CHINE

Affaire "cache-cache" : les internautes affrontent les autorités

Nous avions publié, le 17 février, un billet sur la polémique provoquée par la police chinoise qui avait justifié la mort d’un prisonnier en expliquant qu’il s’était tué en jouant à "cache-cache". L’affaire prend de l’ampleur. Les internautes enquêtent sur cette mort et mettent en accusation les autorités locales. Lire la suite... Des "internautes" se sont rendus à la prison pour enquêter.

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Nous avions publié, le 17 février, un billet sur la polémique provoquée par la police chinoise qui avait justifié la mort d’un prisonnier en expliquant qu’il s’était tué en jouant à "cache-cache". L’affaire prend de l’ampleur. Les internautes enquêtent sur cette mort et mettent en accusation les autorités locales.

Face au tollé provoqué par sa douteuse déclaration, le gouvernement du Yunnan avait annoncé la création d’une commission d’investigation composée exclusivement d’internautes. Une mesure sans précédent en Chine et visant à prouver que l’enquête sur la mort du prisonnier se menait dans la plus grande transparence. Les enquêteurs-internautes se sont donc rendus, le 20 février, à la maison d’arrêt où s’était déroulé le drame. Ils ont publié un rapport le lendemain, accompagné de photos.

Source.

La manœuvre du gouvernement local n’a toutefois pas calmé la bronca. Le rapport est jugé décevant par les internautes, qui se sont mis à faire des recherches sur les membres de cette commission d’enquête. Après cette chasse à l’homme en ligne (人肉搜索), ils affirment que la plupart des soi-disant enquêteurs étaient en réalité des journalistes proches du pouvoir. D’après l’agence officielle chinoise Xinhua, des hackers sont même parvenus à s’immiscer dans le site du gouvernement du Yunnan pour y déposer des messages sur "l’affaire cache-cache". Cette affaire, et ses multiples rebondissements, semble démontrer que les internautes chinois disposent aujourd’hui d’une plus grande liberté de ton et qu’ils peuvent parfois, et dans une certaine mesure, jouer un rôle de contre-pouvoir.

Le début de l'affaire "cache-cache" (billet du 17 février)

Ces informations nous ont été envoyées par Huang, l'un de nos Observateurs en Chine - qui souhaite rester anonyme.

Le Web chinois n’en finit pas de se moquer de la justification invoquée par les autorités pénitencières après la décès d’un détenu, mort en jouant à "cache-cache" (躲猫猫) avec ses camarades.

Un jeune homme de la province du Yunnan, Li Qiaoming, est placé en garde à vue pour avoir abattu des arbres sans autorisation. Après onze jours de détention, ses parents sont informés que leur fils est gravement blessé et qu’il est transféré à l’hôpital. Li meurt quelques jours plus tard, le 12 février 2009, d’une blessure à la tête. Plus que la mort de ce jeune homme, c’est l’explication de la police qui est au centre d’une polémique sur le Net chinois. Selon la police locale, en effet, Li aurait été grièvement blessé en jouant à "cache-cache" avec ses codétenus. Un camarade, mécontent d’avoir été "trouvé", l’aurait frappé et il se serait heurté contre un mur en tombant.

Sa famille peine à croire la version officielle, tout comme les internautes, qui se moquent de la police et accommodent le terme "cache-cache" à toutes les sauces. Sur les forums chinois, on se salue désormais avec des "Est-ce que t’as joué à cache-cache aujourd’hui ?". Ce n’est pas la première fois que les Chinois créent ce genre de mot "viral" pour faire parler d’une histoire incongrue ou qui n’est pas rapportée par les médias officiels. Quelques autres exemples de ces termes popularisés par les internautes."

"Votre fils jouait à cache-cache.......et il est mort....." - "Ce n'est pas possible !"