Bientôt les élections
Publié le : Modifié le :
Cela fait un peu plus de deux mois que l'ancien président du Gabon, Omar Bongo Ondimba, est décédé, après 41 ans passés à la tête du pays. Le 30 août, les électeurs désigneront son successeur.
Cela fait un peu plus de deux mois que l'ancien président du Gabon, Omar Bongo Ondimba, est décédé, après 41 ans passés à la tête du pays. Le 30 août, les électeurs désigneront son successeur. Qu'est-ce que les Gabonais attendent de leur futur président ?
Vingt-trois candidats seront en lice lors d'un scrutin à un tour. Parmi les favoris, le fils de l'ancien président, Ali ben Bongo Odimba, soutenu par le parti de son père, le Parti démocratique gabonais.
Ses principaux rivaux, l'ancien Premier ministre Casimir Oye Mba et le candidat d'opposition Pierre Mamboundou, qui dirige l'Alliance pour le changement et la restauration (ACR), s'inquiètent d'un passage en force de la dynastie Bongo et dénoncent la perpétuation de la Françafrique.
Un autre prétendant sérieux, Bruno ben Moubamba, a décidé de se mettre en grève de la faim à la suite de la publication de listes électorales prétendument frauduleuses. Selon lui, "30 % d'électeurs fictifs ont été inscrits sur les listes électorales au profit du candidat Bongo, qui bénéficie de solides réseaux au sein de l'armée et de l'administration".
A deux semaines du scrutin, nous invitons nos Observateurs et nos lecteurs gabonais à nous dire ce qu'ils attendent de leur prochain président.
Envoyez-nous vos textes à observers@france24.com, ou inscrivez-vous sur le site et postez votre texte directement dans les commentaires sous ce billet. Toutes les opinions sont les bienvenues, quelle que soit leur tendance politique.
Voici quelques questions auxquelles vous pouvez répondre, mais vous êtes libres d'aborder d'autres thèmes.
- Qu'attendez vous que le nouveau président change dans votre vie ?
- Quels sont les grands chantiers de politique intérieure qu'il devra entreprendre ? Et au niveau de la politique internationale ?
- Quelles relations souhaitez-vous que le prochain président entretienne avec la France?
- Les élections vont-elles, selon vous, se dérouler dans le calme ?
- Pensez-vous que ces élections seront libres ? Si tel n'est pas le cas, quelles sont les types fraudes possibles ?
"Le peuple attend tellement de cet événement que le moindre soupçon d'irrégularité peut créer un embrasement"
Yannick Elydjaf Meyo Bibang est un Franco-Gabonais qui travaille dans l'événementiel à Paris.
Le souhait de tous les Gabonais est de voir l'élection se dérouler dans le calme. Mais le peuple attend tellement de cet événement que le moindre soupçon d'irrégularité peut créer un embrasement.
J'espère qu'il n'y aura pas de fraudes. Notre association, I Love Libreville, est à l'origine d'une pétition pour des élections libres et régulières au Gabon nommée "Touche pas à mon vote".
Les fraudes possibles sont les mêmes que celles que l'ont peut observer en Afrique, en Occident ou ailleurs : électeurs fictifs, bureaux de vote parallèles, bourrage d'urnes, corruption d'électeurs, intimidation, etc.
Je n'attends pas du nouveau président qu'il change ma vie, mais qu'il soit déjà reconnaissant de la confiance du peuple gabonais serait, pour moi, synonyme de satisfaction.
La redistribution des richesses (justice sociale, cohésion et paix sociale, etc.), l'éducation et la santé seront, selon moi, des chantiers fondamentaux. Au niveau international, il faudrarenforcer l'influence du Gabon dans la gestion des conflits africains en s'inspirant du bilan du président Omar Bongo Ondimba. Le prochain président doit pouvoir conserver l'influence du Gabon et savoir faire preuve de fermeté envers la France.
Aucun candidat ne répond aujourd'hui à mes attentes. Mais les candidats que je pense être les plus "sérieux" sont selon moi : Ali Bongo, Casimir Oye Mba et Pierre Mamboundou."
Ali Bongo, futur président ?
Photo postée sur le site de l'Union des jeunes du Parti démocratique gabonais de France
"Le prochain président devra réexaminer tous les contrats que nous avons signés avec l'étranger"
Nicaise Moulombi est le président de l'ONG Croissance saine environnement et le directeur de la publication du même nom.
Dès le 10 Juin [2 jours après le décès d'Omar Bongo, ndlr], notre ONG et plusieurs autres organisations de la société civile avons présenté une pétition à la présidente par intérim pour expliquer tout ce que nous attendions de cette transition. Elle doit être démocratique, transparente et respecter nos acquis et notre relative stabilité. Et cela ne sera possible que si le Conseil constitutionnel, le ministère de l'Intérieur et la Commission électorale nationale autonome et permanente (CENAP) ne font pas le choix de la corruption.
Pourtant des signes avant coureur de fraude ont déjà été relevés. Sur les listes électorales, des noms d'inscrits disparaissent et des noms de personnes décédés apparaissent; il y aussi des doublons. Nous avons envoyé une liste au ministère de l'Intérieur pour que 120 observateurs soient nommés pour surveiller les élections, mais nous n'avons pas encore de réponse. On doute de la bonne foi du ministre.
Ce que je souhaite c'est que le prochain président, qui n'aura aucun engagement hérité du passé, réexamine tous les contrats que nous avons signé avec l'étranger, qu'il s'agisse de contrats miniers, pétroliers ou forestiers. Il doit s'engager à faire un audit de toutes les privatisations d'entreprises qui n'ont fait qu'aggraver la pauvreté au bénéfice des membres du ministère de Finances.
Le dossier Belinga aussi doit être remis à plat [les organisations de la société civile auraient été écartées par le gouvernement des négociations du contrat "Belinga" signé avec une société chinoise en 2008, ndlr]. Certains compatriotes ont touché de l'argent, il faut les juger. Sans compter les impacts environnementaux de ce projet qui doivent être évalués.
La France, de son côté, doit comprendre qu'elle a souvent bénéficié de faveurs de la part du Gabon, mais que dorénavant, même si nous gardons des liens très forts avec ce pays, si le Brésil, par exemple, offre des contrats plus intéressants, nous signerons avec le Brésil. Sarkozy avait parlé de "co-développement" lors de sa venue au Gabon, le nouveau président devra essayer de savoir ce qu'il voulait dire exactement."