Traque aux cyber-dissidents sur Facebook
Adhérer à groupe Facebook peut se révéler dangereux en Egypte. Vingt-six personnes ont été arrêtées par les autorités mercredi dernier alors qu'elles s'apprêtaient à manifester pacifiquement sur une plage d'Alexandrie. Ces internautes activistes s'étaient donné rendez-vous via un groupe Facebook.
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Adhérer à un groupe Facebook peut se révéler dangereux en Egypte. Vingt-six personnes ont été arrêtées par les autorités mercredi dernier alors qu'elles s'apprêtaient à manifester pacifiquement sur une plage d'Alexandrie. Ces internautes activistes s'étaient donné rendez-vous via un groupe Facebook.
Le rassemblement s'est déroulé à Sidi Bishr, la plage la plus touristique d'Alexandrie. Ces jeunes internautes se connaissaient via le groupe Facebook dit du "6 avril". Ce groupe avait déjà largement contribué à la mobilisation qui a précédé les émeutes du 6 et du 7 avril, au cours desquelles des centaines de personnes avaient dénoncé la détérioration des conditions de vie en Egypte. Ce mouvement de protestation, sévèrement réprimé par les autorités, avait fait trois morts parmi les émeutiers, et près de 55 personnes avaient été arrêtées.
Le rassemblement de mercredi dernier avait pour but de demander la libération des personnes incarcérées. Mais la police y a surtout vu une violation de l'Etat d'urgence, en vigueur depuis vingt-sept ans, qui interdit les rassemblements de plus de cinq personnes sur la voie publique.
Les militants sur la plage quelques minutes avant les arrestations
Postée sur Youtube par wolfinside1985
"Avec les nouveaux médias, le gouvernement est devenu complètement paranoïaque"
Wael Abbas a 32 ans. Il est blogger au Caire et milite pour les droits de l'homme en Egypte.
Les activistes se sont déplacés en bus du Caire à Alexandrie. Certains d'entre eux appartenaient au mouvement pro-démocratique "Youth for Change", mouvement rattaché au parti réformateur Kefaya.
Mais la plupart s'étaient rencontrés sur Internet. Ils portaient des T-shirts sur lesquels étaient inscrit "Jeunesse du 6 Avril", en référence au groupe Facebook par lequel ils s'étaient contactés, qui lui-même se réfère aux émeutes du printemps . Le fait qu'ils aient choisi ce jour symbolique du 23 juillet, fête nationale en Egypte, à été perçu comme de la provocation. Ils ont voulu se réapproprier les symboles nationaux comme le drapeau, qu'ils ont déployé sur la plage, ou les chants nationaux. Ceci a été mal pris par les autorités, qui ne tolèrent pas que ces chansons soient reprises par l'opposition. Avec les nouveaux médias, le gouvernement est devenu complètement paranoïaque. Les détenus devaient d'abord être enfermés pendant deux semaines. Mais les avocats ont exercé une telle pression qu'hier les autorités ont ordonnés la libération des 14 personnes encore détenues. La totalité d'entre elles devaient être relâchée ce matin. "
"Les Frères musulmans sont en train d'intégrer la communauté Facebook à leur tour"
Ibn ad Dunya est blogger depuis 2005 et vit à Alexandrie. Il souhaite garder l'anonymat car les sites politiques sont de plus en plus surveillés en Egypte.
Ces jeunes sont très courageux, ils représentent l'espoir de l'Egypte. La plupart d'entre eux ont intégré le mouvement dans les jours qui ont précédé le "6 avril". A ce moment, le groupe Facebook avait permis de lancer un appel à la solidarité pour soutenir les ouvriers de Mahalla contre la montée des prix des produits alimentaires. Le groupe avait réussi à mobiliser 63 000 personnes en deux semaines.
Facebook est extrêmement populaire en Egypte en tant que réseau social. Comme blog, il tend à devenir un outil politique. A tel point que les Frères musulmans sont en train d'intégrer la communauté à leur tour. Devenir militant sur Internet, c'est facile. En Egypte, c'était important de passer par ce cyber-militantisme. C'est une étape vers l'activisme dans un pays où les gens ne sont pas très actifs politiquement.
Après le 6 avril, l'organisateur du groupe Facebook, qui avait appelé à une seconde mobilisation, a été violemment arrêté par la police. Ils l'ont sorti de sa voiture et embarqué dans un mini-van banalisé vers le poste de police du Caire. Dans les infâmes quartiers généraux de la sécurité d'Etat de Lazoughly, il a été frappé puis menacé de viol s'il ne donnait pa le mot de passe de son compte. Il a finalement été relâché après avoir donné un faux mot de passe. Les autorités lui ont clairement dit qu'il s'en sortirait moins bien la procahine fois.
Ces jeunes sont passés de l'activisme en ligne à un véritable engagement concret en quelques semaines. "
Le rassemblement sur la corniche de la plage de Sidi Bishr.
Photos postées sur ce blog
Un groupe anti "Frères musulmans" sur Facebook.