Vidéo : la rock star Juanes s’énerve contre les espions cubains
La star colombienne du rock Juanes a donné un concert pour la paix en compagnie de 14 autres artistes hispaniques à la Havane, le 20 septembre. Mais il a bien failli annuler sa représentation quand il a réalisé que les autorités cubaines l'espionnaient. Une vidéo, filmée par un téléphone portable, montre le chanteur piquant une colère noire devant les producteurs cubains du spectacle. Lire la suite et voir la vidéo...
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La star colombienne du rock Juanes a donné un concert pour la paix en compagnie de 14 autres artistes hispaniques à la Havane, le 20 septembre. Mais il a bien failli annuler sa représentation quand il a réalisé que les autorités cubaines l'espionnaient. Une vidéo, filmée par un téléphone portable, montre le chanteur piquant une colère noire devant les producteurs cubains du spectacle.
Dans le hall de leur hôtel, Juanes et le chanteur espagnol Miguel Bosé s'emportent contre les pratiques des autorités, qui ont pris tout un tas de mesures pour prévenir un éventuel dérapage pendant le concert. Après que les deux hommes aient menacé de ne pas monter sur scène, la chanteuse porto-ricaine Olga Tanon, et un membre du groupe de rap Orishas, parviennent finalement à les convaincre de participer au concert.
La vidéo a été publiée sur Internet par la journaliste cubaine vivant à l'étranger Leticia del Monte, qui a filmé la scène sur son téléphone. "Pour la première fois, Juanes a pris en pleine figure la réalité de l'oppression que subissent 11 millions de Cubains chaque année", a-t-elle confiée lors d'une interview télévisée.
Extraits de la vidéo où Juanes pique une colère
Traduction partielle de la scène :
Miguel Bosé : Il n'y aura pas de concert ! Il n'y aura pas de concert ! On ne peut plus le faire. Impossible de montrer plus de bonne volonté que ce que nous avons déjà montré. Nous avons tout accepté, tout. On a tenu notre parole, on est venu sans à priori politique. Qu'un responsable s'occupe de ça tout de suite ou il n'y aura pas de concert.
Inconnu : Mais il n'y avait pas de policiers là-bas, juste des artistes.
Juanes (s'adressant à la personne inconnue) : Putain, non. N'importe quoi, mano. Ne me XXX pas frère.
Miguel Bosé : Non c'est fini, c'est fini, stop !
Juanes : Alors dis-moi, on fait quoi ? On quitte Cuba maintenant ? On est fâchés, on est vraiment fâchés ! Vraiment fâchés, vraiment fâchés, tu comprends ? C'est pas normal.
Olga Tanon : Peut-être qu'ils n'adoptent pas une attitude agressive, mais on ne peut pas... Ok, on est fâchés, mais va en paix...
Juanes : Simplement, on ne peut pas privés de concert ceux qui sont venus nous voir. S'ils ne portent pas de T-shirt blancs, ils ne peuvent pas rentrer ? Qu'est-ce que c'est que ça ?
Olga Tanon : On ne peut pas communiquer de la même manière qu'eux. Juanes, Juanes, si on arrête tout maintenant, ce sont eux qui gagnent. Tu comprends ça ?
La deuxième partie de la vidéo est un extrait audio sur lequel Juanes prétend que le serveur de l'hôtel est un espion.
"Alors dis-moi, on fait quoi ? On quitte Cuba maintenant ? On est fâchés, on est vraiment fâchés ! Vraiment fâchés, vraiment fâchés, tu comprends ? On est venus ici pour chanter pour les jeunes, pour le futur de Cuba. Et on doit faire face à tellement de censure. Assez, ça doit cesser. Je viens de réaliser que le gars qui m'a servi mon petit-déjeuner hier était aussi à la répétition du concert, et maintenant je le vois qui se cache dans des coins pour envoyer des textos. Il se passe quoi ici ?"
"Quand Juanes a craqué et s'est mis à pleurer, j'ai trouvé que c'était un peu naïf"
Ernesto est un blogueur cubain. Il habite en Espagne.Juanes a réalisé (un peu tard) que son concert avait toutes les chances d'être instrumentalisé par le gouvernement cubain. Il a subi beaucoup de pression de la part des Cubains exilés à Miami, où il vit, et s'est retrouvé dans une position délicate. Arrivé à Cuba, trois choses l'ont mis en colère :
1. La zone devant la scène avait été réservée à des gens triés sur le volet par les autorités cubaines, pour des soi-disant 'raisons de sécurité'.
2. Les autorités ont voulu bloquer l'accès à tous ceux qui ne portaient pas un T-shirt blanc. En théorie, pour respecter le thème 'Paix' du concert, mais en réalité c'était pour éviter que des gens du public ne portent des T-shirt avec des messages politiques d'opposition, mais certains ont quand même réussi à passer.
3. Lui et les autres personnes venues pour participer au concert étaient surveillées de près depuis le moment où ils ont posé un pied à Cuba et ceci afin d'éviter tout évènement imprévu. Et c'est ce qui a finalement fait exploser Juanes.
Les autorités cubaines n'étaient pas soucieuses de la sécurité comme c'est le cas dans la plupart des concerts du monde. Elles ne voulaient simplement pas voir un seul acte d'opposition politique sur scène. Et au moment où toutes les caméras étaient braquées sur le concert, une répression aurait terni l'image de Cuba. C'est pour cette raison qu'ils ont arrêté des dissidents, par mesure préventive, et qu'ils ont surveillé de très près les participants au concert.
L'explication de l'incident donnée par le journal officiel 'Granma' n'est absolument pas crédible. Dans l'extrait audio de la dispute, on entend clairement Juanes se plaindre car il a remarqué que quelqu'un le suivait à son hôtel, dans les rues et pendant les répétitions du concert. 'Granma' affirme qu'il y a du avoir 'confusion' (sans expliquer exactement d'où venait cette confusion) et que la personne que le chanteur avait vue à l'hôtel était simplement le sommelier. Ils ont affirmé que la vidéo était un montage alors qu'elle avait en fait été filmée avec un iPhone par un journaliste, qui a, plus tard, donné sa version des faits.
Quand Juanes a craqué et s'est mis à pleurer, j'ai trouvé que c'était un peu naïf de sa part. Après l'incident, ni lui ni son entourage n'a voulu commenter la vidéo pour des raisons 'diplomatiques'.
Pour les Cubains, Juanes est comme un envoyé d'un monde lointain mais réconfortant. Pour les habitants de l'île, son concert était l'occasion de se déconnecter de la dure réalité de leur quotidien. Les Cubains en exil sont plus critiques parce qu'ils vivent dans des démocraties. Ils ont une image bien plus controversée de la situation."