Émeutes au Xinjiang : version officielle contre version Internet
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140 personnes sont mortes dans des affrontements, dimanche à Urumqi, entre la police chinoise et des manifestants ouïghours, un ethnie musulmane de la région du Xinjiang (nord-ouest). Comme à chaque fois que ce type d'émeutes éclate en Chine, deux versions s'affrontent : les télévisions officielles ne montrent que des victimes hans, tandis que sur Internet circulent les images d'une répression sanglante contre le Ouïghours. Lire la suite...
140 personnes sont mortes dans des affrontements, dimanche à Urumqi, entre la police chinoise et des manifestants ouïghours, une ethnie musulmane de la région du Xinjiang (nord-ouest). Comme à chaque fois que ce type d'émeutes éclate en Chine, deux versions s'affrontent : les télévisions officielles ne montrent que des victimes hans, tandis que sur Internet circulent les images d'une répression sanglante contre les Ouïghours.
Dans un premier temps, l'agence Chine nouvelle a annoncé un bilan de trois morts, tous Hans, lors des émeutes du 5 juillet, les télévisions chinoises reprenant des images saisissantes de Ouïghours brûlant des voitures et de Hans le visage en sang. Ce lundi, les autorités chinoises annoncent un tout autre bilan de 140 morts et 828 blessés.
Images : Boxun News. Le 5 juillet à Urumqi.
Images : Boxun News. Le 5 juillet à Urumqi.
Vidéo postée par ufreeus.
“Ils ont coupé le téléphone, je ne peux plus joindre personne de ma famille”
Rachida (pseudo) est une étudiante ouïghour en France.
Tout a commencé par un incident dans une usine de jouets le 26 juin à Shaoguan, dans la province de Canton.
Les autorités ont décidé d'envoyer de jeunes ouïghours travailler dans des usines de Chine intérieure. Soi-disant pour relever le niveau de vie de notre communauté. Mais pour les Ouïghours, cette politique est perçue comme une migration forcée, un génocide culturel. D'autant qu'au départ, ils ne recrutaient que des jeunes filles pas encore mariées.
Près de 800 Ouîghours travaillaient dans cette usine de jouets de Shaoguan. Et un soir, des Hans sont venus les tabasser. Il y a beaucoup de rumeurs sur les raisons des tensions entre les deux communautés. On raconte par exemple qu'un Han aurait violé une Ouïghour [non confirmé]. Ce qui est certain, c'est que les Hans ne voient pas d'un bon œil que des Ouïghours viennent prendre leur boulot. On voit sur cette vidéo la façon dont les ouvriers ouïghours ont été tabassés [Attention, ces images peuvent choquer].
Selon les autorités, deux personnes ont été tuées ce soir-là, mais on pense que le bilan a été bien plus lourd.
Les Ouïghours du Xinjiang n'ont, au départ, pas réagi. Ils attendaient que les autorités punissent les responsables. Mais lorsqu'ils ont réalisé que rien n'était fait, ils ont organisé une manifestation à Urumqi [capitale régionale du Xinjiang, ndlr]. D'après les témoignages que j'ai entendus, la manifestation était pacifique. Les Ouïghours avaient même sorti des drapeaux rouges chinois pour montrer que ce n'était pas une marche en faveur de l'indépendance.
Je ne suis pas étonné de voir que les médias officiels chinois n'ont passé que les images de victimes hans. C'est toujours comme ça, on l'a vu notamment lors des émeutes au Tibet. Ils contrôlent l'information. Depuis ce matin, par exemple, ils ont coupé le téléphone, je ne peux plus joindre personne de ma famille dans la région. Ils ont également bloqué l'Internet et fermé les sites ouïghours de l'intérieur, par exemple Xjtsnews, qui est pourtant le site officiel de la région."