FRANCE

La guerre des cités s'invite au collège

Nouvelle épisode de la guerre des bandes, dans un établissement scolaire de la banlieue parisienne. Le principal du collège Pablo-Picasso de Garges-lès-Gonesse (Val-d'Oise) a été roué de coups par une dizaine de jeunes, qui ont fait irruption dans son établissement pour tabasser un collégien. Nos Observateurs dans le collège évoquent une banale histoire de rivalité entre cités qui a, une fois de plus, mal tourné. Lire la suite...

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Nouvel épisode de la guerre des bandes, dans un établissement scolaire de la banlieue parisienne. Le principal du collège Pablo-Picasso de Garges-lès-Gonesse (Val-d'Oise) a été roué de coups par une dizaine de jeunes, qui ont fait irruption dans son établissement pour tabasser un collégien. Nos Observateurs dans le collège évoquent une banale histoire de rivalité entre cités qui a, une fois de plus, mal tourné. 

Des jeunes de la cité de la Muette, à Garges, située juste en face du collège, sont arrivés armés de barres de fer et se sont aussitôt lancés à la recherche d’un élève de troisième d’une cité rivale de Gonesse. Le proviseur était au courant que son élève était menacé et l’avait mis à l’abri dans son bureau. Mais cela n’a pas arrêté les intrus, qui ont investi le bureau et s’en sont pris aux deux hommes, le proviseur ayant plaqué son élève au sol pour tenter de le protéger. Après la descente punitive, le proviseur a dû passer brièvement à l’hôpital de Gonesse, où il a fait soigner ses hématomes, avant de regagner son établissement.

Cette affaire intervient au lendemain de la visite de Nicolas Sarkozy dans un établissement de Seine-Saint-Denis, qui avait été lui aussi le théâtre d’une descente punitive, quelques jours plus tôt. Le président français avait annoncé des mesures policières et judiciaires pour combattre le phénomène des bandes violentes, dont les membres devraient désormais être exposés à une peine de trois ans d'emprisonnement.

Moins d'un kilomètre et demi sépare les deux cités rivales. Le jeune de la cité Orly Parc se trouve pourtant en "territoire ennemi", lorsqu'il est au collège, situé juste en face de la cité de la Muette.

Repère A : le collège Pablo-Picasso de Garges-lès-Gonesse

Repère B : la cité Orly Parc de Gonesse, où habite l'élève de troisième qui s'est fait agresser

Repère C : la cité de la Muette, à Garges-lès-Gonesse, d'où viendraient les agresseurs.

Quelques minutes après l'agression, le recteur de l'Académie de Versailles est sur place et répond aux questions des journalistes.

Le bureau du proviseur, jusqu'où les agresseurs ont traqué le collégien.

"C’est toujours la même histoire, ils se battent pour défendre leur quartier"

Sébastien (nom d'emprunt) travaille au lycée Pablo-Picasso de Garges-lès-Gonesse. Il était présent le jour de l'agression.

A 10 heures, il y a eu un premier attroupement devant la grille. Les policiers sont alors venus dans le collège pour calmer les esprits, mais ça a de nouveau éclaté quand ils sont repartis. Le jeune qui s’est fait agresser, je le connais.

Je crois que qu’il vient de Gonesse et qu’il s’est fait tomber dessus par des jeunes de Garges. Tout cela part d’une embrouille "à deux balles". C’est toujours la même histoire, ils se battent pour défendre leur quartier ou parfois même pour une histoire de cœur. Mais, moi les jeunes, je les vois tous les jours, ils me respectent.

"Ils voulaient le taper depuis longtemps juste parce qu'il venait d'une autre cité, moi à sa place j’aurais quitté le collège."

Angela (nom d'emprunt) est élève au collège Pablo-Picasso. Elle habite une cité de Garges et connaît le jeune qui s'est fait agresser.

Le mec qui s’est fait taper, on l’appelle "Le Chinois". Il n’a pas trop d’ami, du coup il traîne avec des petits (des élèves des classes inférieures). Il est gentil, mais on le voit pas trop, il est discret et se cache souvent. C’est le seul mec du collège de la cité Orly Parc (une cité de la ville voisine, Gonesse). Il n’y a personne de Gonesse dans le collège, et ceux qui viennent ici repartent tout de suite. 

Ils voulaient le taper depuis longtemps, juste parce qu'il venait d'une autre cité. Moi, à sa place, j’aurais quitté le collège. Ce matin, il a appelé une bande de sa cité (Orly parc à Gonesse) pour le défendre, il savait que les mecs de Garges viendraient pour lui.

Ils sont finalement revenus quand sa bande était partie. Ils sont rentrés dans le collège et lui sont tombés dessus dans le bureau du proviseur.