BANGLADESH

L'impossible nettoyage de la rivière Buriganga

Le Bangladesh a entamé, le 1er janvier, le nettoyage d'un des cours d'eau les plus sales du monde, la rivière Buriganga. Alors que le gouvernement se félicite de cette initiative, les riverains, eux, continuent de... polluer. Lire la suite...

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Le Bangladesh a entamé, le 1er janvier, le nettoyage d'un des cours d'eau les plus sales du monde, la rivière Buriganga. Alors que le gouvernement se félicite de cette initiative, les riverains, eux, continuent de... polluer.

Dacca, la capitale du Bangladesh, où vivent près de 10 millions de personnes, est installée sur les berges du Buriganga. La plupart des ordures n'étant pas collectés par la ville, ils finissent dans les eaux de la rivière, où bon nombre d'usines déversent par ailleurs leurs déchets chimiques. Résultat : les eaux sont aujourd'hui si polluées qu'aucun poisson ne peut y survivre.

Les autorités bangalaises du transport maritime intérieur (BIWTA) a entamé, au début du mois de janvier, le nettoyage de 3 km de la rivière. Elle estime à 300 000 m3 le volume de détritus qui devraient être extraits des eaux. Cinq pelleteuses sont actuellement à l'œuvre pour se débarrasser de la couche de sacs plastique et de résidus alimentaires de plus de 3 mètres qui tapisse le fond du cours d'eau, pendant qu'une centaine de personnes nettoient à la main les rives jonchées d'ordures. Le coût de ce programme, financé par le ministère de l'Environnement, s'élève à plus de 2,5 millions d'euros.

Parallèlement, une nouvelle législation devrait bientôt inciter les habitants de Dacca à porter plainte contre ceux qui ont des comportements non respectueux de l'environnement.

"J'ai vu des gens rincer des habits pleins de teinture dans la rivière, à l'endroit même où les pelleteuses retiraient des tonnes de déchets"

Monirul Alam est photo-journaliste et blogueur à Dacca au Bangladesh. Il vit à proximité de la rivière Buriganga.

Cette initiative est formidable, mais elle doit être mieux organisée. Comme dans la plupart des pays d'Asie du Sud, les Bangalais vivent et travaillent près de la rivière. J'ai vu des gens rincer des habits pleins de teinture dans l'eau à l'endroit même où les pelleteuses retiraient des tonnes de déchets. Ce n'est pas parce quelques ONG se mobilisent que les choses vont changer. Ce projet sera vain si les autorités ne s'efforcent pas d'éduquer les habitants.

L'enjeu de cette dépollution n'est pas seulement de retrouver une eau potable, c'est aussi que la rivière puisse à nouveau servir aux marchands et aux touristes.

Par ailleurs, le nettoyage se fait très lentement et la plupart des déchets sont abandonnés sur la rive, ce qui constitue un problème sanitaire, notamment les jours de pluie. J'espère sincèrement que ce nettoyage sera bientôt pris plus au sérieux par tout le monde."

Les détritus dans le Buriganga, janvier 2010. Photo : Monirul Alam

Des habitants de Dacca continuent à rincer la teinture des habits dans les eaux de la rivière, janvier 2010. Photo : Monirul Alam

 

Une pelleteuse retire des déchets près du pont Buriganga, janvier 2010. 3 000 tonnes doivent être retirées d'ici juin 2011 dans la région. Photo : Monirul Alam

Février 2008, nettoyage de teinture dans la rivière Buriganga. Photo : Monirul Alam

Décembre 2009 Photo postée par Osmini Samanidou sur Flickr.

Décembre 2009. Photo postée par Osmini Samanidou sur Flickr.

 

Décembre 2009. Photo postée par Osmini Samanidou sur Flickr.