GRANDE-BRETAGNE

Flic ou extrême droite, il faut choisir

Un officier de police britannique a été suspendu par sa hiérarchie après avoir découvert sur un fichier publié sur Internet qu'il était membre d'un parti d'extrême-droite. Lire la suite...

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Posté sur Flickr par drinksmachine

Un officier de police a été suspendu après la publication sur Internet d'un fichier contenant les noms et adresses de plus de 10 000 membres du parti d'extrême droite British National Party (BNP), sur laquelle il figurait. Au Royaume-Uni, les fonctionnaires de police et les surveillants de prison n'ont pas le droit d'adhérer à ce parti conformément aux lois antidiscriminations.

Le BNP a dénoncé la mise en ligne du fichier, œuvre selon lui d'un ex-membre du parti, tout en redoutant une chasse aux sorcières contre ses adhérents alors que les associations anti-BNP se réjouissent de cette décision.

"Il est totalement inacceptable que ses membres soient ostracisés de cette façon"

Georges Moreau est un cadre du Front national (FN) qui entretient des liens étroits avec le BNP.

En France, la question ne se pose pas, vous pouvez travailler dans le service public, y compris la police, tout en étant membre du parti politique de votre choix. Le BNP est un parti politique légal qui a déjà gagné des élections locales. Par conséquent, il est totalement inacceptable que ses membres soient ostracisés de cette façon. Que vous soyez prof ou policier, vous avez le devoir de rester neutre, mais vous avez aussi le droit d'avoir des convictions politiques et de militer pour un parti."

"La publication de cette liste n’est qu’une cynique tentative du BNP de se victimiser"

Chris Kates est secrétaire générale du NASUWT, le plus important syndicat d'enseignants du Royaume-Uni.

Je suis persuadée que la publication de cette liste n'est qu'une cynique tentative du BNP de se victimiser et de se faire de la pub.

Notre syndicat (NASUWT) a toujours estimé, et nous avons été les premiers à attirer l'attention du gouvernement sur cette question,  que les membres du BNP ne devraient pas être autorisés à travailler dans l'enseignement, voire dans le service public."

"Les membres du BNP sont discriminés"

Roy Goodwin est un responsable regional du BNP. Il est basé à Blackpool, dans le nord-ouest de l'Angleterre.  

Je ressens de la sympathie envers ce policier. Les fonctionnaires de police sont censés se comporter en professionnels en mettant leurs convictions politiques de côté quand ils sont en fonction. Il n’y a donc aucune raison de l’empêcher de continuer à travailler tout en conservant son adhésion au parti.

Si les militants du Parti conservateur et du Parti travailliste peuvent le faire alors pourquoi pas lui. Les membres du BNP sont discriminés, alors que notre parti est ancré dans la paysage politique britannique et que nous avons des élus locaux.

Tant que je sache, cette liste est toujours en ligne et n'importe quel imbécile peut la consulter. Je sais que plusieurs membres du BNP, en majorité de vieux adhérents, ont déjà reçu des appels téléphoniques injurieux et racistes."

"Cela fait des années que des problèmes de racisme sont liés à la police"

Sonia Gable est membre de l'association "Stop the BNP".

La suspension de ce policier est une bonne chose parce qu’il enfreignait la loi. Le BNP est considéré à juste titre comme étant incompatible avec l’exercice de la fonction de policier et de gardien de prison. Même si les autres corps de métiers du service public, comme l’enseignement, sont accessibles aux membres de ce parti, un comportement raciste peut conduire à leur licenciement.

Cela fait des années que des problèmes de racisme sont liés à la police, qui a dû batailler pour se défaire du racisme institutionnel. La loi empêche le BNP et l’extrême-droite d’infiltrer la police, qui reste quand même un service public sensible. La publication de ce fichier ne doit pas entraîner la traque des adhérents de ce parti, tant qu’ils laissent leur racisme chez eux."