Votez pour Mugabe, ou restez chez vous
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Un bureau de vote vide à Bulawayo vendredi matin. Photo : le 27 juin 2008. Bien que le leader de l'opposition se soit retiré du scrutin, de peur de représailles contre ses militants, le président sortant Robert Mugabe a maintenu l'élection présidentielle de vendredi. Certains de nos Observateurs se sont rendus aux urnes pour voter Mugabe, par peur des représailles, d'autres ont pris le risque de bouder le scrutin. Ils témoignent ici de manière anonyme.
Un bureau de vote vide à Bulawayo vendredi matin. Photo : Sokwanele le 27 juin 2008.
Bien que le leader de l'opposition se soit retiré du scrutin, de peur de représailles contre ses militants, le président sortant Robert Mugabe a maintenu l'élection présidentielle de vendredi. Certains de nos Observateurs se sont rendus aux urnes pour voter Mugabe, par peur des représailles, d'autres ont pris le risque de bouder le scrutin. Ils témoignent ici de manière anonyme.
"Le gouvernement affirme que c'est le MDC qui est responsable des violences"
Cette vidéo est une parodie d'un show télévisé diffusé au Zimbabwe. Elle a été postée sur YouTube le 20 juin 2008 par "TeaChicken".
Extraits :
Les titres aujourd'hui :
Le gouvernement affirme que c'est le MDC qui est responsable des violences.
Les victimes, leurs familles, l'église, les observateurs de l'élection, les organisations de défense des droits de l'homme, les médecins, les infirmières, tout le monde se trompe. Et nous savons où vous habitez !
Des militants du MDC affirment avoir été tabassés.
Des militants du MDC prétendent que des policiers tuent des gens.
Des gens prétendent qu'ils ont été tués ou mutilés.
Mugabe est toujours le meilleur sur le plan de la solidarité africaine. Il est l'ami des dictateurs, des violeurs... et de Thabo Mbeki."
"Si tu ne vote pas, tu te fais torturer, tabasser ou tuer"
Ce message nous a été envoyé par e.mail par "Babington", qui dit vivre au Zimbawe.
Les gens sont forcés d'aller voter. Si tu ne le fais pas, tu te fais torturer, tabasser ou tuer. Dites-moi s'il y a pire ? Beaucoup disent qu'ils préféreraient mourir que d'être contrôlés ainsi. Comme personne ne réagit, je me demande ce que vont faire les grandes puissances quand elles verront les cadavres s'amonceler ? Mais il sera trop tard. La situation a tellement empiré ces dernières années que les gens sont à bout. Nous sommes au bord de la rupture et nous demandons de l'aide."
"De toute façon, Mugabe restera au pouvoir"
Munyarazi est un supporter de Morgan Tsvangirai.
Je n'ai pas voté. Ces élections sont une perte de temps. J'aurais voté pour Morgan Tsvangirai si j'avais pu. C'est ce que j'avais fait au premier tour, mais c'était différent. Je pensais que les choses pouvaient changer. Je n'ai même pas peur de ne pas voter. Car tous mes collègues sont dans la même situation que moi. Personne n'a voté. Je ne dis pas que je me sens en sécurité, mais il faut bien continuer à vivre. De toute façon, quoi que l'on fasse, Mugabe restera au pouvoir. Aller voter ne fait aucune différence."
"Ils savent exactement qui vote et pour qui nous votons"
Sara est une opposante à Mugabe.
Je suis allée voter ce matin. Je comptais cocher le nom de Tsvangirai et trouver une façon de glisser mon bulletin dans l'urne sans me faire repérer. Mais c'est trop difficile. Ils m'ont demandé mon nom dès que je suis rentré dans le bureau de vote. Et ils ont noté le numéro du bulletin qu'ils me donnaient. Ils savent donc exactement qui vote et pour qui nous votons. Contrairement à d'habitude, où les élections de déroulent dans de grandes salles, des halls d'écoles par exemple, nous avons voté cette fois dans de petites pièces. Là où j'ai voté, il y avait huit officiels dans une pièce de 4m2 ! Lorsque je suis arrivée, j'ai tout de suite compris que je devais voter pour Mugabe. C'est de l'intimidation pure et simple.
Il n'y avait presque personne au bureau de vote. Le taux de participation sera faible. Mais comme il y a des gens qui se sont tout de même rendus au urnes, comme moi, Mugabe pourra dire : "Les gens ont voté pour moi et pour personne d'autre ; ils veulent que je revienne, et je reviens." Pour les gens qui n'ont pas voté, le contre-coup se produira dans quelques jours, comme cela s'est passé au premier tour. Je n'ai jamais vu autant de violence, même pas en 2000 et 2002 [lorsque Mugabe a mis en place sa politique de réforme agraire]."