RUSSIE

Poutine n'aime pas les punks

Pas étonnant que l'on ne trouve pas le groupe punk PTVP à la télé russe quand on connaît les paroles de leur dernière chanson : "Ne l'écoutez pas [Poutine], un cochon trouvera toujours de la merde pour se rouler dedans".  L'un de nos Observateurs, pro-Kremlin, explique toutefois que cela n'a rien à voir avec la politique.  Lire la suite...

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Pas étonnant que l'on ne trouve pas le groupe punk PTVP à la télé russe quand on connaît les paroles de leur dernière chanson : "Ne l'écoutez pas [Poutine], un cochon trouvera toujours de la merde pour se rouler dedans".  L'un de nos Observateurs, pro-Kremlin, explique toutefois que cela n'a rien à voir avec la politique.

Le punk a quasiment disparu des médias russes depuis l'arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine en 2000. La semaine dernière, l'un de nos Observateurs expliquait même que les fans de ce type de musique venaient d'être ajoutés à une liste d'individus "extrémistes" qu'il convient de surveiller. 

Ce bannissement a poussé de nombreux groupes punks vers une musique plus consensuelle, mais pas PTVP (The Last Tanks in Paris). Et depuis qu'une dépêche de l'AFP  a traduit les paroles de leur chanson anti-Poutine, les médias occidentaux ne jurent que par ce groupe.

La chanson qui fait allusion à Vladimir Poutine s'appelle "La pute du FSB" (le FSB a succédé au KGB). Ses paroles vont droit au but :

Il vous ment toujours

Il ne faut pas l'écouter

Poutine, Poutine, Poutine,

Un cochon trouvera toujours de la merde pour se rouler dedans.

Dans son répertoire, le groupe a d'autres chansons où il s'en prend au Premier ministre russe. Sur cette vidéo, on les voit chanter par exemple "God save Poutine" dans un club de Moscou, en novembre 2007. Avant de commencer, le chanteur, Alexeï Nikonov, récite quelques vers à propos de Poutine, "le rat".

Russie: "Un million de kilomètres de merde"

Concert à Londres. Vidéo postée ici. Les paroles ont été traduites par Ostap Karmodi :

Bonjour Beslan, Bonjour Tchétchénie, bonjour les flics, bonjour mon pays

Mon pays libre, mon pays libre, mon pays libre, un million de kilomètres de merde

Bonjour Nord-Ost, bonjour Moscou, bonjour le peuple, bonjour mon pays

Mon pays libre, mon pays libre, mon pays libre, un million de kilomètres de merde.

Beslan fait référence au massacre, en 2004, de 200 enfants par des séparatistes tchétchènes dans la ville de Beslan, en Ossétie du Nord.

Nord-Ost fait référence à la prise d'otages organisée par des séparatistes tchétchènes dans un théâtre de Moscou, en 2002. Plus de 100 otages y avaient trouvé la mort.

"God Save Putin"

Vidéo postée ici. Traduction par notre Observateur Ostap Karmodi. Sous-titres par FRANCE 24.

"On ne les a pas censurés parce qu'ils sont contre le gouvernement, mais parce que ce sont des punks"

Yuri Jakor est membre de Nashi, un mouvement de jeunes activistes pro-Kremlin.

Je n'aime pas les PTVP, mais pas à cause de leurs prises de position politiques : ce qui me dérange, ce sont leurs paroles en général. Une de leurs chansons les plus connues commence par "J'ai fait un trou dans ma main avec un tire-bouchon" (Я проткнул себе руку шилом). De tels propos peuvent sembler normaux en France étant donné l'histoire littéraire particulière du pays (des poètes comme Charles Baudelaire), mais pour la Russie, c'est trop radical.

On ne les a pas censurés parce qu'ils sont contre le gouvernement, mais parce que ce sont des punks. Et en Russie, c'est simple, on ne laisse pas passer les punks à la télévision ou à la radio. Le genre de musique qui passe à la télévision russe, c'est ce qu'on voit sur MTV ou des concerts de pop officiels.  Même le plus grand groupe russe de punk Grazdanskaya Oborona n'est jamais passé à la télévision.

La seule musique punk qui est diffusée, c'est celle de groupes comme Korol I Shut [un groupe de pop-punk dont les textes s'inspirent de la mythologie]. Et ce n'est pas du vrai punk.

De toutes façons,  PTVP et son leader Alexeï Nikonov ont choisi cette image d'opposants au gouvernement seulement pour gagner de l'argent. Un punk ne peut pas être en accord avec le gouvernement : c'est un punk. Comme ils ne sont pas dans la capitale, ils ne peuvent pas vendre de la pop ou du R'n'B. Donc, pour gagner leur vie, ils ont trouvé un autre créneau : ils font des concerts de rock dans des clubs hors de prix de leur ville, Saint-Petersbourg. PTVP fait un ou deux concerts dans les meilleurs clubs de cette ville tous les mois. 

Et ce n'est  même pas le premier groupe anti-gouvernement. Yuri Shevchuk, le leader du groupe de rock le plus populaire de Russie, DDT, chantait en 2002 "Poutine fait le tour du pays, mais on est dans la merde". Il voulait faire naître une révolution Orange en Russie.

La seule raison pour laquelle ce groupe attire l'attention, c'est qu'une grande partie de la presse cherche à présenter Poutine comme un dictateur. Et bien que ce ne soit pas vrai, les journalistes s'en fichent. Je ne pense vraiment pas que PTVP apprécie moins Poutine que les Sex Pistols appréciaient la reine d'Angleterre ou que Georges Michael apprécie Tony Blair."