ZIMBABWE

Le coup de gueule d’un fermier blanc

Un fermier zimbabwéen a été tabassé dimanche soir par des hommes de main de Mugabe après avoir été interviewé par des médias étrangers. L'un de ses amis - lui est toujours hospitalisé - pousse un coup de gueule sur les Observateurs. Lire la suite...

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Ben Freeth après l'attaque. Photo publiée par le syndicat Justice for Agriculture (JAG).

Un fermier zimbabwéen a été tabassé dimanche soir par des hommes de main de Mugabe, après avoir été interviewé par des médias étrangers. L'un de ses amis - lui est toujours hospitalisé - pousse un coup de gueule sur les Observateurs.

Ben Freeth et ses beaux-parents ont été kidnappés dans leur ferme, au sud-ouest de Harare, par une vingtaine de miliciens du Zanu-PF, le parti de Mugabe. D'après leurs témoignages, ils ont été conduits dans un "camp politique" où ils ont été battus et intimidés. Ben Freeth est toujours hospitalisé et a subi une intervention chirurgicale au crâne. Les attaques contre les fermiers blancs sont courantes au Zimbabwe depuis la campagne d'expropriation lancée par Robert Mugabe en 2000. Mais elles se sont multipliées depuis le deuxième tour de l'élection présidentielle.

"Nous sommes au bord du génocide"

John Worsley-Worswick est un fermier blanc dont les terres ont été saisies par le gouvernement. Il dirige le syndicat Justice for Agriculture, qui vise à "promouvoir l'égalité et la paix entre les fermiers". Cette organisation a répertorié 627 incidents violents depuis le début du programme d'expropriation, dont six meurtres.

Mon grand-père est arrivé au Zimbabwe en 1908. Il a acheté 32 000 acres (1 acre = 4 000 m2) de terrain. A l'époque, c'était une zone déserte ; le Zimbabwe ne comptait qu'un demi-million d'habitants. Ces terres ne sont plus dans ma famille, bien sûr. J'ai acheté mes propres terrains au gouvernement en 1987. J'ai toujours été fermier. J'avais 700 hectares de terrain et je faisais vivre 80 familles. Nous cultivions le maïs, le tabac et nous avions du bétail.

En 2000, ils ont fermé ma propriété et en 2002, ils m'ont mis dehors. Mes employés devaient être remplacés par 35 nouvelles familles. Finalement, il n'y en a eu que douze qui se sont déclarées intéressées et seulement six qui sont vraiment venues habiter sur mes terres. Donc, bien sûr, ma ferme n'est plus exploitée. Elle est à l'abandon.

Je veux récupérer ma terre. J'en suis le propriétaire et j'ai tous les documents qui l'attestent. Et je veux également que le gouvernement me rembourse pour ces huit années d'inactivité. Comme la plupart des anciens fermiers, j'habite maintenant à Harare. Je vends des équipements agricoles.

Nous sommes au bord du génocide depuis des mois. Comment le monde peut-il détourner le regard ? Je ne parle pas d'une intervention militaire, mais juste d'une aide. Je vis aujourd'hui dans un pays désertique. Mais je ne peux pas quitter le Zimbabwe, c'est chez moi. Je n'ai nulle part où aller."