ÉTATS-UNIS

Poster Boy "revisite" au cutter le métro new-yorkais

Depuis un an, Poster Boy déambule dans les couloirs du métro new-yorkais avec sa lame de rasoir. Ses victimes : les affiches publicitaires, qu'il "customise" au nez et à la barbe de la police. Lire la suite et voir les photos...

Publicité

"New york, on vous a caché quelque chose" Détournement d'une publicité pour l'opérateur téléphonique AT&T.

Depuis un an, Poster Boy déambule dans les couloirs du métro new-yorkais avec sa lame de rasoir. Ses victimes : les affiches publicitaires, qu'il "customise" au nez et à la barbe de la police.

Le créneau de Poster Boy, c'est la "recontextualisation". Avec son cutter, il découpe images et textes sur des affiches et les recolle sur d'autres. Il donne ainsi un sens nouveau à ces publicités avec un humour corrosif.

Le métro new-yorkais fournit à Poster Boy un espace d'expérimentation illimité, très visible et pas cher. Mais la plupart des affiches qu'il "revisite" sont décrochées juste après son passage par les employés du métro. L'artiste prend donc son travail en photo et le publie dans sa "galerie" sur Flickr.

 

Détournement de l'affiche de la série "Californication". Elle devient "Gentrification", en français "embourgeoisement".

 

"Manger moins jusqu'à 30% chaque jour sans avoir faim."

D'autres customisations...

"Ne vous appuyez pas sur les pauvres"

"Yes we can" et le "rebelle" pour l'élection du "Gadget 2008".

"Les drogues vous ralentissent". Détournement de l'affiche de "Batman and the Dark Knight".

 

Une oeuvre en collaboration avec  Aakash Nihalani.

Détournement d'une affiche de la série "Gossip Girl".

Poster Boy en action - énorme carton sur le Web

"La controverse sur l'illégalité de cette démarche rend son art encore plus excitant"

Keith Haskel est le réalisateur de cette vidéo. Un véritable succès : postée le 18 janvier sur YouTube, elle a été vue 750 000 fois.

Habituellement, je tourne des sketches ou des vidéos comiques, des trucs un peu absurdes. J'aime surprendre les gens. Pour la vidéo Poster Boy, c'était très différent, mais c'est de loin mon plus gros succès.

J'avais fait un reportage sur les cubes en scotch d'Aakash Nihalani, un artiste de rue qui sévit un peu partout à New York. C'est lui qui m'a parlé de Poster Boy. Je trouve son œuvre fascinante. La façon qu'il a de prendre des objets que je ne supporte plus de voir tous les jours et d'en faire quelque chose de captivant, c'est unique. Et la controverse sur l'illégalité de cette démarche rend son art encore plus excitant. C'est pour ça que je trouvais important de le suivre dans tout son processus de création, comme je l'ai fait."

"Je considère le système dans lequel on vit comme de l’esclavage moderne et j’essaye de le défier avec mon art"

Poster Boy, 26 ans, préfère - pour des raisons évidentes - rester anonyme. Il nous a transmis son commentaire par email.

J'ai commencé à travailler sur les affiches du métro pour plusieurs raisons. D'abord parce que j'avais très peu d'argent et très peu d'espace pour exposer mon travail. Ensuite parce que je voulais afficher certaines opinions politiques. Et enfin parce que je crois que l'art doit être redéfini en permanence. C'est le rôle de l'artiste, même si c'est ensuite au public d'accepter ou de rejeter cette nouvelle définition.

Par mes œuvres, j'essaie d'évoquer les questions de copyright et de droit d'auteur qui, selon moi, inhibent le processus de la création artistique. J'essaie de faire comprendre aux gens la différence entre ce qui est bien et ce qui est juste. Si une loi est dépassée, obsolète, et/ou devenue immorale, ne devons-nous pas la défier ? Souvenez-vous que l'esclavage a été légal pendant un temps. Or, je considère le système dans lequel on vit comme de l'esclavage moderne, et j'essaye de le défier avec mon art. Je suis toujours en avance sur la police. Ce sont eux qui doivent me gérer, pas l'inverse.

Il faut qu'un changement majeur s'opère dans le monde. Que l'on passe d'un impératif de progrès économique à un impératif de coexistence environnementale. Je n'attends rien de mon public, comme je n'attends jamais rien de personne. Mais je sais que les gens sont naturellement bons. Je vois que mon art a suscité un véritable intérêt. J'ai aussi reçu des commentaires haineux sur le Net, mais je mets ça sur le compte de l'ignorance et de la peur."