CUBA

"Raul Castro a raison, on ne le voit plus"

Samedi dernier, Cuba fêtait le 56e anniversaire de la Révolution. Pour la troisième année consécutive, Raul Castro prononçait un discours à cette occasion. L'une de nos Observatrices sur place, Yoani Sanchez, a regardé la prestation du général à la télévision.

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Samedi dernier, Cuba fêtait le 56e anniversaire de la Révolution. Pour la troisième année consécutive, Raul Castro prononçait un discours à cette occasion. L'une de nos Observatrices sur place, Yoani Sanchez, a regardé la prestation du général à la télévision. Voilà ce qu'elle en a pensé...

“La foule de pulls rouges et blancs écoutait un vieil orateur qui avait, somme toute, peu de choses à dire”

"Je suis sûr qu'aucun d'entre vous ne peut me voir. Peut-être apercevez-vous une ombre. Et bien, c'est moi." Les premiers mots du discours de Raul Castro diffusé à la télévision cubaine. Filmé par Yoani.

Voir le discours en entier en cliquant ici (en espagnol).

 

Yoani Sanchez écrit le blog Generacion Y depuis La Havane.

  Les Cubains ont baptisé le discours prononcé par Raul Castro en 2007  "le discours de lait" après que le chef de l'Etat cubain ait appelé à une augmentation de la production des produits laitiers. L'année suivante, pour le même anniversaire, Castro faisait encore plus fort en concentrant son discours sur les problèmes d'eau dans la province de Santiago de Cuba. Cette année, il semble que l'on retiendra de son discours que ses premières phrases. "Je suis sûr qu'aucun d'entre vous ne peut me voir. Peut-être apercevez vous une ombre. Et bien, c'est moi."

Le général n'a fait aucune annonce digne de ce nom. Il n'a pas fait allusion à la branche d'olivier qu'il avait dit vouloir offrir à l'administration américaine. Il n'a pas non plus parlé de projets pour l'avenir ou de la gestion de la crise et encore moins des célébrations qui auront lieu à l'occasion du sixième Congrès du Parti communiste [prévu pour fin 2009]. C'est à peine s'il a mentionné les prochaines réunions gouvernementales pendant lesquelles, apparemment, certaines décisions devraient être prises. 

Sous le soleil cubain, la foule de pulls rouges et blancs écoutait un vieil orateur qui avait, somme toute, peu de choses à dire. Les applaudissements ont résonné sans enthousiasme et, à travers l'écran de télévision, j'ai senti une envie partagée d'en finir avec les formalités de cette commémoration.

Sur le chemin du retour, les milliers de personnes qui étaient venues assister à l'évènement avaient peu de choses à raconter sur le leader, qui, même sans les problèmes d'éclairage, n'aurait pas brillé.

Ce discours sera le 'discours de l'ombre' parce que la clarté, c'est quelque chose que les autorités ont du mal à apprivoiser, et c'est surtout quelque chose qui pourrait jurer avec un uniforme militaire.

Raul Castro a raison : on ne le voit plus, parce que le crépuscule, qu'il représente, manque depuis longtemps de lumière."