ITALIE

Deux jeunes Tziganes mortes dans l’indifférence générale

ACTUALISATION (23.07 - 15h51) : nous avons contacté le journaliste napolitain qui a pris ces photos. Il estime que cette affaire a été montée en épingle. Deux jeunes filles d’origine Rom se sont noyées samedi sur une plage de Naples. Les photos de leurs corps inertes, étendus à quelques mètres de plagistes complètement indifférents, relance la polémique sur le sort des Gitans installés en Italie.

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ACTUALISATION (23.07 - 15h51) : nous avons contacté le journaliste napolitain qui a pris ces photos. Il estime que cette affaire a été montée en épingle (merci au commentaire qui nous a incité à compléter ce billet). Lire son témoignage plus bas.

Deux jeunes filles d’origine Rom se sont noyées samedi sur une plage de Naples. Les photos de leurs corps inertes, étendus à quelques mètres de plagistes complètement indifférents, relance la polémique sur le sort des Gitans installés en Italie.

Ce samedi, à la mi-journée, les deux cousines, Violetta et Cristina, vendent des babioles sur la plage de Torregaveta à Naples. Vers 14 heures, elles décident de prendre un bain. Mais, aucune des deux ne sachant nager, elles se font emporter par un fort courant. Les secours arrivent trop tard, mais ils parviennent à secourir l’une de leurs sœurs, Diane, et leur cousine Manuela.

Comme on le voit sur ces photos, les corps des jeunes filles sont d’abord simplement recouverts d’une couverture, qui laisse apparaître leurs pieds, et abandonnés au soleil sous le regard d’estivants parfaitement impassibles. La police ne viendra récupérer les corps, pour les emmener dans des cercueils, que plusieurs heures plus tard. Cet incident intervient alors que Silvio Berlusconi fait passer au vote un projet de loi visant à ficher tous les Roms présents sur le territoire italien.

(merci à notre Observateur Aberto Celani pour ses informations et ses contacts sur ce billet)

"Il n’y a pas lieu d’en faire une telle polémique"

Alessandro est le photographe napolitain qui a pris ces photos.

C'est mon journal qui m'a appelé pour m'envoyer sur la plage où les deux filles se sont noyées. Je suis arrivé sur place une heure avant que les secours ne les évacuent. J'ai pris ces clichés avec un grand angle, à huit ou dix mètres des corps.

Pour cette photo, je me suis inspiré de clichés du Tsunamis que j'avais vu. Ceux où l'on voyait des touristes se baigner à quelques mètres des cadavres.

Mais il n'y a pas lieu d'en faire une telle polémique. Il y avait deux groupes sur la plage. Ceux qui s'en fichaient et ceux, souvent des parents, qui ont appelé les secours et qui sont restés tout le temps près des noyées. J'ai pris la photo lors d'un des rares moments où les gens se sont éloignés. Surtout, je ne crois pas que cet incident soit lié à l'origine des deux filles. Les napolitains ont essayé de les aider, comme s'il s'était agit d'Italiennes."

"Il est plus facile de faire semblant de n’avoir rien vu que de témoigner"

Ciro Barbato est étudiant à Naples.

Je ne suis jamais allé sur cette plage, mais je sais que la population dans ce coin n’est pas riche. Les deux filles venaient de Secondigliano, un village très pauvre situé dans une zone où la Camorra est très puissante. Les gens de Naples sont habituellement très attentifs aux autres. Cette histoire m’a donc beaucoup surpris. C’est une alerte, les choses changent. Il existe un sentiment anti-gitan dans tous les coins pauvres. Les gens ont peur qu’ils leur prennent le peu qu’ils ont. Et puis, chez moi, on se méfie de tout le monde, en particulier des Roms. Il y a beaucoup de voleurs dans cette communauté. Enfin, il est toujours plus facile de faire semblant de n’avoir rien vu que de témoigner. Difficile de savoir si les deux jeunes filles auraient pu être sauvées si elles avaient été italiennes."

Les photos qui font scandale

 

Photos : Alessandro / Fotogramma