qui ne voyaient pas en quoi ils étaient concernés par un tel texte. Le Hamas a donc choisi de revoir ses ambitions à la baisse et de ne maintenir l’interdiction que pour les femmes de la bande de Gaza.

Il est indéniable que cette loi limite la liberté des femmes. En saison estivale, aller s’installer face à la mer est l’un des rares plaisirs offerts aux gazaouis. Mais, de toute façon, elles n’étaient pas nombreuses à pratiquer cette activité. La plupart des femmes, qui appartiennent aux classes populaires, n’ont même pas de quoi se payer une consommation à la terrasse d’un café ou d’un restaurant. Je pense qu’elles ne se sentent pas vraiment concernées par cette décision. Au final, ce texte de loi ne concerne qu’une minorité de femmes ‘émancipées’ ou de nationalité étrangère qui ne vont plus pouvoir fumer leur narguilé dans les lieux publics."