THAÏLANDE

Le retour du buffle d'eau

La crise économique et la hausse du prix du pétrole ont des conséquences inattendues à l'autre bout du monde. Dans les champs de Thaïlande, on ressort les buffles d'eau. Lire la suite...

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A Suphanburi, en Thaïlande. Posté sur Flickr par "poulet".

La crise économique et la hausse du prix du pétrole ont des conséquences inattendues à l'autre bout du monde. Dans les champs de Thaïlande, on ressort les buffles d'eau.

Nye Noona, alias "Ginger", blogue sur Neynoona et Laovoices. D'origine laotienne, elle vivait, enfant, dans une exploitation agricole en Thaïlande. Il a aujourd'hui émigré aux Etats-Unis.

J'ai pas mal réfléchi à la hausse des prix de l'essence dernièrement et aux fermiers qui comptent sur leurs "buffles d'acier" [machines agricoles] pour creuser les sillons des rizières. Et je me suis demandé si c'était toujours rentable. Il est peut-être temps de retrouver un ami de longue date, le buffle d'eau.

Quand nous sommes arrivés en Thaïlande avec ma famille, nous voulions devenir des fermiers, mais nous ne connaissions rien à ce travail. Et puis avec notre teint clair, on avait l'air de Chinois. Les Thaïlandais nous appelaient "Jek", un dérivé de "Chink" qui, en argot lao-thaï, veut dire "Chinois".

Nous avons acheté des buffles d'eau, mais ils ne savaient pas travailler dans les rizières. Cela nous a pris un temps fou de leur apprendre. Et finalement, on a appris tous ensemble à labourer.

La plupart des buffles d'eau ne savent pas travailler dans une rizière. Mais avec l'augmentation du prix de l'essence, de nombreux fermiers en Thaïlande et au Laos pourraient quand même se décider à utiliser de nouveau cet animal [...]

En Thaïlande, durant ces dernières décennies, les fermiers s'étaient détournés des animaux, leur préférant les tracteurs, jugés plus efficaces et plus rapides. Mais la montée du prix du pétrole et le coût d'entretien des machines, les poussent aujourd'hui à faire un pas en arrière.

Revenir en arrière n'est pas très bien perçu, pourtant il y a plein d'avantages à retrouver les buffles d'eau. Ils demandent peu d'entretien, à l'inverse des "buffles d'acier". Ils se nourrissent d'herbe, de pousses de riz et de tout ce qui est vert. Ils peuvent tirer des charrettes, porter de lourdes charges et c'est un super moyen de transport pour les fermiers.

Autant d'avantages qui font oublier l'impact des pets de vaches sur le réchauffement climatique. Et ce qui est formidable, c'est que les buffles d'eau améliorent la qualité du sol. Chaque année, un buffle produit entre 4 et 6 tonnes de fumier. A quoi s'ajoutent les urines qui constituent également un engrais écologique. Ce qui permet de diminuer, voire d'éliminer, le recours à des engrais chimiques. Enfin, un buffle d'eau coûte entre 12 000 et 17 000 baht (400 et 550 euros), c'est moins cher qu'une machine.

Le principal problème, c'est que les fermiers et les buffles manquent d'expérience. Et c'est vrai que les buffles sont plus difficiles à contrôler que les tracteurs !"

En Thaïlande. Posté sur Flickr par "preluded".

Un "buffle d'acier" en Thaïlande. Posté sur Flickr par "preluded".