Le Web chinois s’enflamme pour les statuettes Bergé

ACTUALISATION (3.03.09) : Coup de théâtre après la vente des deux statuettes chinoises. L'acheteur des œuvres, Cai Mingchao, collectionneur chinois connu dans le milieu, a annoncé ne pas vouloir verser la somme due. Les médias chinois parlent d'un "geste patriotique".Il aurait en réalité enchéri pour empêcher la vente. Sur le Net chinois, les internautes sont partagés. Certains applaudissent : "M. Cai a donné une bonne paire de gifles aux pilleurs. Même s'il perd une somme importante pour la caution, il a réussi à faire annuler la vente." D'autres s'inquiètent pour l'image du pays : " Si Cai Mingchao n'avait pas participé à cette vente, elle aurait très bien pu ne pas aboutir et c'est ce que souhaitaient les Chinois. Ses motivations sont douteuses, et je le vois plus comme un traitre qu'un patriote."

Les internautes chinois discutent âprement la vente, dans le cadre des enchères de la collection privée Yves Saint Laurent-Pierre Bergé à Paris, de deux statuettes en bronze volées par l’armée française au Palais de Pékin. Certains s’enflamment et demandent la restitution des œuvres ; d’autres reconnaissent qu’elles ont été mieux protégées en France.

Le gouvernement chinois avait protesté contre la vente des têtes de rat et de lapin ramenées par l’armée française après la mise à sac, en 1860, du Palais d’été de Pékin. Mais Christie's, qui organisait les enchères, n’a pas plié et les pièces se sont vendues, mercredi, 15,7 millions d’euros chacune. Comme lors des menaces de boycott des JO, ou lorsque Nicolas Sarkozy a annoncé sa rencontre avec le dalaï lama, le nationalisme des internautes s’est réveillé, ainsi qu’un certain sentiment anti-français. Mais le Net chinois n’accuse pas la France d’un seul bloc. Certains internautes reconnaissent que si ces œuvres étaient restées dans le pays, elles auraient probablement disparu au moment de la révolution culturelle.

Une histoire rapportée par Huang, l'un de nos Observateurs chinois. 

"Beaucoup d’œuvres d’art très précieuses ont été détruites pendant les années folles"

Voici mon avis sur cette polémique : si le collectionneur est un philanthrope qui veut juste faire un don, on pourrait éventuellement le solliciter pour qu'il nous rende l'œuvre. Mais il est évident que s'il a besoin d'argent, il le vendra quoi qu'il arrive. Certains Chinois rêvent qu'on leur restitue gratuitement ces objets. C'est ridicule.

 J'ai visité le Metropolitan Museum of Art [à New York] il y a quelques années et j'y ai vu des œuvres d'art venues des quatre coins du monde. J'ai constaté que ces objets sont bien protégés, avec des systèmes qui coûtent très chers. Je me suis alors demandé ce qui se serait passé si ces statuettes étaient restées en Chine ? Rappelons-nous que beaucoup d'œuvres d'art très précieuses ont été détruites pendant les années folles [sous-entendu la révolution culturelle].

La culture n'a pas de frontières et les pièces de notre patrimoine, parce qu'elles font connaître notre culture, ne doivent pas avoir de frontières non plus."

Publié par Meng Reai, le 25 février 2009, sur ce forum.

Quelques caricatures circulant sur le Web chinois

"Je veux rentrer." Source : Xinhua.

"Hey, les bandits, allez mettre ce vêtement" [l'uniforme est celui des soldats français qui ont maté la révolte des Boxers en 1899 et 1901]. Publiée sur ce site d'actualité du Shanxi.