Rasée par la police, la "jungle" est reconstruite le soir même
La police a détruit un camp de migrants à Dunkerque, mardi matin, et arrêté une cinquantaine de personnes qui y habitaient. Notre Observateur sur place nous explique que, le soir même, des clandestins commençaient à reconstruire leur "jungle". Lire son commentaire et ses photos.
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La police a détruit un camp de migrants à Dunkerque, mardi matin, et arrêté une cinquantaine de personnes qui y habitaient. Notre Observateur sur place nous explique que, le soir même, des clandestins commençaient à reconstruire leur "jungle".
Aïssa Zaibet est conseiller principal d'éducation dans un lycée de Dunkerque. Il est également membre du Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (MRAP). Il aide les migrants du camp de Loon-Plage depuis près de sept ans.
L'opération a débuté à 7h30. Quand je suis arrivé sur les lieux, les policiers détruisaient les cabanes et menottaient les Afghans et les Irakiens qui les occupaient. Ensuite, des bulldozers ont détruit leurs abris de fortune. Ce type d'opération est parfaitement inutile. Le soir même, des migrants reconstruisaient le campement au même endroit.
Il y a cinq mois, la police avait fait exactement la même chose. C'est toujours pareil. Elle vient, arrête des migrants et détruit leurs cahutes. Ceux qui ont réussi à s'enfuir reviennent immédiatement et les reconstruisent avec des matériaux que nous leur fournissons. Ceux qui ont été arrêtés sont relâchés une semaine plus tard, avec ordre de quitter le pays - ils ne sont pas expulsés en charter car, en France, les associations résistent [trois Afghans ont été, toutefois, expulsés le 20 octobre]. Et puis tout recommence...
Ces migrants cherchent à gagner l'Angleterre. Ils viennent à Loon-Plage parce que c'est à moins de 300 mètres du terminal des ferries de Dunkerque. Là-bas, ils tentent de se glisser dans les remorques ou sur les essieux des camions pour embarquer clandestinement. Et ça marche. Ils mettent entre trois jours et quatre mois pour passer, mais ils y arrivent presque toujours.
Tout le monde a parlé de la destruction de la jungle de Calais. Mais ce ne sont que des actions médiatiques. Cela ne règle rien.
Aïssa Zaibet, pour le MRAP.
Aïssa Zaibet, pour le MRAP.