VENEZUELA

Le mercenaire qui veut la peau d’Hugo Chavez

Mattias Nilson est blond, mercenaire et pas très regardant sur ses modes d'actions... tant que ça explose. Et il semblerait qu'il en veuille particulièrement au chef de l'Etat vénézuélien. Un pitch simpliste pour un jeu vidéo qui ne plaît pas du tout à Caracas.

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Mattias Nilson est blond, mercenaire et pas très regardant sur ses modes d'actions... tant que ça explose. Et il semblerait qu'il en veuille particulièrement au chef de l'Etat vénézuélien. Un pitch simpliste pour un jeu vidéo qui ne plaît pas du tout à Caracas.

Le héros du jeu a contribué à l'installation de Ramon Solano sur le fauteuil présidentielle. Mais, lésé par son ancien commanditaire, il décide de se venger sur la nouvelle armée du dictateur afin d'obtenir réparations. Et pour ce faire, il s'allie à une compagnie pétrolière américaine.

La société "Pandemic Studios", à l'origine de ce second volet du jeu "Mercenaries 2, l'enfer des favelas" - le premier volet se passe en Corée du Nord -, déclare que toutes ressemblances avec des personnes et des situations réelles seraient fortuites. Pourtant, au vu des détails donnés par l'éditeur du jeu, difficile de ne pas faire le rapprochement avec le Venezuela d'Hugo Chavez, un pays producteur de pétrole en conflit permanent avec les Etats-Unis. D'entrée, le jeu décrit Ramon Solano, l'homme à abattre, comme "un tyran assoiffé de pouvoir qui fait obstacle à l'approvisionnement en pétrole, entraînant ainsi une invasion qui transforme le Venezuela en zone de guerre".Le dictateur rêve, au passage, de faire de son pays une superpuissance sur le continent et nationalise à tour de bras les entreprises énergétiques étrangères.

Sur les premières images du jeu, qui montrent une version chaotique de Caracas, des internautes affirment avoir remarqué, sur un des immeubles, la présence du sigle de PDVSA, la compagnie pétrolière appartenant à l'État vénézuélien. L'image aurait été retirée depuis.

Ismael Garcia, un parlementaire proche d'Hugo Chavez, a déclaré que le jeu visait à préparer les esprits à une conquête du Venezuela par les Américains. Depuis le coup d'Etat raté contre lui, en 2002, le président vénézuelien a fait de ce scénario l'un de ses thèmes de prédilection.

"Une publicité gratuite savamment orchestrée"

Duran Ciro est développeur de jeux vidéos à Caracas.

Quand j'ai vu les articles de presse sur la polémique déclenchée par ce jeu vidéo, je n'ai pas pu m'empêcher de penser que c'était de la publicité gratuite savammentorchestrée par l'équipe marketing du jeu.

[...] Je pense qu'il faut voir ce jeu comme le produit de gens qui ont trop regardé "Rambo".

[...] En lisant les résumés sur le site de l'éditeur de ce jeu, je me dis qu'ils ont repris certains aspects de la situation au Venezuela en ajoutant une touche satyrique voire fantastique. L'important, pour eux, n'était pas d'être bien informés sur la situation du pays, mais de vendre."

Trailer de "Mercenaries 2 : l'enfer des favelas"

Postée sur YouTube par Mercenaries2WiF

" Pourquoi ne pas faire un procès posthume à Hergé pour les ressemblances entre le général Alcazar et Fidel Castro ?"

Derecka posté ce commentaire sur le forum "jeux vidéos" de Fluctuatnet.

Rappelons que Chavez a développé une grande paranoïa à la suite du coup d'Etat de 2002 contre son gouvernement. Une tradition, sachant que Chavez avait déjà tenté lui-même deux putschs contre Carlos Andrés Pérez, président corrompu de l'époque. Elu légalement en 1998, Chavez a multiplié les efforts dans le domaine social : soins gratuits, banques alimentaires et microcrédits. Pourtant, il a réussi à s'attirer les foudres du peuple et du conglomérat pétrolier. En particulier à cause des organismes-écrans qu'il utilise pour garder la mainmise sur les médias et sur l'économie. Mais aussi parce que 80 % de la population vit toujours en dessous du seuil de pauvreté en dépit de l'augmentation des taxes sur les exportations pétrolières vers les Etats-Unis.

Tout est déjà bien explosif dans la réalité. Et le scénario de "Mercenaries 2" semble n'être qu'une extrapolation très probable d'un risque de guerre civile. Il est peu vraisembable toutefois que le jeu soit un outil de propagande, si l'on se souvient bien du cynisme et de l'humour second degré dans lequel le premier épisode baignait. Tiens, pourquoi ne pas faire un procès posthume à Hergé pour les ressemblances entre le général Alcazar et Fidel Castro ?"