PAKISTAN

Carnet de guerre : un adieu déchirant

Alors que l’offensive de l’armée pakistanaise contre les Taliban s’intensifie dans le nord-ouest du pays, des centaines de milliers de civils tentent de fuir les combats. Notre Observateur, qui habite à trois kilomètres de Mingora, chef-lieu de la vallée de Swat, nous explique que sa famille a pris la fuite, mais qu'il n'a pas voulu partir avec eux.

Publicité

Alors que l’offensive de l’armée pakistanaise contre les Taliban s’intensifie dans le nord-ouest du pays, des centaines de milliers de civils tentent de fuir les combats. Notre Observateur, qui habite à trois kilomètres de Mingora, chef-lieu de la vallée de Swat, nous explique que sa famille a pris la fuite, mais qu'il n'a pas voulu partir avec eux.

Mohammed Aziz (pseudo) habite à Saidu Sharif, à trois kilomètres de Mingora.

Mon frère avait hâte de sortir de cet enfer, alors il a sauté sur la première opportunité. Les autorités venaient d’annoncer la levée temporaire du couvre-feu pour permettre aux civils de fuir les combats. Le gouvernement veut vider la région de ses habitants afin de limiter les dommages collatéraux. Mais les Taliban ont intérêt à ce que la population reste pour empêcher l’armée de mener des raids aériens.

Nous avons préparé un petit sac pour mon frère et je lui ai demandé d’emmener ma femmes et mes enfants avec lui. Mon fils ainé, âgé de 7 ans, m’a demandé les larmes aux yeux : "Baba, pourquoi tu viens pas avec nous ?" Je lui ai dit que je suivrai dans quelques jours, mais je sais que je dois rester ici pour protéger notre maison.

Sur le chemin vers la route principale, nous avons croisé des milliers de personnes en fuite. Les camionneurs avaient augmenté leurs tarifs, mais nous avons décidé de ne pas prendre de risques cette fois [dans un précédent billet, Mohammed nous expliquait avoir renoncé à monter sur les camions en raison du coût élevé]. Mon frère leur a demandé de les conduire en dehors de Mingora. J’ai dit "Allah Haifiz" [Dieu vous protège] à ma femme et à mes enfants, qui m’ont répondu au revoir en anglais. Je ne sais pas ce qui pourrait leur arriver pendant ce voyage. Qui sait si nous nous reverrons dans cette vie ?

Peu après, le couvre-feu a été remis en place, et les combats ont repris."

 

Lire les autres témoignages de Mohammed