ROYAUME-UNI

"Les Britanniques d’abord", un slogan raciste ?

Une affiche du Parti conservateur à Reading, à l'ouest de Londres. Le slogan : "Imposer des limites à l'immigration n'est pas raciste." Le graffiti : "Si, ça l'est, espèce de raciste." Posté par "" sur Flickr. Depuis trois semaines, des ouvriers britanniques manifestent pour demander que, lors des embauches, les travailleurs britanniques passent avant les immigrés. "Les Britanniques d'abord", un slogan qui rappelle celui du Front national en France dans les années 80. Pourtant, les organisateurs de ces rassemblements expliquent que leur message n'a rien de raciste. Lire la suite...

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Une affiche du Parti conservateur à Reading, à l'ouest de Londres. Le slogan : "Imposer des limites à l'immigration n'est pas raciste." Le graffiti : "Si, ça l'est, espèce de raciste." Posté par Nic Walker sur Flickr.

Depuis trois semaines, des ouvriers britanniques manifestent pour demander que, lors des embauches, les travailleurs britanniques passent avant les immigrés. "Les Britanniques d'abord", un slogan qui rappelle celui du Front national en France dans les années 80. Pourtant, les organisateurs de ces rassemblements expliquent que leur message n'a rien de raciste.

Mercredi, 400 personnes se sont regroupées devant une centrale électrique du comté de Nottingham pour demander que les Britanniques bénéficient des même opportunités que les étrangers et que les salaires des deux groupes soient nivelés. Ce mouvement trouve ses racines dans la crise financière qui a durement touché le marché du travail en Grande-Bretagne : 278 000 Britanniques ont perdu leur emploi au dernier semestre 2008. Les organisateurs affirment que leurs revendications n'ont rien de raciste, même si le principal parti d'extrême droite, le British National Party (BNP), les soutient officiellement.

"Le BNP cherche à exploiter ces manifestations"

Posté par une activiste anti-fasciste, "UKfightback".

Des manifestants du comté de Nottingham expliquent qu'ils ne souhaitent pas collaborer avec le BNP [parti d'extrême droite britannique]. Ils racontent qu'un représentant de ce parti s'est rendu à une manifestation à la raffinerie de pétrole de Lindsey, mais que les ouvriers ont appelé la police.

"Un travailleur a reçu une note lui demandant de 'rentrer en Pologne'"

Daniel Krzyszczak est un Polonais vivant à Sunderland, en Angleterre, depuis trois ans et demi.  Il a commencé à travailler en cuisine, avant d'être engagé par le rassemblement de syndicats Trade Union Congress.

J'ai des exemples de Polonais qui se sont fait maltraiter au travail. Un ouvrier par exemple. Ils collaient la semelle de ses chaussures au sol, ou ils mettaient des trucs dans ses chaussures au vestiaire. Des blagues de gamin, mais qui finalement lui ont fait perdre son emploi. On ne peut pas prouver que c'est parce qu'il est étranger, mais parfois c'est assez clair. Par exemple, un autre travailleur s'est plaint auprès de nous d'avoir reçu une note lui demandant de 'rentrer en Pologne'.

Ce ne sont pas des incidents isolés. La crise aggrave le problème. En 2004, quand les ouvriers polonais sont arrivés, le gens se sont fâchés, mais ensuite ça s'était calmé. Maintenant que beaucoup de Britanniques se retrouvent sans emploi, les étrangers trinquent à nouveau."

"Le gouvernement devrait obliger les entreprises (...) à employer au moins 60% de Britanniques"

Plus d'une centaine de groupes se sont montés sur Facebook pour dénoncer l'emploi des travailleurs immigrés. Chris Sizer a créé le groupe "Des boulots britanniques pour des travailleurs britanniques", qui compte déjà 65 000 membres.

J'ai monté ce groupe parce que je suis choqué de voir que le taux de chômage augmente, mais que les entreprises continuent de recourir à une main d'œuvre étrangère. Je connais un type qui, lorsqu'il a postulé pour un emploi dans une centrale électrique, s'est vu répondre que sa candidature ne serait pas examinée parce qu'il était Britannique. De même, une centrale qui va bientôt ouvrir a déjà prévenu qu'elle ne prendrait que des travailleurs étrangers, sauf pour la cantine et la sécurité - ce qui ne représente que 25% des emplois. En plus, ils ont construit eux-mêmes les bâtiments où vivront ces travailleurs, ce qui veut dire que la communauté n'en bénéficiera pas du tout. 6,1% des Britanniques sont au chômage et cela coûte cher au gouvernement de les aider. Pour ma part, j'ai perdu mon boulot récemment et j'ai beaucoup de mal à en trouver un autre. Or ma femme attend un enfant, je suis désespéré.

Mon groupe sur Facebook n'est pas raciste. Il n'est pas dirigé contre les étrangers, car je comprends très bien qu'ils viennent ici pour avoir un meilleur salaire. Je pense simplement que le gouvernement devrait obliger les entreprises basées en Grande-Bretagne à employer au moins 60% de Britanniques."