Education à coups de bâtons
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Ce montage vidéo, qui montre des sévices infligés à des élèves par leurs professeurs, circule sur le Net égyptien.
Ce montage vidéo, qui montre des sévices infligés à des élèves par leurs professeurs, circule sur le Net égyptien. ATTENTION, CES IMAGES PEUVENT CHOQUER.
Ce montage a été posté sur YouTube le 21 Février 2010. La date et le lieu du tournage de ces images ne sont pas connus, mais l’internaute "hazemhassenahmed", affirme qu’elles ont été prises à Tanta, en Égypte. Dans la première partie de la vidéo, on voit des professeurs frapper leurs élèves. Dans le texte intercalé entre les images, les professeurs sont comparés à Hitler et à Mussolini. Le message suivant apparaît également : "On leur apprend que la seule méthode, c'est la force." Dans la seconde partie de la vidéo, on voit des élèves agresser un professeur, avec ce commentaire : "Si vous leur apprenez que le plus fort a toujours le dernier mot, voilà ce qui ce passe." À la fin de la vidéo, l'internaute a ajouté une scène de brutalité policière.
Cette vidéo est publiée alors qu'une importante polémique se développe en Égypte, autour de l'actuel ministre de l'Éducation, Ahmed Zaki Badr, partisan de la méthode dure en la matière. La presse égyptienne rapportait, hier, qu'un professeur de mathématique avait cassé le bras d'un élève de primaire en le tabassant.
Une autre affaire de ce genre avait défrayé la chronique en octobre 2008. Un élève de 11 ans, Amr Badr, avait été battu à mort par son professeur qui lui reprochait de ne pas avoir fait ses devoirs. L'avocat de l'enseignant avait déclaré que "battre un enfant n'était pas interdit dans les écoles" et que son client n'avait enfreint aucune loi. Ce dernier a toutefois été condamné à six ans de prison pour homicide involontaire en décembre 2008.
" Je suis dans un collège privé et, chez nous, les profs nous disent que taper un élève, c'est mal"
Rowayda Khaled Moshrif, 13 ans, est scolarisé au collège Saint-Vincent-de-Paul du Caire.
Je suis dans un collège privé et, chez nous, les profs ne frappent pas les élèves. Ils nous éduquent bien et nous disent que taper un élève, c’est mal. Mais il est vrai que nous ne sommes que 40 ou 45 par classe, et la pièce est grande.
Je me rappelle que lorsque j’étais en primaire, on nous tapait sur les mains si on ne faisait pas nos devoirs. Parfois, on nous giflait ou on nous pinçait l’épaule. Mais ce n’était pas très violent.
Je sais que dans les écoles publiques, les élèves se font taper. Dans ces écoles, si les parents se plaignent parce qu’un prof a frappé leur enfant, les responsables leurs répondent : 'Vous voulez que vos enfants apprennent ou pas ?'"
"Le ministre de l'Éducation pense que les professeurs ont perdu leur charisme le jour où on a interdit les punitions corporelles"
Abdel Hafid Tayel, directeur du Centre égyptien du droit à l’éducation.
On peut expliquer les mauvais comportements des professeurs égyptiens de plusieurs manières. D’abord, il y a le problème de leurs salaires. Un professeur vacataire, c'est-à-dire non titulaire, est payé 4 euros pour 10 heures de cours. En fin de carrière, un professeur titulaire ne gagne que 140 à 160 euros, qu’il ait enseigné en primaire, au collège ou au lycée.
En outre, les classes sont surchargées. Elles comptent jusqu’à 120 élèves. Les profs sont dépassés par le nombre d’élèves.
Il y a aussi un manque de contrôle des professeurs par le ministère. Les agents qui inspectent les classes veillent surtout à ce que le professeur ne fasse pas passer aux élèves des messages critiques du parti au pouvoir.
Il n’y a pas de loi interdisant les punitions corporelles, juste un décret émis par l’ancien ministre de l’Éducation, Hussein Kamel Baha Ed-dine. Mais il peut être révoqué par son successeur, Ahmed Zaki Badr, qui n’a jamais pris clairement position contre les punitions corporelles à l’école. D’après lui, les professeurs ont perdu leur charisme depuis qu’on a interdit les punitions corporelles à l’école."