Un officier de l’ONU reste impassible face à une bavure
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Un caméraman amateur a posté sur YouTube une vidéo dans laquelle on voit un pêcheur du Timor oriental se faire tabasser par les autorités locales sous les yeux d’un officier de l’ONU impassible. Le tort du pêcheur ? Avoir brandi une pancarte, interdite selon la police, sur laquelle on pouvait lire le nom de sa coopérative de pêcheurs. Lisez la suite et regardez la vidéo...
Un caméraman amateur a posté sur YouTube une vidéo dans laquelle on voit un pêcheur du Timor oriental se faire tabasser par les autorités locales sous les yeux d’un officier de l’ONU impassible. Le tort du pêcheur ? Avoir brandi une pancarte, interdite selon la police, sur laquelle on pouvait lire le nom de sa coopérative de pêcheurs.
L’incident s’est produit le 27 novembre dernier. Ce jour-là, s’ouvrait un concours international de pêche sur une plage du Timor oriental, ancienne annexe indonésienne où l’ONU exerce des missions de stabilisation politique depuis l'indépendance du pays en 2002. Cette manifestation, qui se déroulait sur l’île d’Atauro, devait justement promouvoir l’image du pays dans le reste du monde après des années de conflit. Ironie de l’histoire, le concours s’inscrivait dans le cadre d’une campagne de communication intitulée "Dili [la capitale du Timor oriental], ville de paix".
Après son arrestation musclée, Lhew Comacoshe, le pêcheur à la pancarte, a passé plusieurs heures en prison avant d’être libéré. Depuis, il a passé deux jours au Parlement de son pays pour prendre part à un débat sur les violences policières au cours duquel la vidéo a été diffusée.
Le pêcheur Lhew Comacoshe apparaît après 10 secondes de vidéo. On peut lire sur sa pancarte : "Groupe de pêche du sous-district de Maunroni d'Atauro, district de Dili". Vidéo postée sur YouTube par Alex Tilman le 23 janvier 2010.
"En dehors de leurs missions diplomatiques, les policiers de l'ONU ne sont pas très entreprenants"
Jose Teixeira est un député du Front révolutionnaire pour l'indépendance du Timor oriental, parti de l'opposition.Il a pris part au débat sur les violences policières au cours duquel la vidéo a été diffusée.
Ce jour-là, Lhew Comacoshe, membre d'une coopérative locale de pêcheurs, voulait simplement placer sa pancarte sur son bateau. Mais le chef du village où se tenait le concours le lui avait interdit, certainement parce que le pêcheur avait déposé auprès du gouvernement une plainte contre les autorités de l'île six mois plus tôt. Il a donc pris sa pancarte à la main et l'a brandie sur la plage, en soutenant qu'il ne faisait rien de mal.
Au bout d'une minute et 15 secondes de ce film, on en voit un frapper le pêcheur avec la crosse de son revolver. A côté de lui, l'officier de l'ONU que l'on reconnaît à son béret bleu, ne cille pas.
Dans cette zone, l'ONU est pourtant censée contrôler les forces de l'ordre. Mais le manque de réaction de l'officier ne me surprend pas. Les agents des Nations unies (Unpol) et les autorités locales travaillent désormais un peu chacun de leur côté et, en dehors de leurs missions diplomatiques, les policiers de l'ONU ne sont pas très entreprenants.
Ce jour-là, les policiers locaux, mal entraînés, étaient sur le qui-vive. Le président du Timor oriental, Jose Ramos-Horta, était en effet présent sur l'île d'Atauro. Depuis qu'il a échappé à une tentative d'assassinat il y a deux ans, chacun de ses déplacements s'effectue sous haute tension. La police voulait se montrer autoritaire, mais elle a dépassé les bornes.
N'oublions pas qu'au Timor oriental, nous revenons d'un régime de dictature. En 2001, alors que l'annexion indonésienne prenait fin, l'ONU a recruté les candidats avec un profil militaire pour former la nouvelle police du pays, c'est-à-dire des officiers qui servaient le régime d'occupation. Les mêmes qui avaient combattu les indépendantistes !"