PAKISTAN

Carnet de guerre : pris en étau entre les Taliban et l’armée régulière

L'armée pakistanaise a lancé une offensive de grande envergure à 18 heures (heure locale) , poussant les Taliban à se replier vers Mingora, le chef-lieu de la vallé de Swat. Notre Observateur, qui habite à trois kilomètres de cette ville, nous explique que la population manque de tout et que, pour la première fois, il cherche à quitter la ville. Lire la suite...

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L'armée pakistanaise a lancé une offensive de grande envergure à 18 heures (heure locale) , poussant les Taliban à se replier vers Mingora, le chef-lieu de la vallé de Swat. Notre Observateur, qui habite à trois kilomètres de cette ville, nous explique que la population manque de tout et que, pour la première fois, il cherche à quitter la ville.

Mohammed Aziz (pseudo) habite à Saidu Sharif, à trois kilomètres de Mingora.

Après plusieurs jours de combats, les gens veulent tous partir. Car il n'y a plus d'eau, plus de nourriture ni d'électricité. Les pharmacies sont fermées et les malades, comme les diabétiques, sont en grande difficulté.

Aujourd'hui, le couvre-feu s'est un peu relâché, j'ai donc pu sortir de chez moi. Sur la route, j'ai vu une file d'à peu près deux à trois kilomètres de gens qui essayaient de sortir de la ville. Ils étaient sûrement des milliers. La vallée de Swat compte environ 1,8 million d'habitants. La moitié a déjà évacué la zone en camion. Mais pour les plus pauvres, ceux par exemple qui sont payés à la journée, le transport coûte trop cher. J'ai essayé moi-même de partir, mais les conducteur de camions demandent 4 à 5 fois le prix habituel. J'ai donc abandonné. Mais mon fils me demande tous les jours 'Baba [papa], quand est-ce qu'on va à Dargai ?'. Il sait qu'à Dargai, il y a un camp de réfugiés. Ma femme, elle, s'inquiète du repas du soir. Aujourd'hui, il y avait des centaines de femmes et d'enfants qui faisaient la queue pour accéder à la fontaine de ma ville.

De nouvelles troupes sont arrivées aujourd'hui. Et il se dit que de nouveaux soldats vont arriver du Makaland. L'armée contrôle trois des routes qui mènent à la ville, mais la quatrième, la principale, est toujours aux mains des Taliban. Il n'y a pas eu de grosse bataille dans la journée, mais des hélicoptères survolent la ville en permanence. Je m'attends à une grosse offensive. La radio des Taliban a annoncé aujourd'hui qu'ils attendaient l'ennemi de pied ferme.

En ce moment même, il y a une légère brise, et je crois qu'il va pleuvoir. Et mon fils me demande, encore: 'Quand est-ce qu'on va partir'?"

 

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