Une cité marine pour les futurs réfugiés climatiques
A l'unisson, les climatologues prévoient une augmentation continue du niveau des océans au long du XXIe siècle. Entre autres, le Vietnâm, le Bengladesh et les îles du Pacifique verront des pans entiers de leurs côtes submergés par les flots. Un architecte belge propose une solution : des « villes amphibies » pour abriter les futurs réfugiés climatiques.
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A l'unisson, les climatologues prévoient une augmentation continue du niveau des océans tout au long du XXIe siècle. Entre autres, le Vietnâm, le Bengladesh et les îles du Pacifique verront des pans entiers de leurs côtes submergés par les flots. Un architecte belge propose une solution : des « villes amphibies » pour abriter les futurs réfugiés climatiques.
Le GIEC (Groupe intergouvernemental sur l'évolution du climat) prévoit une augmentation de 20 à 90 centimètres du niveau des océans au cours du siècle. A l'échelle de la planète, chaque mètre supplémentaire engendrerait un exode forcé de 50 millions de personnes. Le projet Lilypad, du Franco-belge Vincent Callebaut, imagine des habitations durables, écologiques et surtout insubmersibles.
Le jeune architecte est réputé pour ses projets futuristes. Ces cités marines, inspirées des nénuphars, proposent une solution à long terme, un habitat non polluant qui fonctionne entièrement grâce à des énergies renouvelables de la mer (ERM).
Ce projet biomimétique, c'est-à-dire qui s'inspire d'écosystèmes tout en y intégrant l'organisation et les technologies humaines, est emblématique d'une nouvelle génération d'architectes désireux d'associer les impératifs écologiques à la recherche d'une esthétique innovante.
Quelques planches du projet "Lilypad city"
Photos du site de Vincent Callebaut
"Les ravages pourraient être considérables"
Hervé le Treut est climatologue, membre de l'Académie de sciences dans la section sciences de l'univers.
La montée du niveau de la mer est clairement un des grands défis du siècle.
Il y a deux options. Soit on préserve l'organisation actuelle de nos sociétés. Soit on prévoit l'importante fonte des glaciers qui implique une véritable réadaptation aux changements de l'environnement.
Les deltas comme celui du Gange ou du Mékong sont très peuplés et seront les premiers touchés. Les ravages pourraient être considérables ; non seulement à cause de la submersion, mais aussi en raison des tempêtes et de la salinisation des terres et de l'eau douce.
Je ne sais pas si une telle rupture architecturale sera nécessaire. Mais, s'il fallait en arriver là, il y a beaucoup de paramètres à prendre en compte : le changement des vents, les variations de l'ensoleillement et l'accès aux ressources d'eau douce.
C'est très complexe à imaginer aujourd'hui, mais cela fait déjà beaucoup de bien d'y rêver. Le projet a l'avantage de poser des questions qui seront bientôt inévitables. Il nous force à penser autrement.
Si on s'imagine 150 ans en arrière, nos villes actuelles relève d'une science-fiction ahurissante. Nous aurions tout aussi bien pu prendre un autre tournant et avoir aujourd'hui des paysages très différents, comme ce Lilypad."
"L'île est nomade puisqu'elle suit les courants marins"
Vincent Callebaut est l'architecte à l'origine du projet de l'Ecopolis Lilypad :
Il est primordial, à cause de la crise environnementale et du prochain exode climatique, de passer dès aujourd'hui d'une stratégie de réaction dans l'urgence à une stratégie d'adaptation et d'anticipation durable. Je m'étonne que les gouvernements ne s'attèlent pas davantage à gérer la montée des eaux, alors que des îles entières vont disparaître. Et il est encore plus étonnant de voir que, malgré les risques, les gens continuent à se ruer sur des littoraux voués à l'inondation. Nous devons penser aujourd'hui à des solutions ultra-marines.
Ce projet envisage une ville amphibie, mi-aquatique, mi-terrestre. Un Lilypad peut abriter jusqu'à 50 000 habitants. L'île est nomade puisqu'elle suit les courants marins.
Le couple homme-nature est au cœur du projet et l'organisation de la cité invite à la biodiversité. La faune et la flore peuvent se développer autour d'un lagon central d'eau douce alimenté par les eaux de pluies. On accède à la ville par trois marinas. Les trois montagnes sont dédiées respectivement au travail, aux commerces et aux loisirs.
L'intérêt de ce projet, c'est qu'il vise à créer une ville autosuffisante et qui puisse remplir les quatre principaux défis lancés par l'OCDE : le climat, la biodiversité, l'eau et la santé. L'utilisation exclusive d'énergies renouvelables permet d'atteindre un bilan énergétique positif, sans émission de carbone. L'objectif est de vivre en symbiose parfaite avec les cycles de la nature et de faire converger l'urbain et l'humain."