ISRAËL

Un mur de séparation flottant à Tel Aviv

L'artiste israélienne Shelly Federman a imaginé une curieuse structure rappelant le mur de séparation entre Israël et les Territoires palestiniens. À ceci près que celui-ci est en polystyrène et peut aussi servir... de matelas gonflable. Lire la suite et voir les photos...

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L'artiste israélienne Shelly Federman a imaginé une curieuse structure rappelant le mur de séparation entre Israël et les Territoires palestiniens. À ceci près que celui-ci est en polystyrène et peut aussi servir... de matelas flottant.

L'installation "Mur flottant" a été exposée une journée sur une plage de Tel Aviv, puis présentée pendant trois semaines au festival "Art TLV".

Cette œuvre controversée, qui veut attirer l'attention sur "les réalités complexes de la vie en Israël", selon sa créatrice, était une des pièces principales de le soirée d'inauguration de l'exposition artistique. Shelly Federman raconte ce qu'il l'a inspiré et les réactions de ses concitoyens. 

Ces photos ont été prises par Shelly Federman.

"Tout le monde a reconnu le mur de séparation, qui est profondément ancré dans l'inconscient collectif"

Shelly Federman est une artiste contemporaine israélienne. Elle vit à Tel Aviv.

J'ai conçu cette œuvre comme une dénonciation claire du mur de séparation. Je voulais montrer qu'en Israël, si on avait la possibilité de s'allonger tranquillement sur la plage, en contrepartie d'autres personnes devaient souffrir. L'œuvre s'adresse surtout à un public israélien : à force de vivre avec insouciance, les gens oublient l'autre versant des choses et cette expo est un moyen de leur rappeler le prix des bons moments qu'ils passent sur la plage.  

Le mur a été installé une journée sur la plage, juste assez pour pouvoir le filmer et le présenter ensuite à l'exposition. Je n'avais pas d'autorisation et je m'attendais à me faire expulser, mais ça n'a pas été le cas. J'ai installé le mur sur la plage qui se situe à proximité du quartier arabe de Jaffa pour susciter le plus de réactions possibles. Ce qui est surprenant, c'est qu'absolument tout le monde a reconnu le mur de séparation.

Même si c'est une structure très simple, et qu'elle pourrait faire référence à n'importe quelle structure de béton, c'est le mur qui est venu tout de suite à l'esprit des gens - il est profondément ancré dans l'inconscient collectif.

Curieusement, les Arabes israéliens étaient bien plus à l'aise avec le mur que les juifs israéliens. Le lendemain de l'inauguration de l'exposition, plusieurs articles ont été publiés sur mon œuvre dans les médias israéliens. Il y a eu des centaines de réactions en ligne, certaines très désagréables. La vérité, c'est que les Israéliens ont commencé à apprécier le mur car il a amélioré la sécurité intérieure du pays, mais ils ne veulent pas avoir à trop y penser.

A l'exposition de Tel Aviv, j'ai volontairement posé les blocs à côté de la vidéo. Les gens étaient tentés de s'allonger, les enfants de jouer, mais en même temps, c'était une image dérangeante qui générait des sentiments contradictoires. Certaines femmes ont marché sur le mur avec leurs talons aiguilles en pensant qu'il s'agissait de ciment. Ça a fait des trous qui ressemblaient à des impacts de balles. L'œuvre en était d'autant plus réaliste."