Un petit bifton et on oublie ce feu rouge grillé
En Russie, on se fait rarement arrêter pour une infraction au code de la route. Mais quand cela arrive, mieux vaut glisser quelques billets au policier plutôt que de payer une contravention. Un conseil également valable si l'arrestation est absolument injustifiée... Voir les vidéos amateur de scènes de corruption.
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En Russie, on se fait rarement arrêter pour une infraction au code de la route. Mais quand cela arrive, mieux vaut glisser quelques billets au policier plutôt que de payer une contravention. Un conseil également valable si l'arrestation est absolument injustifiée.
Notre Observateur en Russie nous raconte les mille et une méthodes de la police russe pour extorquer des pots-de-vin aux automobilistes.
Petits arrangements à bord des voitures de police à Saint-Pétersbourg
La plupart des policiers invitent les automobilistes à entrer dans leur voiture pour que personne ne s'aperçoive qu'un pot-de-vin est donné. Vidéo postée sur RuTube par bardoss67.
Pots-de-vin à Novgorod ?
Novgorod la Grande, Rue Saint-Pétersbourg, en face du centre commercial Volna. Vidéo postée sur YouTube par ChelDnev. A 2 minutes 40 secondes de cette vidéo, il est écrit "Voulez-vous nourrir un agent de la circulation ?", puis "la chasse continue".
Pots-de-vin en plein jour ?
Nous n’avons pas pu contacter les auteurs de ces vidéos.
A Moscou. Postée sur YouTube par SpectorNikitale 2 juin 2008.
Lieu inconnu. Postée sur RuTube par "RUFAT050".
"Ils n'hésitent pas à inventer des infractions"
Kirill est designer à Moscou. Il préfère rester anonyme.
Je suis un conducteur prudent et je me fais rarement verbaliser. Néanmoins, environ une fois par mois, je me fais arrêter par des 'chasseurs', c'est-à-dire des agents de la circulation qui se font de l'argent sur le dos des automobilistes. Il y a aussi les 'pêcheurs', ceux qui travaillent dans d'autres régions mais qui, pendant leur temps libre, viennent arrondir leurs fins de mois dans les localités voisines.
Concernant les 'pêcheurs', il suffit de leur demander d'écrire un procès-verbal sur l'infraction au code de la route, chose qu'ils ne peuvent pas faire car ils ne sont pas en fonction. C'est plus compliqué avec les 'chasseurs', qui n'hésitent pas à inventer des infractions, parfois graves."
Voici quelques anecdotes, tirées de ma propre expérience :
Conduite en "état d'ivresse"
Janvier 2006, 15h, je conduis avec des amis et je me fais arrêter par un barragede police sur le périphérique de Moscou. L'inspecteur me dit que je pue l'alcool. Je lui réponds que je n'ai pas bu depuis deux jours. 'C'était un jour férié hier (le Noël orthodoxe), réplique-t-il. Impossible que tu n'aies rien bu. Dis aux passagers de descendre de la voiture, descends toi aussi, et prenez le bus pour rentrer en ville. Ensuite tu me ramènes un certificat médical qui prouve que tu es sobre et je te laisserai conduire. '
Puis il me demande de souffler dans un appareil. Une lumière rouge s'allume. 'Tu vois, l'appareil confirme que tu as bu.' Je lui demande s'il a une autorisation pour s'en servir et il me répond: 'Le résultat n'est pas officiel, mais il prouve que tu es ivre. Je vous envoie faire une analyse médicale non pas à cause du test, mais à cause de l'odeur d'alcool, de votre comportement et de vos propos confus, autant de signes de votre alcoolisation.'
Deux heures de débat et je finis par payer 3 000 roubles (65€) pour nous éviter, à moi et mes amis, de perdre plus de temps, sachant qu'une amende pour conduite en état d'ivresse est normalement de 30 à 35 000 roubles (650€ - 800€)."
On ne double pas
Printemps 2008, dans la région d'Oryol, Moscou, sur l'autoroute de Crimée. Doubler est interdit dans la quasi-totalité de la région d'Oryol. Et les agents de la circulation en profitent un maximum. Ils mettent sur la voie un camion délabré qui ne dépasse pas les 30 ou 40 km/h et ils se cachent pour intercepter les chauffeurs impatients. Moi, j'ai doublé, mais sans passer par la voie d'en face. Je me suis quand même fait arrêter.
Très agressifs, ils m'ont demandé de payer une 'rançon' sans quoi ils ne me laissaient pas partir. Ils m'ont même menacé avec un pistolet. Du pur racket. J'ai fini par leur donner 1 500 roubles(30€) [l'amende 'officielle' est de 7 000 roubles soit 150 €]."
Faîtes la queue pour porter plainte
Eté 2008, sur une voie de sortie de Moscou, près de la rue Izhorska. Un barrage de police et un panneau de limitation à 40km/h. Je ralentis de 70 à 50 comme les autres automobilistes et je me fais arrêter. 'Vous avez dépassé la vitesse autorisée.' Je réponds: 'Oui, c'est vrai, rédigez un procès-verbal.' Une heure et demie de discussion. Finalement, la police me donne une copie du PV, sur laquelle j'écris ma version des faits en leur assurant que j'irai voir la police pour invalider la procédure.
Au commissariat, on me dit que je dois payer 2 220 roubles (50€), mais qu'on peut baisser à 1 500 roubles (30€) pour simplifier la procédure.
Notre conversation :
'Vous êtes d'accord ?' 'Non.' 'Pourquoi ?' 'Parce que je n'ai pas dépassé de 47km/h comme vous le prétendez.' 'Mais il y a une vidéo. Vous l'avez vu ?' 'Ou c'est une erreur ou c'est un faux.''Qu'est-ce qui vous fait dire ça ?' 'Parce que je sais que je ne suis pas allé aussi vite.' 'Ok, dit-il soudainement, on annule le PV. Désirez-vous aller vous plaindre de cet agent ? Si oui, prenez le formulaire, la queue est là-bas.' Je n'ai pas pris la peine de faire la queue..."