"Marre des VIP qui se fichent du code de la route !"

En théorie, un millier d’officiels russes ont le droit d’utiliser des gyrophares pour signaler qu’ils sont prioritaires sur la route. En réalité, beaucoup s’octroient ce privilège sans se soucier du code de la route ou des autres automobilistes. Dans cette vidéo, un citoyen russe se filme en train de bloquer un officiel qui roulait à contresens.

Un incident tragique a placé sur le devant de la scène le scandale des passe-droits routiers en Russie. En février, une Mercedes S-500 qui transportait Anatoly Barkov, un ponte du groupe pétrolier Lukoil, a percuté une Citroën, tuant deux femmes médecins.

D’après les témoins, la voiture de l’homme d’affaires - qui n’avait pas le droit d’utiliser un gyrophare – roulait à contresens au moment de l’accident. La police n’a toutefois pas tenu compte de ces témoignages et aucune charge n’a été retenue contre Barkov. La vidéo tournée par une caméra de surveillance du réseau routier a par ailleurs mystérieusement disparue.

Les Russes ont, depuis, pris l’habitude de filmer ou de prendre en photos les infractions routières commises par des personnalités.

La chanson commémorative du rappeur NOIZE MC "Mercedes S666"

Postée sur Youtube par sliding81.

"Sont-ils si pressés qu’ils peuvent se permettre d’ignorer le code de la route?"

Le 31 mars dernier à 9 heures, j’étais en train de conduire sur un pont, au-dessus de la rivière de Moscou. Toutes les voies vers le centre-ville étaient bouchées, mais j’allais dans la direction opposée, la circulation était fluide.

Une BMW noire se dirigeait vers le centre-ville mais, dès que le chauffeur a vu les embouteillages, il s’est déporté sur ma voie et a continué à avancer dans ma direction, à contresens. Il y avait un gyrophare sur le toit de la voiture, mais aucune sirène.

J’ai commencé à ralentir tout en lui faisant des appels de phares. Nos deux véhicules se sont arrêtés à quelques centimètres l’un de l’autre. C’est le moment où je suis sorti avec ma caméra et où j’ai commencé à filmer.

Les gens en ont vraiment marre des bureaucrates qui se croient au-dessus des lois. Les citoyens ordinaires comme moi se posent des questions : qui se cachent derrière les vitres teintées de ces voitures hors de prix ? Ces personnes sont-elles si pressées qu’elles peuvent se permettre d’ignorer le code de la route ? Ces questions sont sur toutes les lèvres depuis l’accident du boulevard Leninsky, dans lequel Vera Sidelnikova et sa belle-fille ont été tuées. Personne ne croit à la version officielle selon laquelle la Citroën de Sidelnikova était en tort.

Quand on se retrouve dans ce type de situation, on devient fou ! Voilà des années que je conduis à Moscou et ça devient de pire en pire : les embouteillages, l’effronterie de ces bureaucrates qui pensent que leurs plaques d’immatriculation "spéciales" leur donnent tous les droits. Ça n’existe nulle part ailleurs dans le monde, mais ici on doit supporter ça tous les jours ! Dieu merci, je n’ai pas eu à subir de pressions de la part de la police ou des services de sécurité. Shevchenko a déclaré que je l’avais provoqué délibérément. N’importe quoi ! Comme si je m’étais caché dans un buisson pour pouvoir le piéger en flagrant délit…

Et maintenant, on a ce type [Shevchenko, NDLR], un homme avec le rang d’ambassadeur qui a travaillé plusieurs années avec deux présidents, qui ose prétendre que dans n’importe quel pays civilisé, c’est moi qui aurait été sévèrement puni !

On ne peut pas s’empêcher de penser que ces bureaucrates sont complètement coupés du peuple. Quand on conduit le matin sur le boulevard Kutuzovsky, on peut les voir filer à toute vitesse avec leurs gyrophares allumés. Et maintenant, ils commencent à conduire dans le sens inverse de la circulation !

Certains prennent ça avec humour, en disant qu’on devrait leur être reconnaissant qu’ils nous laissent au moins utiliser la route."

Dans cette vidéo, Andrei Hartley, un citoyen ordinaire, bloque la voiture d’un officiel qui circule à contresens. Il sort ensuite de sa voiture, commence à filmer, et obtient le nom du passager de la voiture : il s’agit de Vladimir Shevchenko, un ancien conseiller de Medvedev et Poutine.

Lorsque l’officiel russe tente d’intimider Andrei, un autre automobiliste vient à son secours.

"Tu veux te faire éclater la tête?"