Des chaussures Adadas dans la hotte du père Noël chinois
Des chaussures de sport Adadas ou IVIKE pour Noël, les fausses marques sont à la mode en Chine. Face à la législation qui se durcit pour lutter contre la contrefaçon, les fabricants de faux créent à présent des fausses marques, des produits à mi-chemin entre imitation et copie.
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Les fausses marques sont à la mode, certains petits Chinois risquent de recevoir des chaussures de sport Adadas ou IVIKE pour Noël. Face à la législation qui se durcit pour lutter contre la contrefaçon, les faussaires créent à présent des fausses marques, des produits à mi-chemin entre imitation et copie.
Premier producteur de produits contrefaits, la Chine entreprend de réformer sa législation pour lutter contre la contrefaçon, qui représenterait 8 % du PIB chinois et permettrait l'emploi de 3 à 5 millions de personnes, selon un rapport de l'Institut de recherche en propriété intellectuelle (IRPI).
Pour faire face à une régulation de plus en plus stricte, les producteurs s'adaptent et tentent d'exploiter les failles du système. L'une d'elle consiste à produire des fausses marques. SQNY à la place de SONY ou un fast-food KFG pour les amateurs de KFC et de son poulet frit. Nos Observateurs font un inventaire des nouvelles marques en vogue en Chine.
"Kentucky Fried Chicken" devient KFG.
A un détail près NIKE devient IVIKE.
La célèbre marque de lessive "TIDE" se transforme en "TIDS".
"Adadas", "Adidos", il y en a pour tous les goûts !
OKAY, une copie conforme de la marque OLAY.
On ne présente plus la marque "SQNY"
Le caractère "vert de jade" est remplacé par un caractère quasiment identique signifiant "tyran".
Selon la traduction chinoise, "Harry Potter et le gros entonnoir".
"Il est difficile de savoir s'il s'agit d'une contrefaçon ou d'une autre marque ressemblante mais légitime"
Huang Zhen est avocate, responsable des activités de propriété intellectuelle en Chine dans le cabinet Gide Loyrette Nouel AARPI, à Shanghaï.
La Chine souhaite rectifier son image car la contrefaçon lui porte préjudice sur le plan international. Le problème c'est qu'il y a énormément de types de contrefaçon en Chine. La lutte contre les fausses marques est moins organisée que la lutte contre la contrefaçon dite classique et il est parfois difficile pour les douaniers et administrations locales de savoir s'il s'agit d'une contrefaçon ou bien tout simplement d'une autre marque, ressemblante mais légitime.
En ce qui concerne les chaussettes IVKE par exemple, c'est une production locale, ne demandant pas beaucoup d'investissement et visant à obtenir des bénéfices momentanés. Le temps que le titulaire de la marque découvre ces activités de contrefaçon, organise des actions "raid" ou initie une procédure judiciaire, ces contrefacteurs ont largement le temps de disparaître. Souvent, ce sont des personnes physiques, sans société enregistrée.
Pendant longtemps les seules victimes de la contrefaçon en Chine étaient les marques étrangères. Hors maintenant on trouve beaucoup de contrefaçons de produits chinois. Du coup, en Chine, on commence à prendre conscience des problèmes que posent la contrefaçon."
"Dans le cas d'une imitation, c'est au propriétaire de la marque de prouver le risque de confusion"
Francois-Xavier Boulin est avocat spécialisé dans la défense des grandes marques internationales au cabinet BCTG et Associés, à Paris.
80% des plaintes que nous traitons sont liées a des contrefaçons provenant d'Asie du Sud-Est et de la Chine. La loi chinoise concernant la protection des marques est encore assez récente, les premiers textes datent des années 80. Et puis il est très difficile d'identifier les vendeurs et les fabricants de contrefaçons. Environ 5% des plaintes que nous traitons aboutissent à l'identification d'un vendeur. Il est ensuite très compliqué et coûteux d'engager une procédure depuis la France surtout en ce qui concerne les fausses marques car la loi française fait la différence entre imitation et copie.Dans le cas d'une imitation, c'est au propriétaire de la marque de prouver le risque de confusion.
Beaucoup de grandes marques internationales ont des bureaux spécialisés dans la lutte anticontrefaçon sur place et emploient des détectives privés. Ils repèrent les usines, les points de ventes puis saisissent la justice chinoise pour les faire fermer. C'est à mon sens le moyen le plus efficace de lutter contre la contrefaçon."