ITALIE

Tensions interethniques à Milan après le meurtre d'un jeune Égyptien

Le meurtre d'un Egyptien de 19 ans, attribué à des jeunes Péruviens et Équatoriens par la police, a provoqué des troubles interethniques dans le quartier populaire et multiracial de Via Padova, à Milan. L’adjoint du maire a qualifié le quartier de "Far West" opposant des gangs d’immigrés maghrébins et sud-américains, ce que nient des membres des deux communautés. Lire la suite et voir les photos...

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Le meurtre d'un Égyptien de 19 ans, attribué à des jeunes Péruviens et Équatoriens par la police, a provoqué des troubles interethniques dans le quartier populaire et multiracial de Via Padova, à Milan. L’adjoint du maire a qualifié le quartier de "Far West" opposant des gangs d’immigrés maghrébins et sud-américains, ce que nient des membres des deux communautés.

Dans la nuit de samedi à dimanche, des dizaines de jeunes d’origine nord-africaine ont brisé des vitrines et vandalisé des magasins appartenant à des Sud-Américains. Ils affirment avoir agi pour venger le meurtre de leur "frère" Égyptien le week-end dernier, dont la police pense qu’il a été tué par de jeunes Equatoriens et Péruviens.

Le drame a été récupéré par les politiques de tous bords, devenant un argument de campagne à quelques semaines des prochaines élections régionales fin mars. Le maire-adjoint de Milan, Riccardo De Corato, membre du parti "Forza Italia" de Silvio Berlusconi (droite), a qualifié le quartier de "Far West entre bandes nord-africaines et sud-américaines" et a promis une plus forte présence policière dans la zone. La gauche a pour sa part fustigé le "manque total" de politique d’intégration des immigrants de la municipalité.

Plusieurs manifestations se sont tenues depuis dans le quartier. Le parti de Silvio Berlusconi a défilé contre l'insécurité tandis que l’extrême gauche a manifesté contre le racisme. Photo de Filippo Della Torre.

"Dans les années 1960, la Via Padova était un quartier ouvrier, un des bastions du Parti communiste"

Massimiliano Santalucia est un jeune Italien qui connaît bien le quartier de la Via Padova.

Dans quelques jours, on aura oublié tout ça. Il y aura simplement plus de policiers.

La droite utilise souvent l'insécurité pour se faire élire, mais étant donné qu'elle dirige la ville depuis longtemps, cette histoire pourrait bien lui nuire. Dans les années 1960, la Via Padova était un quartier ouvrier, un des bastions du Parti communiste. Mais depuis l'arrivée des différentes vagues de migrations, de nombreux Italiens ont peur et c'est désormais la droite qui l'emporte à chaque fois ici."

"Je les ai vus mettre à sac mon restaurant"

Marco est le propriétaire d’un restaurant sud-américain attaqué par les émeutiers.

Il n'y avait jamais eu de problème ethnique avec les immigrants nord-africains. Mais, cette fois, les Egyptiens ont promis de se venger en tuant cinq Sud-Américains... J'ai peur que tout cela ne finisse pas rapidement, ils sont vraiment remontés contre les Sud-Américains, je les ai vus mettre à sac mon restaurant."

Un magasin sud-américain après les heurts. Photo de Filippo Della Torre.

"Ce crime est malheureusement 'ordinaire', il n'a rien de raciste"

Mustafa est un jeune Égyptien qui vit dans le quartier de la Via Padova.

Il n'y a jamais eu de tensions ethniques avec les Sud-Américains. Nous sommes simplement là pour travailler. Tout ce qu'on écrit sur le quartier n'est qu'un prétexte pour qu'éclate une polémique avant les prochaines élections régionales, qui se tiennent dans quelques semaines en Lombardie. Ce crime est malheureusement 'ordinaire', il n'a rien de raciste. Il n'y aura plus d'incident, ça s'est calmé. Cependant, il faudrait qu'il y ait plus de policiers dans le quartier."