RUSSIE

"Mourez vermine, le patron est en retard"

Le cortège de Poutine à Budapest. Image : sur Flickr. Toutes les capitales du monde sont familières des cortèges de voitures officielles qui bloquent momentanément le trafic. Mais à Moscou, il semble que ces passe-droits soient particulièrement fréquents.

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Toutes les capitales du monde sont familières des cortèges de voitures officielles qui bloquent momentanément le trafic. Mais à Moscou, il semble que ces passe-droits soient particulièrement fréquents.

Ambulances ou camions de pompiers, tous les véhicules sont logés à la même enseigne. Lorsqu'un officiel passe, tout le monde s'arrête. Et l'attente peut durer plusieurs dizaines de minutes.

La règle est certes la même en France : les convois officiels passent le plus souvent avant les autres véhicules d'urgence. Mais les internautes moscovites ont remarqué des dérives. Les convois officiels leur semblent de plus en plus fréquents et ils accusent les fonctionnaires d'abuser de ce privilège. Pour dénoncer ce passe-droit, Voinodel, l'un des blogueurs les plus populaires de la capitale russe, a filmé avec son portable l'un de ces convois qui bloquait son véhicule, ainsi qu'une ambulance...

27 octobre 2008 - vers 19 heures. Au croisement de Minskaya et Kutuzovsky Prospekt, je vois des embouteillages sur l'une des voies, mais personne sur celle allant vers le centre ville.

Une voiture de police bloque l'entrée à Kutuzovsky pour laisser la voie libre à je-ne-sais-quel nabab qui se dirige vers Rublevka [zone résidentielle bourgeoise à l'ouest de Moscou]. Comme d'habitude, tout le monde doit attendre patiemment.

Mais ce n'est pas tout. Une ambulance s'approche. Sa sirène est en marche et tout le monde s'écarte pour la laisser passer. Mais une fois arrivée au bout de la file de voitures, elle est stoppée par la police.

"Mourez vermine, le patron est en retard" : voila le message que nous adressent les autorités.

Message reçu par l'ambulancier. Pour ne pas faire de provocation, il éteint sa sirène et attend les 20 minutes habituelles, comme tout le monde. J'ai coupé la vidéo pour vous épargner ces 20 minutes d'attente.

Désolé pour la qualité des images, je ne suis pas habitué à filmer avec mon téléphone."

Cette scène ne semble pas un cas isolé. D'autres internautes donnent des exemples similaires.

"Piligrim"

Des pompiers m'ont raconté qu'après un appel urgent, ils étaient partis en trombe vers un incendie. Mais à la sortie de la rue Novy Arbat, ils s'étaient retrouvés bloqués par la police qui dégageait la voie pour des "fonctionnaires". Quand ils ont demandé à passer, la réponse du policier a été plutôt claire : "J'ai huit balles dans mon pistolet. Sept pour vous et la dernière pour moi". Ils ont dû attendre que le "puissant" passe. Evidemment, ils ont prévenu leur caserne qui a envoyé un autre camion, mais il est arrivé trop tard..."

"Bogomyako"

Samedi 19 avril 2008. On conduisait sur les berges de la Neva à Saint-Pétersbourg. A mi-chemin entre la rivière Fontanka et le pont Liteyny, j'ai remarqué que notre voie était libre, alors que la circulation sur la voie d'en face était très lente. Une ambulance se faufilait à travers l'embouteillage grâce à sa sirène. Mais juste derrière elle suivait le convoi de "Oncle Valya" (Valentina Matvienko, le gouverneur de Saint-Pétersbourg). Un homme du convoi a hurlé de sa voiture : "Hé docteur, t'es sourd ? Dégage de la route !".