Entendu à Kinshasa : " Que le roi de Belgique vienne ou pas, je ne mangerai pas plus "
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La République démocratique du Congo fête aujourd’hui le cinquantième anniversaire de son indépendance. Nos observateurs sur place nous font vivre les festivités de cette journée de commémoration.
Dessin de l'association des caricaturistes congolais publié sur le blog Congo Blog.
La République démocratique du Congo fête aujourd’hui le cinquantième anniversaire de son indépendance. Nos observateurs sur place nous font vivre les festivités de cette journée de commémoration.
Le journaliste et blogueur, Cédric Kalonji, nous confie que les Congolais n’ont pas le cœur à la fête en raison des difficultés économiques et sociales.
Les drapeaux flottent dans les rues. Toutes les façades des immeubles donnant sur le boulevard du 30 juin où passera le défilé officiel, prévu à la mi-journée ont été refaites. Mais, par rapport à tout le bruit qui a été fait autour de cette fête, c’est une journée tranquille: c’est comme un jour férié. Le seul endroit où ça bouge, c’est le boulevard Triomphal. Je doute fort que l’euphorie gagne la ville.
Ici à Kinshasa, l’esprit n’est pas à la fête. J’ai vu des images de la visite en 1985 du roi Baudouin, frère d'Albert II. Tout le monde l’accueillit avec joie. Quand le roi Albert II est arrivé ce lundi, c’était tout le contraire. Les gens étaient massés sur les trottoirs, mais il n’y avait ni cris, ni danses. Un gardien m’a alors dit: "Que le roi vienne ou qu’il ne vienne pas, cela ne change rien. Je ne mangerai pas plus."
Dans les transports en commun, on peut entendre que ces célébrations sont l’illustration de l’hospitalité légendaire du père africain qui sert ses invités, alors que ses enfants meurent de faim. Si je fais une carte des routes qui ont été refaites, on peut constater que ce sont seulement celles qui mènent de l’aéroport au centre-ville, que les invités emprunteront.
Les gens ont faim, car le coût de la vie a augmenté. Les fonctionnaires n’ont pas été payés. Il y a eu un mouvement de grève ces dernières semaines. Les gens pensent qu’il n’y a rien de concret, rien qui ne se soit amélioré en cinquante ans sur le plan économique ou social.
Les Congolais sont fatigués, et le meurtre du militant des droits de l'homme, Floribert Chebeya a fait encore monter la tension au sein de la population. Le gouvernement a réussi à négocier qu’il soit inhumé le 26 juin, soit quatre jours avant les célébrations du cinquantenaire de l’indépendance, mais la tension reste. Il y a déjà eu plusieurs meurtres de journalistes jamais élucidés. »