Mort du chef des "Taliban nigérians" : une vidéo contredit la version officielle
Un extrait vidéo présente Mohammed Yusuf, le chef d'une secte islamiste nigériane, interrogé par l'armée. Quelques heures après cet interrogatoire, son corps sera retrouvé criblé de balles. Selon nos Observateurs nigérians, cette vidéo prouve qu'il n'a pas été tué lors d'un échange de coups de feu avec la police, contrairement a ce qu'ont annoncé les autorités. Voir la vidéo...
Publié le : Modifié le :
Un extrait vidéo présente Mohammed Yusuf, le chef d'une secte islamiste nigériane, interrogé par l'armée. Quelques heures après cet interrogatoire, son corps sera retrouvé criblé de balles. Selon nos Observateurs nigérians, cette vidéo prouve qu'il n'a pas été tué lors d'un échange de coups de feu avec la police, contrairement à ce qu'ont annoncé les autorités.
Les circonstances de la mort de Mohammed Yusuf restent obscures. Accusé d'avoir mis l'État de Borno (nord du Nigeria) à feu et à sang, ce chef de la secte islamiste Boko Haram a été retrouvé criblé de balles devant un poste de police, le dimanche 2 août.
Il a d'abord été annoncé qu'il avait trouvé la mort lors d'un échange de coups de feu. Mais des contradictions entre la version de l'armée et celle de la police ont laissé apparaître qu'il avait, en fait, été arrêté et détenu avant sa mort. Il aurait été appréhendé par l'armée dans la ville de Maiduguri, au milieu de l'enclos à chèvres de sa femme. Les militaires l'ont ensuite interrogé avant de le livrer à la police. C'est une vidéo de cet interrogatoire qui nous est parvenue. On peut y voir Mohammed Yusuf répondre aux questions des militaires.
La police affirme toujours que le chef des "Talibans nigérians" est mort en essayant de s'enfuir. De son côté, le président nigérian, Umaru Yar'Adua, a demandé l'ouverture d'une enquête sur les circonstances de sa mort.
"Si seulement l'un de ces chefs religieux passait devant les tribunaux, on en saurait plus… Mais au lieu de cela, ils sont souvent tués en détention"
Philip Adekunle, 54 ans, gère le site The Nigerian Village Square. Il a quitté le Nigeria à l'âge de 19 ans et vit depuis à Washington. On lui a envoyé cette vidéo qu'il a ensuite postée sur son site.
Mohammed Yusuf était relativement peu connu avant sa mort. Il est l'un de ces nombreux fanatiques religieux qui connaissent tous la même fin. Ils surgissent de l'ombre, créent de nombreux problèmes puis se font tuer. On aimerait beaucoup que, pour une fois, l'un de ces fous passe devant un tribunal. J'étais furieux quand j'ai appris qu'il avait été tué.
Ce qui se passe dans le nord du pays n'est pas simplement une crise religieuse. C'est bien plus compliqué que ça. Derrière cette façade se cache tout un aspect politique. Le problème c'est que la zone de Borno est tellement pauvre que certaines personnes finissent par rejoindre ce genre de mouvements. Si seulement l'un de ces chefs religieux passait devant les tribunaux, on en saurait plus... Mais au lieu de cela, ils sont souvent tués en détention. Voilà comment la justice est rendue au Nigeria. Quelque fût la volonté de cet homme, il est mort maintenant, on n'en saura jamais davantage."
Accusations de meurtres
En plus des accusations portant sur la mort de Mohammed Yusuf, les autorités nigérianes doivent faire face à d'autres accusations provenant des groupes de défense des droits de l'Homme. Alors que les forces de l'ordre affirment n'avoir abattu que des militants extrémistes lors des combats, une autre vidéo semble montrer le contraire. Sur ces images, filmées par un témoin à Maiduguri, on peut voir des soldats ouvrir le feu sur des civils, apparemment sans défense.
Un internaute a envoyé cette vidéo au site The Nigerian Village Square avec ce commentaire :
"Je suis un habitant de Maiduguri et un témoin de la crise que nous traversons. Les hommes avec des barbes se font tirer dessus systématiquement (...) Des civils innocents sont exécutés par l'armée et par la police."
L'interrogatoire
La source de la vidéo reste inconnue. Traduction du haoussa par le quotidien nigérian "Next".
La vidéo continue pendant 5 minutes avant que les militaires y mettent un terme. Mohammed Yusuf indique notamment que ses partisans ont commencé à se battre après avoir été attaqués par la police et il réfute toute aide d’un pays extérieur.