ALBANIE

Tirana s'offre une cure de jouvence

Que faire de ces grands immeubles sinistres de Tirana, vestiges de l'époque soviétique ? Les habitants ont trouvé la réponse : élire un artiste pour maire.

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Un bloc d'immeubles à Tirana avant et après les transformations. Photo Timo Arnall.

Que faire de ces grands immeubles sinistres de Tirana, vestiges de l'époque soviétique ? Les habitants ont trouvé la réponse : élire un artiste pour maire.

Quand l'artiste Edi Rama a été élu maire de la capitale de l'Albanie en 2000, il a décidé de changer complètement le paysage de la ville. Des formes géométriques, des pois et des arbres géants sont apparus sur les vielles barres d'immeubles. Et même si l'intérieur de ces blocs de béton n'a pas vraiment changé, Tirana s'est débarrassée du triste panorama que lui avait légué le leader staliniste Enver Hoxha.

Le maire a dessiné les premiers motifs lui-même, puis il a invité des artistes étrangers, mais aussi des étudiants locaux et des enfants, à participer à ce rajeunissement. Leurs dessins ont ensuite été reproduits sur les façades des immeubles de Tirana.

Neuf années plus tard, Tirana est une ville colorée et vivante. Depuis 1989, sa population a quintuplé pour atteindre un million d'âmes. Edi Rama a été élu meilleur maire du monde en 2004, il effectue actuellement son troisième mandat à la tête de la capitale albanaise.

Avant la transformation. Posté sur Flickr par Timo Arnall

Et après. Photo postée sur Flickr par Timo Arnall.

 

Photo postée par Valeria Mannarelli sur Flickr.

Photo postée par Valeria Mannarelli sur Flickr.

Photo postée par Valeria Mannarelli sur Flickr.

Photo postée par Timo Arnall sur Flickr.

"C'était la seule option envisageable avec le peu d'argent dont disposait la ville"

Adens Borova, architecte, est originaire de Tirana. Il a étudié les transformations du centre de la ville ces 20 dernières années.

Pendant 50 ans, l'Albanie a été un pays fermé sur lui-même, par conséquent, quand il s'est ouvert au monde, beaucoup de gens ont cherché à s'affranchir des anciennes règles. La première chose que les habitants ont faite a été de fermer les balcons pour en faire de nouvelles pièces et ainsi agrandir leurs appartements. Les façades des immeubles ont ainsi été modifiées et l'architecture de la ville, déjà très moche, est devenue plus chaotique encore.

C'est à ce moment qu'Edi Rama a décidé d'intervenir. Au début, beaucoup étaient sceptiques à l'idée que leurs immeubles soient peints de toutes les couleurs. Mon grand père, qui vivait dans un des premiers bâtiments à avoir été peint, était inquiet du résultat car les résidents n'avaient même pas le droit de choisir les couleurs. Finalement, il a adoré le rouge foncé choisi pour son bâtiment.

Ces peintures n'ont rien d'exceptionnel, mais l'effet est très surprenant quand on marche dans les rues. Ils ont fait de ces immeubles construits sans aucun souci esthétique quelque chose de très attirant. La plupart des habitants en sont contents, d'autant plus que c'était la seule option envisageable avec le peu d'argent dont disposait la ville. 

Mais je ne pense pas que Tirana reste comme ça pour toujours. C'est un peu comme quand les enfants dessinent sur les murs, c'est très joli, mais on ne s'imagine pas grandir avec. En plus, la peinture ne signifie pas que les conditions de vie à l'intérieur de ces immeubles ont changé. J'espère qu'un jour la ville aura assez d'argent pour organiser un changement plus radical et que d'ici 20 ans ces immeubles seront complètement rénovés. L'intervention d'Edi Rama est une solution temporaire."

Photo postée par Valeria Mannarelli sur Flickr.

Photo postée par Valeria Mannarelli sur Flickr.

Photo postée par  Valeria Mannarelli sur Flickr.

 

Photo postée par Timo Arnall sur Flickr.

Photo postée par Valeria Mannarelli sur Flickr.

Photo postée par Valeria Mannarelli sur Flickr.

Photo postée par  Valeria Mannarelli sur Flickr.