IRAN

Si, on peut faire de la politique en Iran

L'Iran compte la plus importante communauté d'étudiants au monde. Malgré un gouvernement conservateur et autoritaire, celle-ci tente de se faire entendre, à la veille de l'élection présidentielle. Une étudiante de Téhéran nous raconte sa journée de campagne pour le leader réformiste Hossein Moussavi. Une journée qui pourrait être celle d'un étudiant engagé de Paris ou de New York. Lire la suite...

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De jeunes militants portant la couleur verte, symbole du mouvement de Hossein Moussavi, soutenu par les réformateurs.

L'Iran compte la plus importante communauté d'étudiants au monde. Malgré un gouvernement conservateur et autoritaire, celle-ci tente de se faire entendre, à la veille de l'élection présidentielle. Une étudiante de Téhéran nous raconte sa journée de campagne pour le leader réformiste Hossein Moussavi. Une journée qui pourrait être celle d'un étudiant engagé de Paris ou de New York.

Avec 65 % de ses individus qui ont moins de 33 ans, la population iranienne est l'une des plus jeune du monde. Et sur près de dix millions d'étudiants inscrits à l'université, 60 % sont des femmes. La plupart d'entre eux sont nés après 1979 et n'ont donc connu que le régime de la République islamique. Selon notre Observatrice, Hoora, ingénieur en informatique à Téhéran, ils ne demandent pas de réformes drastiques, mais simplement un peu plus de liberté.

Actualisation 03-06-2009  : Shohreh, une de nos Observatrices en Iran, nous explique que s'engager en politique dans son pays reste dangereux.

"S’engager en politique peut être dangereux, mais c'est possible"

Shohreh, étudiante en art à Téhéran, est l'une de nos Observatrices en Iran. Sur cette vidéo, elle explique que la politique dans son pays reste une activité dangereuse. Pourtant, les Iraniens s’intéressent à la vie politique de leur pays, qu'ils suivent notamment grâce aux nouveaux médias. Facebook, selon elle, fournit un nouvel espace de liberté pour débattre de l’élection présidentielle.

"Certains nous traitaient de 'mercenaires'"

Hoora a 21 ans. Pour la présidentielle du 12 juin, elle soutient Mir Hossein Moussavi, l'un des deux candidats appuyés par le camp réformateur. Elle fait des études d'ingénieur en informatique, travaille à mi-temps comme ingénieur logiciel et écrit pour des journaux.

Le vendredi, je ne travaille pas, je suis donc allée faire campagne pour Moussavi. Je me suis levée à 5h30 du matin, j'ai mis de la musique traditionnelle, je me suis fait un thé et j'ai choisi un hijab toléré par les agents de l'Ershad [la police de la Guidance islamique, NDLR], même s'ils finissent toujours par trouver quelque chose qui ne leur plaît pas dans ce qu'on porte, que ce soit notre robe, notre maquillage ou nos cheveux... Mir Hossein Moussavi a affirmé qu'il mettrait fin à ces contrôles hyper-rigoureux dans la rue. Mais en Iran, la police n'est pas directement contrôlée par le gouvernement, donc je ne sais pas s'il pourra changer quelque chose.

Après avoir quitté la maison, j'ai retrouvé des amis dans le nord de Téhéran et nous sommes allés au siège de campagne de Moussavi. Il y a beaucoup de choses à faire en ce qui concerne l'organisation et le recrutement. On n'a pris que quelques minutes pour manger un morceau, boire un thé et fumer une cigarette dans le café du coin.

Ensuite, nous sommes allés coller des affiches dans les rues, discuter avec les passants et déposer des tracts sur les pare-brise des voitures. Certains nous traitaient de "mercenaires", mais d'autres nous souriaient et nous encourageaient.

À la fin de la journée, nous sommes retournés au bureau, on a chanté des chants révolutionnaires iraniens, on a plaisanté en se montrant nos textos. Même dans le taxi pour rentrer à la maison, j'ai discuté du programme de Moussavi avec les autres passagers, de la façon dont il nous apporterait plus de liberté, faciliterait les relations internationales du pays et atténuerait la censure.

Quand je suis rentrée, mon père regardait les informations sur l'élection présidentielle et on a discuté. J'ai fini ma journée en regardant mes mails, mon compte Facebook, ma messagerie instantanée, mon compte Twitter, mes blogs préférés. Je reçois aussi beaucoup de textos concernant l'élection. La plupart du temps, ce sont des blagues sur les candidats, mais certains sont très sérieux, et c'est aussi comme ça qu'on apprend les arrestations.

Je me suis couchée vers minuit, terriblement fatiguée. Le lendemain, je devais retourner étudier... J'espère que tout ce travail sera récompensé par notre victoire lors du scrutin, le 12 juin !"