IRAN

Facebook : "Le seul moyen de discuter de politique"

Facebook a été rouvert mardi après trois jours de fermeture. L'une de nos Observatrices dans le pays nous explique pourquoi le président Ahmadinejad n'est pas un grand fan de ce réseau social.

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Image envoyée par "Behanm".

Facebook a été rouvert mardi après trois jours de fermeture. L'une de nos Observatrices dans le pays nous explique pourquoi le président Ahmadinejad n'est pas un grand fan de ce réseau social.

Mahmoud Ahmadinejad a beau dire qu'il n'est pour rien dans la censure de Facebook, l'agence de presse Ilna, sympathisante du Parti réformiste, affirme que ce sont des membres du gouvernement qui sont à l'origine de la fermeture du site.

Sur 70 millions d'Iraniens, 21 millions sont connectés à Internet. Et les candidats réformistes en lice pour l'élection présidentielle de juin sont bien décidés à suivre l'exemple de Barack Obama en utilisant tout le potentiel du Web à des fins électorales. Et ça marche. De nombreux Iraniens ont interprété la fermeture de l'accès à Facebook comme une tentative de censure à l'encontre de l'une des plateformes de communication du candidat réformiste Hossein Mousavi. Ce dernier peut se targuer d'avoir 8 000 amis sur Facebook quand Ahmadinejad n'a pas encore de fiche profil. Un groupe lui est toutefois consacré, il s'appelle "Je parie que je peux trouver un million de personnes qui n'aiment pas Mahmoud Ahmadinejad".

Ce billet a été réalisé avec l'aide de l'un de nos Observateurs en Iran, Omid Habibinia.

"La communauté iranienne est divisée en deux grands groupes : les photos de profil vertes (réformistes), et les bleues (boycott)"

Photos par "Samar".

Shohreh (sur la photo) a 23 ans, elle est étudiante en art à Téhéran.

En général, je commence ma journée en me connectant sur Facebook et je passe environs 18 heures par jour sur le Net. Quand j'ai voulu me connecter samedi matin, je suis tombée sur un message expliquant que Facebook avait été censuré. J'étais énervée mais on savait que ça arriverait un jour ou l'autre. Le site de Facebook est devenu très populaire pendant la campagne électorale. C'est le seul moyen de discuter de politique entre nous, car tout le reste est entièrement censuré." 

 

Le message "Accès réfusé" qui est apparu samedi.

Image envoyée par "Behanm".

Depuis le mois dernier, la communauté iranienne sur Facebook est divisée en deux grands groupes : les photos de profil vertes, et les bleues. Les supporters du réformiste Mir Hossein Mousavi ont commencé en colorant leurs photos en vert. Ceux qui soutenaient le boycott des élections ont répondu en colorant leurs photos en bleu. Les réformistes considèrent que c'est à cause des boycotteurs qu'Ahmadinejad a remporté les dernières élections, (près de 41 % des gens ont refusé de voter lors du second tour), et, de leur côté, les boycotteurs détestent les réformistes car selon eux, voter pour n'importe quel candidat, c'est soutenir la République islamiste. Résultat : beaucoup de personnes qui étaient amies sur Facebook se sont 'supprimées'."

 

Capture d'écran de profils facebook colorés en fonction des préférences politiques:

 

Envoyée par Omid Habibinia.

La colère est montée d'un cran quand des pro-Mousavi ont posté sur YouTube un clip avec une chanson populaire de la gauche radicale. La chanson vient du groupe de gauche de la Guérilla fedayin du peuple iranien qui avait combattu le régime du Shah. Pourtant, Mousavi lui-même est accusé d'avoir combattu l'opposition d'extrême gauche dans les années 80, donc en utilisant cette chanson, les pro-Mousavi ont déclenché une vive polémique sur Facebook."

 

La vidéo

Postée sur YouTube par "msaeedi56".

Il y a deux autres groupes : les supporters de Mehdi Karroubi (un autre candidat réformiste) qui ont arboré la couleur blanche, et les militants pro-Ahmadinejad qui ont coloré leurs photos en rouge. Il y a beaucoup de profils bleus et verts, mais peu de supporters de Karroubi et encore moins de profils rouges.  Personnellement, je ne sais pas encore si je préfère boycotter l'élection comme la dernière fois ou voter pour un réformiste. Pour l'instant, je suis déjà bien contente de pouvoir suivre le débat sur Facebook."