Une maison de paille, rien de mieux contre les tremblements de terre
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Le sommet international pour la reconstruction d'Haïti a débloqué près de 10 milliards de dollars pour la reconstruction du pays. Une petite initiative lancée au Pakistan pourrait donner des idées aux pays donateurs pour reloger les Haïtiens. Une ONG a en effet trouvé un moyen astucieux de construire des habitations peu onéreuses qui résistent pourtant aux tremblements de terre : la paille. Lire la suite…
Photo: PAKSBAB.
Le sommet international pour la reconstruction d'Haïti a débloqué près de 10 milliards de dollars pour la reconstruction du pays. Une petite initiative lancée au Pakistan pourrait donner des idées aux pays donateurs pour reloger les Haïtiens, à l'heure de lancer les travaux. Une ONG a en effet trouvé un moyen astucieux de construire des habitations peu onéreuses et antisismiques : la paille.
Un tremblement de terre d’un magnitude de 7,6 (celui d’Haïti a atteint 7,3) avait ravagé le Cachemire et le nord-est du Pakistan en 2005, tuant 73 000 personnes et détruisant 600 000 maisons. Cinq ans après, des centaines de milliers de personnes vivent encore dans des habitations temporaires et la plupart des maisons reconstruites après la catastrophe ne respectent toujours pas les normes antisismiques.
Une ONG tente, elle, d’éviter qu’un drame de cette ampleur ne se reproduise. PAKSBAB, une association créée par une ingénieur du Nevada, aide les locaux à construire des maisons à l’aide de ballots de paille compressée attachés entre eux avec des filets de pêche. Une solution pas chère et de longue durée qui résiste aux tremblements de terre.
Une maison de paille pendant un tremblement de terre
En novembre 2009, une maison construite par PAKSBAB a été testée par l’université du Nevada et a résisté à un tremblement de terre d’une violence équivalente à celle du séisme de 2005.
"Les gens continuent de construire les mêmes maisons qui ont tué leurs voisins"
Surkhab Khan vient du village de Kakul, au nord d’Islamabad. Il travaille avec les communautés touchées par le tremblement de terre de 2005 et dirige l’association PAKSBAB.
La principale raison pour laquelle nous utilisons la paille, c’est qu’ici il y en a partout. Elle est gratuite, il faut juste de la main d’œuvre (qui ne manque pas), un peu de bois pour la structure, et de la tôle ondulée pour le toit. Nos maisons coûtent 180 000 roupies pakistanaises [1 600 euros], tandis que celles en briques coûtent 290 000 roupies [2 600 euros] environ.
Ramassage de paille qui sera ensuite compressée en ballots. Photo: PAKSBAB.
Entre 40 % et 50 % des maisons se sont écroulées dans la région parce qu’elles ne respectaient pas les normes antisismiques. Aujourd’hui, 25 % des gens qui ont perdu leur logement vivent toujours dans des abris précaires, souvent dans des tentes. La plupart offre son travail en échange d’un lit, de nourriture et de quelques pièces. Ils n’auront jamais assez d’argent pour reconstruire une maison. Ils sont exploités.
Des personnes vivant dans une tente, dans le nord-est du Pakistan. Photo: PAKSBAB.
Les gens entendent parler de notre projet et viennent nous voir pour nous demander de leur construire une maison. Nous devons sélectionner ceux que nous aidons et ce n’est pas facile. Nous choisissons en priorité les plus démunis, ceux qui n’ont aucun revenu et une famille à charge. Les villageois nous aident à faire ce choix. Ce sont eux, par exemple, qui nous ont demandé d’aider une femme dont le mari était mort d'un cancer et qui vivait de dons, avec ses six enfants. Tout le monde a donné un coup de main pour lui bâtir une maison.
Fabrication de bottes de paille. Photo: PAKSBAB.
Photo: PAKSBAB. Publiée sur "All Things Pakistan".
La plupart de nos employés ont eux-mêmes été victimes du tremblement de terre. Ils sont avec nous depuis le début.
Photo: PAKSBAB.
Photo: PAKSBAB
Nos constructions coûtent moins chères, mais il faut former les gens. Sinon, ils continuent de construire les mêmes maisons que celles qui ont tué leurs voisins, avec des briques et du métal. Ils me disent souvent qu’ils n’ont pas les moyens d’avoir une maison de paille, et qu’ils remettent leur sort entre les mains de Dieu.
Photo: PAKSBAB.
Cela prend du temps de convaincre les gens. Et le gouvernement ne veut pas s’impliquer. Il nous dit qu’il a déjà alloué ses budgets pour la reconstruction à l'édification de maisons standards."
Notre maison typique fait 7 mètres sur 7. Elle comprend deux chambres et une véranda, avec parfois une petite cuisine. Elles a un bon bilan énergétique, utilise des matériaux non toxiques et résiste au feu et aux insectes. Image publiée sur Flickr par Caroline White, le 13 novembre 2009.