L'homme qui voulait acheter l'Amérique du Sud
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En 1991, le milliardaire américain Douglas Tompkins achète 170 km2 de terre en Patagonie Chilienne. Dix ans plus tard, il en acquit 3 000 km2 de plus. En ajoutant cinq autres terrains au Chili et trois en Argentine, Tompkins détient aujourd'hui 8 000 km2 de terre dans ces deux pays, ce qui fait de lui le plus gros propriétaire terrien particulier du monde. Son objectif ? Protéger les terres.
Pumalin, Chili. Photo : Sam Beebe/ Ecotrust, postée sur Flickr.
En 1991, le milliardaire américain Douglas Tompkins achète 170 km2 de terre en Patagonie chilienne. Dix ans plus tard, il en acquit 3 000 km2 de plus. En ajoutant cinq autres terrains au Chili et trois en Argentine, Tompkins détient aujourd'hui 8 000 km2 de terre dans ces deux pays, ce qui fait de lui le plus gros propriétaire terrien particulier du monde. Son objectif ? Protéger les terres.
Tompkins, qui a fait fortune en créant les marques The North Face et Esprit, n'a jamais hésité à mettre son argent au service de la préservation de l'environnement. Quand le gouvernement argentin manquait de fonds pour racheter une zone côtière qu'il souhaitait préserver, Tompkins et sa femme sont venus à sa rescousse. Cette terre, dont le couple a défini les grandes lignes de la préservation, est devenue le Parc national du Monte León.
Cette sensibilité aux problèmes environnementaux n'a pas toujours été bien comprise. Tompkins a par exemple été accusé de vouloir expulser les personnes installées sur ces terres, de chercher à bloquer la construction d'une autoroute, ou encore de travailler pour un groupe convoitant les ressources en eau de l'Amérique latine.
Tompkins limite pourtant le nombre de visiteurs (soit 9 000 par an) dans sa première réserve naturelle, le parc Pumalin, pour préserver ce bout de terre de la Patagonie chilienne. Actuellement, le parc est fermé aux visiteurs pour renforcer la protection de l'environnement après l'éruption du volcan Chaiten, en mai 2008.
Pumalin, Chili. Photo : Sam Beebe/ Ecotrust, postée sur Flickr.
Pudu dans le parc de Pumalín, Chili. Posté par Daniel Martínez Pereira sur Flickr.
"De nombreux particuliers sacrifient une partie de leurs revenus pour protéger des terres"
Claudia Sepulveda Luque est une environnementaliste chilienne. Elle a assisté à plusieurs initiatives privées de protection de l'environnement. Elle a visité plusieurs fois la zone de Pumalin, avant et après la création du parc.
Les polémiques concernant le parc de Pumalin n'ont rien à voir ni avec le projet en lui-même, ni avec la protection de l'environnement. C'est plus une histoire de politiciens qui n'arrivent pas à croire qu'un étranger puisse acheter autant de terres sans avoir derrière la tête d'obscures intentions. Le parc reste très bien considéré par les environnementalistes et les scientifiques.
Un autre homme d'affaires milliardaire - qui n'est autre que notrenouveau président, Sebastian Pinera - détient une zone protégée de taille similaire. Il y a plusieurs années, Pinera a acheté 1 800 km2 de terre sur l'île de Chiloe et l'a convertie en Tantauco, un parc construit sur le même modèle que Pumalin.
Mais Tompkins et Pinera ne sont pas les seuls. Ils ne représentent qu'une partie d'un mouvement social très intéressant qui a lieu au Chili. De plus en plus de gens réservent des terres pour en protéger la forêt ou les zones marécageuses et permettre à la végétation de se régénérer.
On estime à 500 le nombre d'initiatives privées au Chili. Elles sont lancées par des particuliers, des familles ou des communautés. Un tiers de ces zones protégées fait moins de 1 km2, ce qui est bien la preuve que ce n'est pas une question qui intéresse seulement les milliardaires. Ces gens font ça spontanément, sans aucun soutien du gouvernement. Pour ce faire, ils sacrifient même souvent une partie de leurs revenus.
La préservation de l'environnement est devenue un sujet central au Chili : une enquête nationale récente montre que 80 % des Chiliens considèrent que le nouveau gouvernement devrait gérer en priorité les problèmes environnementaux. Aussi surprenant que cela puisse paraitre, 58 % pensent que la préservation de l'environnement est fondamentale, même si à court terme elle doit affecter l'emploi ou les investissements étrangers."
Les parcs privés d'Amérique latine
Guanacos, parc national de Monte León, Argentine. Posté par Julián Ortiz sur Flickr.
Parc national de Monte León, Argentine. Posté par Julián Ortiz sur Flickr.
Coucher de soleil sur le parc national de Monte León, Argentine. Posté par Ricardo La Piettra sur Flickr.
Kris et Douglas Tompkins. Photo : Sam Beebe/ Ecotrust, posté sur Flickr.
Fjord de Reñihué, Pumalin, Chili. Photo : Sam Beebe/Ecotrust, postée sur Flickr.
Forêt d'araucarias, réserve privée d'El Cañi, Chili. Postée par Nick Warner sur Flickr.