BRÉSIL-COLOMBIE

Un funiculaire pour lutter contre le crime

Face à la violence endémique qui gangrène les favelas du Brésil, le président Lula Da Silva a d'abord augmenté les forces de police, sans résultat. Aujourd'hui, il change d'approche. Sa nouvelle arme anticrime : un funiculaire .

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Vue de Medellin du Metrocable. Posté par Gary Parkosewich sur Flickr.

Face à la violence endémique qui gangrène les favelas du Brésil, le président Lula Da Silva a d'abord augmenté les forces de police, sans résultat. Aujourd'hui, il change d'approche. Sa nouvelle arme anticrime : un funiculaire .

Le premier funiculaire reliera le complexe d'Alemão - un ensemble tentaculaire de 12 favelas, où le taux de criminalité est un des plus élevés de Rio - aux métros de la ville. Six stations vont être construites sur une ligne de trois kilomètres. Le coût du projet s'élève à 80 millions d'euros. Le funiculaire, qui ouvrira en septembre, devrait transporter 30 000 personnes par jour.

Le projet s'inspire d'un programme similaire lancé par la ville de Medellin en Colombie. Medellin était la capitale du narcotrafic, du temps du baron de la drogue Pablo Escobar, et c'était l'une des villes les plus dangereuse du monde. La municipalité a réagi en mettant en place un funiculaire, des bibliothèques et des écoles dans ses quartiers pauvres, les «comunas», et le résultat est concluant. En cinq ans, la deuxième plus grande agglomération de Colombie a vu son taux d'homicide annuel passer de 200 morts pour 100 000 habitants à 62. 

 

Vidéo promotionelle du funiculaire de Rio. Postée sur YouTube par "AliceKAulitz19121995".

"Chaque installation de Metrocable a été accompagnée par des investissements sociaux"

Daniel Casas est ingénieur à Medellin en Colombie, où le premier projet de funiculaire a été installé. Le système de transport, ouvert en 2004, s'appelle le Metrocable.

Je vis à Robledo La Campina, un quartier qui se situe à proximité d'une station du Metrocable et je l'utilise tous les jours pour aller travailler. Je mets quand même une heure pour arriver dans le bas de la ville car je dois prendre le bus pour arriver au funiculaire. Mais je ne paye qu'un ticket [pour les deux transports] et j'économise beaucoup d'argent.

Le Metrocable a joué un rôle important dans la transformation de la ville. Avant, personne neconnaissait les quartiers Vallejuelos ou Pajarito. Mais avec le funiculaire, du jour au lendemain, ces endroits ont été perçus comme faisant partie de la ville. Et les habitants de ces communautés ont senti, pour la première fois de leur vie, qu'ils avaient une place sur la carte de la ville.

Chaque installation de Metrocable a été accompagnée par des investissements sociaux : des grandes bibliothèques, des parcs, des écoles, des campagnes de vaccination, des terrains de football, etc... Le niveau de violence dans les'comunas' a considérablement baissé depuis ces installations. Et les gens en prennent grand soin, ce qui montre à quel point elles ont de la valeur pour eux.

Medellin n'est plus du tout le Medellin de Pablo Escobar, même si c'est toujours l'image que les gens en ont dans le monde entier. Bien sûr qu'il reste des problèmes et qu'il arrive que des violences éclatent, mais c'est occasionnel, comme dans toutes les grandes villes."

  Le Metrocable de Medellin en images amateur :

Le funiculaire monte dans la "comuna 13", Medellin. Postée sur Flickr par Omar Urán.

Le funiculaire arrive à la bibliothèque au sommet de la colline, Medellín. Posté par Dairo Correa sur Flickr.

"Pour moi, c'est juste une façon d'attirer les touristes "

David Amen est travailleur social dans le complexe d'Alemao à Rio de Janeiro.

Le transport, ce n'est pas ce dont nous avons le plus besoin au complexe d' Alemão puisqu'il y a déjà beaucoup de minibus et de taxi-motos.

L'urgence se situe dans les secteurs de l'éducation et de la santé. Plus que tout, nous avons besoin d'écoles décentes avec des installations de qualité et des professeurs bien payés. Nous avons aussi besoin d'une véritable organisation sanitaire qui couvre toute la zone avec des hôpitaux correctement équipés, des bibliothèques, des amphithéâtres et des parcs publics.

Je ne soutiens pas ce projet parce que, pour moi, c'est une façon d'attirer les touristes dans la ville et dans le complexe d' Alemão. Le coût de ce funiculaire, de sa construction et de son entretien, est énorme. Cette argent pourrait très bien être investi dans d'autres choses. "

Le complexe d'Alemao : 

 

Photo : Bruno Itan, avec l'autorisation de Memorias do PAC.

 

Complexe d'Alemão. Photo : Alexandre Santos, avec l'autorisation de Memorias do PAC.

 

Escalier, complexe d'Alemão. Photo : Rafael Soares, avec l'autorisation de Memorias do PAC.

En construction, complexe d'Alemão. Photo : Rafael Soares, avec l'autorisation de Memorias do PAC.