Si vous étiez Obama, vous feriez quoi en premier ?
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Qu'ils soient en Iran, au Kenya ou à Cuba, beaucoup de nos Observateurs suivent la cérémonie d'investiture de Barack Obama. Nous leur avons demandé de se mettre dans la peau du nouveau président et de nous dire quelle serait leur première décision. Si j'étais président...
Image : Brian Ambrozy sur Flickr.
Qu'ils soient en Iran, au Kenya ou à Cuba, beaucoup de nos Observateurs suivent la cérémonie d'investiture de Barack Obama. Nous leur avons demandé de se mettre dans la peau du nouveau président et de nous dire quelle serait leur première décision.
Et vous, que vous feriez à la place d'Obama ?
Cuba : "Je m’assoirais à une table avec la jeune génération pour réfléchir à une nouvelle politique envers Cuba"
Yoani Sanchez vit à Cuba, d'où elle rédige les pages du blog Generacion Y. Elle a été élue parmi les 100 personnes les plus influentes en 2008 par le magazine "Time".
"Je m'assoirais à une table avec la jeune génération pour réfléchir à une nouvelle politique envers Cuba. Ou même avec la vieille génération, en attendant que les plus jeunes prennent la relève. Une des choses que je ferais, si j'étais Obama - et pour laquelle il n'a besoin de personne - serait d'abroger la loi qui empêche les Nord-Américains de voyager à Cuba. Mettre un terme à l'embargo sera plus laborieux et demandera notamment l'accord du Congrès.
Nous devons également discuter de nouveaux accords sur l'immigration. Actuellement, une personne qui essaie d'immigrer aux Etats-Unis et qui se fait attraper dans l'océan est renvoyée à Cuba. Mais celles qui arrivent à terre sont considérées comme des immigrants et peuvent rester. Il s'agit d'une loi très controversée, qu'on appelle 'loi des pieds secs'. La chance décide à la place de la justice. C'est cela qui doit vraiment changer.
Enfin, je pense qu'Obama peut contribuer à gomer l'antagonisme et la logique de confrontation dont se sert le régime cubain depuis plus de cinquante ans, notamment pour museler l'opposition à l'intérieur. Dans ce pays, que Cuba considère comme l'ennemi numéro 1, un homme noir est arrivé à la tête de l'Etat - une chose qui pourrait arriver à Cuba. Le gouvernement cubain, qui critiquait les Etats-Unis pour ses relations interraciales, risque de perdre en crédibilité auprès de son peuple."
Israël : "Je créerais un front Etats-Unis-Europe contre l’Iran"
Amatzia Baram est professeur d'histoire du Moyen-Orient à l'université de Haïfa, en Israël.
"J'espère qu'Obama va réaliser que les Iraniens le mènent en bateau et essaient de gagner du temps. Et que pendant ce temps là, ils deviennent une puissance nucléaire. Alors, si j'étais lui, je créerais un front Etats-Unis - Europe contre l'Iran. Si nécessaire, je mettrais en place des sanctions économiques plus sévères. Si j'étais à sa place, j'essaierais aussi de faire avancer un accord de paix entre Israël et la Syrie. Mais aussi d'aider à la signature d'un accord concernant Gaza et l'Autorité palestinienne. Je soutiendrais les Européens pour que ce soit l'Autorité palestinienne qui participe à la reconstruction de Gaza, et non le Hamas. Dans le cas de nouvelles élections à Gaza, je m'assurerais que le Hamas soit pas autorisé à participer aux élections."
Chine : "Je donnerais confiance à la Chine, pour qu’elle puisse changer"
Zhang travaille pour une ONG à Chongqing en Chine. Elle souhaite rester anonyme.
Je ne pense pas que les relations entre la Chine et les Etats-Unis vont beaucoup s'améliorer avec Obama. Mais si j'étais à sa place, j'essaierais au moins d'engager une collaboration dans le domaine de l'environnement, notamment pour lutter contre le réchauffement climatique et résoudre la crise énergétique. Sur les droits de l'homme, je pense qu'Obama devrait changer la stratégie américaine habituelle : cesser d'accuser le gouvernement et se montrer plus constructif. Si j'étais lui, je ferais confiance à la Chine pour qu'elle change d'elle-même."
Kenya : "Je ne soutiendrais plus les dictateurs 'doux' d’Afrique"
Daudi Were habite à Nairobi, au Kenya. Il dirige une petite entreprise qui aide les ONG locales et est-africaines à s'implanter.
Je ne soutiendrais plus les dictateurs 'doux' d'Afrique. Ces hommes qui disent organiser des 'élections', comme Hosni Moubarak en Egypte ou Meles [Zenawi, Premier ministre] en Ethiopie, ou encore les 'monarques' du Maroc et de Tunisie.
J'aimerais aussi un peu plus de transparence sur les accords militaires entre les Etats-Unis et le Kenya, afin que l'on sache ce qu'ils font et ce qu'ils paient. Enfin, j'aimerais qu'Obama nous rende visite. Bush et Clinton avaient évité le Kenya lors de leurs voyages en Afrique. Mais Obama va avoir du mal à faire de même [son père est originaire du Kenya]".
Iran : "J’éviterais la guerre"
Ali est étudiant à Téhéran. Il préfère rester anonyme.
Je ne pense pas qu'il y aura de négociations entre Ahmadinejad et Obama à l'avenir. Mais si j'étais à sa place, je chercherais surtout à éviter la guerre, que ce soit entre Israël et l'Iran ou entre les Etats-Unis et l'Iran.
Mais Obama n'est qu'un des acteurs. En face de lui, il y a un gouvernement iranien qui ne souhaite pas, à mon avis, engager le dialogue avec les Etats-Unis. Cela fait partie de leur idéologie, ils sont viscéralement contre ce pays. Malheureusement, je ne pense pas qu'Obama puisse arranger cela, ni qu'il puisse améliorer les libertés dans le pays. Quoi qu'il arrive, il a d'abord beaucoup de défis à relever sur le sol américain. Ce que j'espère vraiment, c'est qu'il fasse tout pour empêcher une autre catastrophe comme celle de Gaza."
Venezuela : "Je dialoguerais avec Chavez"
Juliana Boersner est psychologue et blogueuse au Venezuela.
"Selon ses dernières déclarations, la représentation qu'a Barack Obama de l'Amérique latine est très traditionnelle. Il doit d'abord s'informer sur ce continent et sur tous les pays qui le composent. Certains pays sont toujours privilégiés par les Etats-Unis - par exemple le Mexique, le Brésil ou l'Argentine. Mais aujourd'hui, l'Amérique latine est plus unie qu'auparavant. Il devra prendre note de nos nouvelles alliances - comme le Mercosur, une organisation de libre échange entre différents Etats du continent.
Si j'étais à sa place, je mettrais en place de nouveaux accords économiques, technologiques et relatifs à l'éducation. Je dialoguerais aussi avec Chavez. Il y a plus d'éléments qui les rapprochent aujourd'hui que de choses qui les séparent. Je voudrais moins de tensions et davantage de collaboration : une relation basée sur le respect mutuel."