YÉMEN - ARABIE SAOUDITE

L’armée saoudienne a-t-elle torturé des rebelles yéménites ?

Selon l’Agence d’information saoudienne (Wasim), une organisation critique du régime saoudien basée à Washington, cette vidéo publiée le 4 février montrerait des militaires saoudiens torturant à coups de fouet des Yéménites suspectés d’être des rebelles zaïdites.

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Selon l’Agence d’information saoudienne (Wasim), une organisation critique du régime saoudien basée à Washington, cette vidéo publiée le 4 février montrerait des militaires saoudiens torturant à coups de fouet des Yéménites suspectés d’être des rebelles zaïdites.

Parmi les bourreaux qui figurent dans ce film se trouvent plusieurs personnes en treillis et un "sergent", qui semble donner des ordres à ses subalternes. L’un des détenus, dont les mains et les pieds ont été attachés, crie : "Je jure, par Dieu, que je suis innocent." Son bourreau lui demande alors s’il est Yéménite, ce à quoi il répond par l’affirmative.

Contacté par FRANCE 24, Ali al-Ahmed, directeur de l’Agence d’information saoudienne, a affirmé tenir cet enregistrement d’une "source proche des milieux militaires". Selon lui, la vidéo aurait été filmée par le service d’orientation islamique de l’armée saoudienne, afin de renforcer le caractère religieux du conflit entre les rebelles zaïdites (chiites) et les Saoudiens (sunnites). Toujours selon al-Ahmed, le film a été tourné dans le sud de l’Arabie saoudite, à la frontière avec le Yémen, en décembre ou janvier derniers. Opposant chiite au régime saoudien, Al-Ahmed fait remarquer que, en plus des treillis militaires saoudiens portés par plusieurs personnes, on aperçoit sur la vidéo un homme (voir notamment entre la 25e et la 40e seconde) portant un maillot bleu, celui de l’équipe de foot saoudienne Al-Hilal, sur lequel apparaît le logo blanc du sponsor, la compagnie de télécoms Mobily.

L’Arabie saoudite s’est engagée dans les combats qui opposent les rebelles zaïdites à l’armée yéménite après la mort, le 3 novembre 2009, d’un garde-frontière saoudien, tué par des rebelles infiltrés.

Selon l’adjoint du ministre saoudien de la Défense, le prince Khaled ben Sultan, l’armée saoudienne n’a commis aucun acte de torture à l’encontre des rebelles zaïdites. Il précise, en revanche, que 109 militaires saoudiens ont été tués durant les affrontements. Contacté par FRANCE 24, le porte-parole du ministère de la Défense, le brigadier Ibrahim al-Malek, a dit ignorer l’existence de cet enregistrement.

Depuis 2004, des guerres successives opposent l’armée yéménite et les rebelles zaïdites dans les provinces nord du pays, frontalières de l’Arabie saoudite. Sanaa, qui a lancé le 11 août une nouvelle offensive contre les rebelles zaïdites, les accuse de recevoir un soutien des milieux iraniens, sans toutefois désigner ouvertement le gouvernement de Téhéran. De leur côté, les rebelles accusent le pouvoir central de ne pas reconnaître leur identité zaïdite, l’une des branches du chiisme.

Des rebelles aux mains de l'armée saoudienne

Vidéo publiée sur YouTube par digitaltimedist, le 9 décembre 2009.

Selon le prince Khaled ben Sultan, l’armée saoudienne a capturé 1 500 personnes lors de ses opérations. Il estime à 300 ou 400 le nombre de rebelles faits prisonniers et indique que les autres seraient des trafiquants qui avaient l’habitude de traverser la frontière pour faire le commerce de différents produits.

"La majorité des Yéménites détenus par l’armée saoudienne sont des civils"

Mohammad al-Saeedi vit à Quatif, ville majoritairement chiite de l'est de l’Arabie saoudite. Ancien journaliste, il est aujourd’hui employé dans une entreprise de transports.

 

La majorité des Yéménites qui sont aux mains de l’armée saoudienne sont en fait des civils, qui traversent illégalement la frontière afin de fuir la guerre dans les provinces nord du pays. Ils espèrent trouver refuge chez des parents qui habitent en Arabie saoudite.

Le problème est que l’armée saoudienne mène cette guerre contre les rebelles yéménites zaïdites avec des motivations idéologiques et religieuses. Des cheikhs salafistes, à l’instar de Mohammed al-Arifi, sont même montés au front pour remonter le moral des troupes et participer aux combats contre la rébellion".

 

Le cheikh Mohammed al-Arifi sur le front. Vidéo publiée par ya3eoni, le 8 janvier 2010.