Elles disent "non" au tourisme sexuel, et de quelle façon !
Publié le : Modifié le :
"L’Ukraine n’est pas un bordel", tel est leur slogan. Leurs armes : se déshabiller en public le jour de la fête de l’indépendance, ou jeter des gâteaux sur les "sexistes".
"L’Ukraine n’est pas un bordel", tel est leur slogan. Leurs armes : se déshabiller en public le jour de la fête de l’indépendance, ou jeter des gâteaux sur les "sexistes".
Le coût de la vie en Ukraine est presque aussi élevé qu’en Europe de l’Ouest. Et pourtant, le salaire moyen n’y est que de 300 euros par mois. La pauvreté et la législation particulièrement souple du pays en matière de visas expliquent en partie pourquoi ce pays est devenu la première destination d’Europe pour le tourisme sexuel. Bien qu’elle soit illégale en Ukraine, la prostitution y est pourtant omniprésente, notamment sur Internet. Des sites décrivent les prestations avec précision et expliquent que les prostituées ukrainiennes sont "ouvertes à toutes les formes de sexe".
L'association Femen lutte contre l’hypocrisie de la société, et surtout du gouvernement ukrainien, sur ce sujet. Leurs méthodes sont radicales… Pensez-vous qu’elles puissent être efficaces ? Réagissez.
Femen fait le spectacle à Kiev
Boycottage de la fête de l’indépendance, le 24 août 2009.
Une des filles habillée en Marianne ukrainienne. 24 août 2009.
Les filles patrouillent dans la principale rue de Kiev, disant leurs quatre vérités aux hommes. "Touristes étrangers et visiteurs de notre pays : beaucoup de vos compatriotes pensent que nous sommes des prostituées. Merci de nous voir autrement."
Alexandra, membre de Femen, jette un gâteau à la crème sur Oles Buzina, célèbre pour son livre "Femmes, retournez au harem" et pour ses prises de position contre le droit des femmes à dire non aux rapports sexuels. Avril 2009.
Anna et DJ Hell, un supporter allemand de l’association, lors d’une manifestation sur la place centrale de Kiev, le 23 mai 2009.
Toutes ces photos sont postées sur la page MySpace de Femen.
"Les gens ne s’intéresseraient pas à notre message si nous n’étions pas habillées de cette façon"
Anna Hutsol a fondé Femen en 1998.
J’ai lancé cette association parce que j’ai réalisé que notre pays manquait cruellement de militantes : l’Ukraine est un pays dominé par des hommes, où les femmes sont passives.
Si l'on nous compare à nos voisins, nous offrons des conditions très favorables au tourisme sexuel : des visas gratuits pour les ressortissants de l’Union européenne et des États-Unis, des infrastructures développées, des prix abordables pour les vols et les hôtels. Il y a aussi un mythe autour de la femme ukrainienne, qui serait sexy et adorerait les étrangers.
Mais la faute incombe aussi au gouvernement qui ne fait rien pour lutter contre ce fléau. L’industrie du sexe n’est jamais punie. L’amende pour avoir eu une relation sexuelle monnayée est de cinq euros ! Et les maquereaux ne risquent que trois à huit ans de prison. Ils ne sont de toute façon jamais arrêtés car ils versent des pots-de-vin à la police.
Officiellement, il y a 12 000 prostituées en Ukraine. En réalité, il y en a beaucoup plus. Ce chiffre n’inclut pas toutes celles qui n'ont jamais été interpellées par la police. Le plus effrayant est que 70 % des filles connues des services de police ont moins de 18 ans.
Avec Femen, nous avons inventé une façon unique de nous exprimer, basée sur la créativité, le courage, l’humour, l’efficacité, sans hésiter à choquer. Les gens ne s’intéresseraient pas à notre message si nous n’étions pas habillées de cette façon. Pour la cause, nous n’avons pas peur de nous mettre seins nus ou de porter des bikinis.