L'armée sri-lankaise vante ses "faits d’armes" sur le Net
La semaine dernière, l’armée sri-lankaise prenait d’assaut un "bunker" appartenant aux Tigres tamouls. Mais plutôt que d’y trouver le chef des rebelles, qui était censé y avoir trouvé refuge, ils sont tombés sur un tigre… en peluche. Ce qui ne les empêche pas de claironner leur victoire sur le Net. Lire la suite…
Publié le : Modifié le :
La semaine dernière, l’armée sri-lankaise prenait d’assaut un "bunker" appartenant aux Tigres tamouls. Mais plutôt que d’y trouver le chef des rebelles, qui était censé y avoir trouvé refuge, ils sont tombés sur un tigre… en peluche. Ce qui ne les empêche pas de claironner leur victoire sur le Net.
L'armée serait sur le point d'éradiquer le mouvement des rebelles séparatistes des Tigres tamouls. C'est ce qu'affirment en tout cas les autorités. Car sans journalistes dans la zone de combats - l'accès leur a été interdit -, l'unique source d'information reste l'armée.
Dernière victoire en date d'une campagne commencée il y a plus de trois ans : la prise du bunker du chef des Tigres tamouls, Velupillaï Prabhakaran, le 31 janvier dernier. Mais le Tigre numéro un, dont le sort de l'organisation dépend étroitement, ne s'y trouvait pas.
Selon le ministère de la Défense, l'assaut pour prendre le contrôle de ce bunker aurait fait 20 morts dans les rangs des séparatistes. Sur les photos officielles, pas de trace de combats, mais du matériel électrique, des armes et une photo du locataire des lieux. Toujours d'après les informations des autorités, publiées sur le site du ministère, la présence d'un récipient à insuline et le fait que la zone soit étroitement protégée par des hommes en armes témoignent du passage du chef des rebelles séparatistes.
Le "bunker" des Tigres tamouls : peluche, armes et cognac...
Ces photos ont été postées sur le site du ministère de la Défense sri-lankais, le 2 février 2009.
"Je suis sûr qu'il y a de nombreux bunkers comme ça dans la région"
Thirupillai (pseudonyme) est tamoul. Il a vécu jusqu'à ses 13 ans au Sri Lanka avant de débarquer en France, où il vit actuellement. Il participe en ce moment à une manifestation pour dénoncer le génocide de la population tamoul par le gouvernement.
Les médias ne diffusent que le point de vue de l'armée. Je suis sûr qu'il y a de nombreux bunkers comme ça dans la région. Une partie de ma famille se trouve dans la zone militarisée par le gouvernement du Sri Lanka, et ils ne peuvent pas parler aux médias. Ils ont trop peur de la répression.
Le gouvernement dit qu'il se bat contre les Tigres tamouls mais on sait bien qu'ils s'acharnent aussi sur la population civile. C'est un vrai génocide perpétré par la famille du président [la plupart des membres du gouvernement sont des parents du chef de l'Etat, ndlr].
Lors de la décolonisation, les Britanniques souhaitaient laisser le pouvoir aux Tamouls, mais comme il y avait une majorité de Cinghalais, les Tamouls ont choisi de leur laisser le pouvoir pour vivre en paix. Résultat : ils essaient de nous faire disparaître.
Cette guerre n'a pas de sens, le gouvernement dit qu'il veut redonner la liberté aux Tamouls qui ne soutiennent pas les Tigres. Mais donner la liberté à qui ? Les civils seront bientôt tous morts. A votre avis pourquoi les médias étrangers ne peuvent-ils pas entrer dans ces zones de combats ? Je demande aux médias de montrer ce qui se passe là-bas. Des innocents meurent.
Les Tamouls ont besoin d'un pays indépendant pour vivre heureux. Aujourd'hui, les Tigres tamouls sont perçus comme des libérateurs."
Envoyé special dans la cachette du Velupillaï Prabhakaran
Reportage de la chaîne nationale ITN. Postée sur YouTube par SLsoldier08, une chaîne dédiée aux faits d'armes de l'armée sri-lankaise.